
Ce n'est pas encore la rentrée scolaire, que nous sommes déjà plongés dans la cour de récré. Le maire de Vierzon, Nicolas Sansu et la députée de Vierzon, Nadia Essayan, viennent de montrer, en l'espace d'une déclaration chacune, que le fait de s'attribuer une bonne nouvelle vaut plus que la bonne nouvelle en elle-même. La rallonge d'un million d'euros versée par l'agence régionale de la santé (ARS) à l'hôpital de Vierzon en faillite, montre le côté le plus détestable de la politique et surtout, ce qui nous attend désormais : un combat de partis politiques et d'egos.
Car vous aurez remarqué, dès la première ligne du communiqué du maire et de celui de la députée, nous entrons dans le "moi je". Dès les premiers mots, le citoyen doit savoir que le million d'euros attribué l'est grâce à l'action de l'un et de l'autre. L'intelligence aurait du prévaloir sur le faire-valoir. Que le maire et la députée se félicitent de cette aumône qui ne solutionnera pas le problème financier de l'hôpital, c'est un fait. Mais qu'ils nous signifient, d'entrée, que c'est grâce à l'un ET/OU à l'autre, est indécent.

Ne sont-ils pas des élus, élus pour cela, rémunérés comme tel, pour justement faire aboutir des solutions au bout des problèmes, et des réalisations au bout des projets ? N'est-ce pas leur job, plein et entier, d'agir pour la cause commune ? Mais non. Il faut impérativement se mettre en avant, montrer que l'essentiel, c'est la signature et non le contenu. Et c'est ce qui nous attend pendant les années qui viennent : un jeu de confrontation plus que de complémentarité. Un tiraillement incessant de la couverture. Le fait que le maire bataille pour sauver l'hôpital est une évidence qui se passe d'explication de texte. Le fait que la députée de la circonscription de Vierzon bataille pour sauver l'hôpital est une autre évidence qui se passe aussi d'explication de texte.
Mais, justement, dans le contexte actuel, c'est à celui qui fera le plus pour Vierzon, en sachant se passer de l'autre et en le faisant savoir le plus rapidement possible. Le communiqué du maire exclut la députée de cette action en même temps que le communiqué de la députée exclut le maire de cette action. Cela montre bien que nous sommes face à une bataille politique rangée dans laquelle chacun fourbit ses armes, au détriment de l'essentiel. Peu importe les moyens pour y parvenir, et qui les obtiendra, il faudra bien que cet hôpital finisse par rouler tout seul. Et nous savons, les élus en premier, que cela ne se fera pas dans la joie et la bonne humeur. Quant aux cours respectives de l'un et de l'autre, elles alimentent les crispations.
En attendant que les élus du territoire arrêtent cette course à l'échalote, les citoyens assistent, chacun de leur côté, à ce spectacle désolant du "moi je", "c'est pas lui qui mais c'est moi". La rentrée des classes n'est pas officielle et nous sommes déjà dans une cour de récré...