C'est dit, Vierzonitude est fâchée avec l'art contemporain. Nos détracteurs mettront cela sur le compte de la sénilité, ou du fait que Vierzonitude est de droite, la gauche aime bien dire que Vierzonitude est de droite... Petite chronique régulière sur la future biennale d'art contemporaine à Vierzon.
Une artiste, invitée de la Biennale du Fonds régional d’art contemporain (Frac), en septembre, à Vierzon, a réalisé un parcours sonore, reflet de la ville de Vierzon. Pourquoi pas. Dans un de ces parcours, baptisé la Batteuse, l'artiste évoque "la stigmatisation de Vierzon, ses cicatrices, ligne de Démarcation ou lignes de chemin de fer".
La stigmatisation de Vierzon ou comment entretenir le fait que si cette ville est mal aimée (et pas seulement que par une partie de ses habitants), c'est la faute des autres. Jamais, ne s'est posée la question, dans cette ville, de ce que l'on a fait pour sa réputation. Vierzon stigmatisée ? De l'extérieur, la ville pâtit d'une mauvaise image, mais la faute à qui ?
A Vierzonitude, diront les militants aveugles et sourds. Mais plus sérieusement, la faute à ceux qui l'ont administrée depuis des décennies. Puissance industrielle, puissance ferroviaire, puissance géographique, puissance ferroviaire, puissance patrimoniale.... Cette ville est devenue surtout une puissance politique, au détriment du bien-être de ses habitants.
La politique politicienne a tout faussé, il fallait faire de Vierzon, une place forte, un modèle, au point de sombrer dans des erreurs monumentales pour flatter les egos. La preuve : quand les quatre Vierzon se sont réunis, il fallait une puissance communiste, à la tête, sinon pas de fusion. Et depuis cette date, les politiciens n'ont pensé qu'à durer. Ce qui faisait Vierzon a été jeté aux égouts.
Le train, rien. Les autoroutes, rien. Le patrimoine industriel et agricole, rien. Le patrimoine naturel, rien. La ligne de démarcation, rien. Tout ce qui a fait la réputation de Vierzon a été épuisé, vidé, asséché et effectivement, est venu le temps de la stigmatisation. Vierzon, paumée au milieu de la France, une ville qui rétrécit, gérée à l'ancienne par des conservateurs de gauche qui caressent la capitalisme à l'heure où d'autres lui bottent le cul. On croit rêver.
On sait que la Biennale d'arts contemporains est au service d'une image, on va nous resservir toute la paranoïa politique pour prouver que Vierzon est exemplaire et qu'elle ne mérite pas le bûcher sur lequel certains la font griller. Et pourtant ! Il n'y a qu'à regarder de près la somme d'erreurs : le canal bouché qui a donné le Forum république, la place jacques Brel en micro-ondes, l'abandon de rues entières, la subventionnite aigüe pour laquelle les élus acceptent des projets dont le rapport est lointain avec Vierzon, le refus du patrimoine, de Brel, on en passe.
Ici, on cultive les paillettes et les moulures au plafond, les écoles privées et le show-biz. Les pies aiment ce qui brille. Et que reste-t-il de profondément vierzonnais ? Les défauts. Et des artistes vont venir nous expliquer ce qu'est cette ville en ayant seulement humé la croûte ? C'est typique : tout devient superficiel, tout doit se voir, tout doit être clinquant. Qui va parler du patrimoine qu'on brade, de salariés qu'on envoie à l'abattoir dans de vastes entrepôts déshumanisés, de productions industrielles à l'abandon, d'une cathédrale de fer et de verre en ruines ? Qui va parler de tout ça ? Personne. Même l'art qui va envahir la ville est politique.