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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


1921 : l'Est républicain évoque Ronvaux et Vierzon

Publié par vierzonitude sur 30 Octobre 2022, 10:43am

Merci à ce lecteur de Vierzonitude pour ces documents

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Mardi 4 janvier 2021

AUX PAYS DEVASTES
UNE VISITE A RONVAUX

Un habitant de Vierzon, qui a adopté la commune dévastée de Ronvaux Meuse, canton de Fresnes-en-Woëvre, vient de le visiter, Il a fait de cette visite un émouvant récit dont nous extrayons :
... A gauche et à droite de la route une
vingtaine de baraques apparaissent. C’est le
nouveau Ronvaux. Derrière, il y a un tas de
pierraille : c’est l’ancien Ronvaux.
Un petit gosse - un de nos filleuls sans
doute - erre sur le talus. Le chauffeur lui
crie :
- Où habite M. le Maire ?
- Dans la seule maison en pierre
A ! très bien, nous y voici. Je descends de
la voiture. Arrivé devant la porte - ou
plutôt devant la planche à laquelle il faut
donner ce nom présomptueux - je cherche
la serrure, le loquet.
- Oh ! monsieur, dit le chauffeur, ici il n’y
pas de loquet ; poussez !
Je pousse la planche qui tourne sur des
gonds hypothétiques et me voici dans une
petite pièce sombre, seulement éclairée par
une fenêtre basse, Un homme portant veste
kaki du poilu d’Orient se lève :
- M. le Maire ?
- C’est moi !
- C’est vous. Eh ! bien moi, je viens de
Vierzon pour vous serrer la main ...
A ce nom de Vierzon, il y a une
commotion.
- Vous de Vierzon, sapristi, alors je suis sûr
que c’est une bonne pensée qui vous
amène.
Et il est un moment à se remettre. Je
continue :
- Je ne vous demande pas à voir votre
village, je l’ai vu. Vous avez beaucoup de
dégâts ?

- La commission les a estimés à huit millions
et demi.
- Et vous serez indemnisé ?
- Cette année, deux cent soixante millions
seront alloués à la Meuse. Mais il y a dans le
département deux cent cinquante villages
qui sont dans notre cas. Quand Verdun aura
pris sa part, quand Bar-le-Duc, dont tout un
quartier est détruit, aura prélevé la sienne,
et puis Etain – ah ! Etain qui n’est que
poussière ! - il n’en restera pas gros. Nous
en avons pour quarante ou cinquante ans à
nous remettre.
- Combien aviez-vous d’habitants avant la
guerre ?
- Un peu plus de deux cents !
- Et maintenant ?
- Un peu moins de cent !
- A quoi s’occupaient les habitants ?
- Ici nous sommes vignerons et nous
cultivons les arbres fruitiers, Ainsi, moi,
j’avais six cents arbres dont cinq cents
pruniers mirabelliers. La ressource de notre

pays était dans son vin et dans son eau-de-
vie. De celle-ci tout à l’heure et vous m’en

direz des nouvelles ...
- Et les arbres n’existent plus ?
- Quelques-uns ont échappé au massacre et
l’été dernier, ils ont encore donné quelques
fruits ; mais abimés, meurtris par les
obus, ils végéteront quelques temps et
périrons. Quant à la vigne, c’est bien fini.
- Alors que font les hommes ?
- Ils travaillent à combler les tranchées et à
enlever les fils de fer barbelés.
-Voulez-vous me conduire chez
l’institutrice ?
- Ah ! mais, je crois bien. Elle est logée dans
l’école avec son mari, qui va faire la classe
dans le village d’à-côté.
°
° °

Le Maire frappe, Mme Hubert vient
ouvrir. Il nous présente. La stupéfaction de
l’institutrice n’a d’égale que celle du maire,
il y a un instant.
- Ah ! ça, par exemple, ne cesse-t-elle de
répéter, pour une surprise, c’est une
surprise. Venir comme ça, de Vierzon à

Ronvaux, sans prévenir, c’est une affaire
peu banale. Ah ! bien !... Une minute je vais
appeler mon mari,.. Et puis dans quelle
tenue vous nous trouvez. Toute nos
excuses. A Ronvaux, vous comprenez, on ne
fait pas de toilette !...
Et nous commençons la visite de la
baraque, une cloison sépare le logement de
l’institutrice de sa classe. Celle-ci est
maintenant confortablement meublée. Il y a
un pupitre pour la maîtresse, neuf petites
tables pour les élèves, un gros poêle,
cadeau de la Croix-Rouge. L’ingéniosité de
l’instituteur qui a ripoliné un morceau de
linoléum a donné un magnifique tableau
noir. Une autre cloison – et c’est la salle de
la mairie, ayant dans le coin sa cabine
téléphonique, mais le téléphone n’y est pas
encore : c’est pour plus tard.
Enfin, une dernière cloison.
- Derrière cette cloison, nous explique le
maire, c’est l’église. Vous voyez : tous les
services sont réunis dans cette baraque.
L’église, oui, mais nous manquons de curé.
Il n’y en qu’un pour sept ou huit communes.
Bah ! nous n’avons pas souvent des
mariages !
- Pour ça c’est un tort !
- Ni beaucoup d’enterrements ...
- ça, vous avez raison !
- Et maintenant, faites-nous l’honneur
d’accepter un petit verre d’eau-de-vie de
prunes de Ronvaux. Avant la Guerre, c’était
la gloire et l’espérance du pays ! ...

Sur le seuil de la baraque, nous jetons un
coup d’œil sur le pauvre et triste village de
bois. Quelques petits enfants, dont les plus
âgés n’ont pas neuf ans sont sortis au bruit
du moteur.
- Ah ! dis-je, les voici nos filleuls !
L’institutrice leur fait signe. Lentement,
timidement, tête baissée, ils approchent et
nous entourent.
- Vous voyez ce monsieur, leur dit
solennellement Mme Hubert, il vient de
Vierzon : c’est un de vos bienfaiteurs !

Au mot de Vierzon, les plus hardis de ces
enfants risquent un œil. Dans leur
imagination si vaste de petits être, de quels
attributs fabuleux et légendaires n’ont-ils
pas paré les Vierzonnais ? Eh ! quoi ! voici
qu’un des habitants de ce providentiel pays
tombe inopinément au milieu d’eux, tous
restent muets.
- Allons, reprend l’institutrice, dites-lui
merci !
Et tous ensemble :
- Merci, monsieur.
- Comment t’appelles-tu, dis-je, à une
fillette ?
- Marguerite Lerouge.
- Ah ! mais je te connais déjà : c’est toi qui
as écrit à ma petite compatriote Marguerite
Bouton. C’est bien, ça !
Je saisis une autre sous les bras, une autre
qui tient par la main son petit frère, et qui
est toute blonde, je lui demande :
- Ton nom
- Yvonne, monsieur !
- Ça me fait plaisir : tu es jolie comme les
amours !

Et maintenant, il faut songer à partir. Le
maire s’approche :
- Quand vous serez de retour à Vierzon,
dites bien à tout le monde que les habitants
de Ronvaux les remercient du fond du cœur
et leur gardent une inaltérable
reconnaissance. J’ai convoqué mon conseil
municipal. Il doit prendre une délibération
en ce sens. Nous vous la ferons parvenir.
Encore une fois, en mon nom, de toute la
population de Ronvaux, Merci à Vierzon.
L’instituteur et l’institutrice s’approchent
à leur tour :
- Donnez nos remerciements à tous nos
collègues qui ont tant fait et à votre journal
qui a permis une réussite qui dépasse toute
espérance et grâce à laquelle nos enfants
seront les plus favorisés de tout le
département ...
=======================
Y J - février 2022

 

L'article de l'Est républicain

Un mystère subsistait, dans les liens historiques entre Vierzon et Ronvaux : où se situait la sépulture de l’instituteur vierzonnais, Camille Lescot, tué aux Éparges le 23 août 1916 ?  Yves Jadot, adhérent du Souvenir Français Verdun/Charny a résolu le mystère et après des recherches a retrouvé la tombe du Vierzonnais.

"Après de nombreuses recherche, à l'aide de la mairie de Saint-Germain-des-Bois, nous avons retrouvé la sépulture de Camille Lescot au cimetière de cette commune."

On a reçu aussi les documents qui ont servi au rapatriement du corps dans cette localité.

 

 

 


 

On en parle chaque année mais cette page d'histoire, finalement méconnue de Vierzon, mérite que l'on s'en souvienne. Le village de Ronvaux, dans la Meuse, est le filleul de la ville de Vierzon. Voici son histoire, qui est une histoire singulière et très touchante. Entre Vierzon et Ronvaux, un lien demeure, toujours très fort.

 

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En 1920, une institutrice de Vierzon dont le mari était mort au front, dans la Meuse, traverse Ronvaux, dans la Meuse, ravagée par la guerre. Une poignée d'habitants. Une église. Plus tard, un monument aux morts. Madame Veuve Lescot veut ramener le corps de son mari, instituteur à Vierzon-Ville, tué au champ d'honneur, pendant la bataille de Verdun. Les 87 habitants que compte encore le village, deux ans après la fin de la Grande Guerre, croupissent dans des baraques, sans confort.

 

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Le coeur serré par ce qu'elle voit, l'institutrice revenue à Vierzon, force le maire, Emile Péraudin, à créer un comité de secours à Ronvaux. Pleuvent des couvertures (42), des paires de draps (70), des assiettes creuses (162), des bols (124), une comptabilité généreuse de tout et de rien de la part de Vierzonnais solidaires. Les entreprises, les associations, la Caisse d'Epargne gonflent les dons. Par délibération, les écoles vierzonnaises adoptent l'école de Ronvaux. Dans une lettre adressée aux écoliers vierzonnais, les enfants de Ronvaux expriment leur gratitude : “Grâce à vous aussi, nous sommes des privilégiés parmi les sinistrés de notre région car vos démarches auprès des commerçants ont permis de nous procurer des manteaux, vêtements, chaussures, coiffures etc. Tous ces articles absolument neufs alors que nos camarades des autres communes n'ont rien eu ou des vêtements de peu de valeur.”

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L'épouse du soldat vierzonnais a réussi son pari. Ronvaux a du inhumer treize de ses habitants sur cent... Le village est arcbouté sur sa propre misère et ne peut, en aucun cas, dégager les fonds nécessaires pour ériger un monument à la mémoire de ses fils tombés au front. Des soucis plombent l'énergie des habitants comme enlever les fils de fer barbelé, reboucher les trous d'obus... En avril 1923, le comité de soutien estime avoir accompli sa tâche. Ses caisses sont encore lestées de 4.700 francs, mis à la disposition du village. La somme se transforme en monument aux morts sur lequel ne figure pas treize noms mais quatorze : l'instituteur Lescot de Vierzon, y figure. On peut lire aussi cette inscription : “Vierzon, bienfaitrice de Ronvaux”. Il n'existe finalement, entre les deux villes aucune charte officielle d'amitié ou de jumelage. Mais le souvenir prégnant d'une communion singulière.

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La rue de Ronvaux existe à Vierzon et la place de Vierzon est l'adresse de la mairie de Ronvaux. A Vierzon, encore, lors de l'extension de la l'usine Société Française (matériel agricole), dans les années 1930, Ronvaux donne son nom au premier atelier fabriqué en béton (et non plus avec des poutrelles métalliques)

  1. Wittelsheim , en Alsace, est la filleule du département du Cher, depuis 1946, par l'intermédiaire du comité Berry-Alsace.

 

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Alain Fournier, à Saint-Rémy la Calonne

Décidemment, le hasard ou le destin, au choix, est une drôle de performance. Alain Fournier, auteur du Grand-Meaulnes, est né à la Chapelle d'Angillon, dans le Cher. C'est à Nançay, près de Vierzon (Vierzon qu'il cite plusieurs fois dans son roman, notamment la gare), que l'écrivain passe, enfant et adolescent, ses vacances d'été. Mobilisé, Alain Fournier meurt en septembre 1914 mais sa dépouille n'est pas retrouvée. En 1991, après d'intenses recherches, son corps et ceux de ses vingt compagnons d'arme sont retrouvés et identifiés grâce à leurs plaques, tout près de la Tranchée de la Calonne, près de.... Ronvaux. Il est inhumé au cimetière militaire de Rémy la Calonne.

 

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1921 : l'Est républicain évoque Ronvaux et Vierzon
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R
Très belle histoire, mais je trouve que la municipalité de cette commune, pourrait au moins pour la gratitude envers cette personne , faire passer un coup de nettoyage (eau et savon)sur le marbre par le service de sa commune au moins une fois par an, c'est pas sympa cet oubli envers celui-ci, car on ne sait pas si ce personnage au grand coeur a encore des proches valides pour le faire!<br /> <br /> Ne rien faire au minimum dans ce cas, semblerai plutôt à de l hypocrisie qu'à du respect envers cet homme.Les souvenirs sont éphémères à constater ici ,vu l'état du monument sur la photo !
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U
Très belle histoire. Ne jamais oublier.
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V
c'est une belle histoire au milieu de toute cette misère. <br /> je suis originaire de Vierzon et pourtant je n'en avais jamais entendu parler. Merci d'avoir partagé ce souvenir
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C
La solidarité à changé ici voici un copié collé consternant ;<br /> "Soutien a l'enseignante assassinée a albi<br /> 11 juillet 2014, 16:13 ·<br /> BRAVO le maire PCF de VIERZON vous êtes le premier à avoir refusé que se tienne dans le département cet hommage à Fabienne... <br /> BRAVO à Véronique de s'être battue pour faire aboutir avec son cœur et toute son énergie ce rassemblement.<br /> Le CHER 18 n'aura sans doute pas son moment de recueillement pour Fabienne, c'est triste !"<br /> Ceci demande sans doute explications, à vos plumes chers militants si vous existé encore.
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G
C'est une marque de grand respect, que de se rappeler le sacrifice des tous ces hommes. Prenons garde maintenant à que ce grand hachis ne recommence... http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/la-troisieme-guerre-mondiale-155116
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