Ca y est : les faiblards sont rentrés dans leurs coquilles, les lâches ont badigeonné leurs murs de leur trouille insipide, les partis politiques ont profité de la lumière pour montrer leurs fesses, la communion populaire a permis de se réchauffer les abattis, perdus entre la violence du choc et l'ignorance des suites à donner au drame. Chacun y est allé de son discours, de sa larme, de son indignation, de son geste, de son dessin, de sa parole. Chacun a bien vu qu'un truc venait de déconner, que quelque chose d'improbable venait de se produire. Il fallait montrer qu'on était encore debout. Très bien. C'est fait. Et après ? Après, trois mois après, rien. Rien qu'un brouet de bonnes intentions vite étouffées sous la lie de la lâcheté et du confort intellectuel. Rien qu'un plat avarié de reculades infâmes, de mises en cause dégueulasses, de petits calculs, de faiblesse, non pas de corps mais d'esprit. Rendez-vous compte, des abrutis tirent dans le tas, des tarés fauchent des vies de dessinateurs, de journalistes, de croyants innocents, de policier désarmé, de civils. Tout ça à cause de grandes gueules aux traits acides qui l'ont bien cherché leur punition. Voilà ce qu'on entend, trois mois après que des guignols grimés en terroristes, croisés d'une foi déviante, ont fait mettre un genou à terre à la démocratie et à la liberté d'expression. Voilà ce que certains osent dire, ils l'ont cherché. Parce que s'ils avaient fermé leurs claquets, on en serait pas là, on se serait accommodé des pervers narcissiques qui flinguent leurs prochains parce qu'il n'a pas le même Dieu, ou parce qu'ils le dessinent, ou ne le respectent pas comme les hommes l'ont décidé, pas Dieu lui-même, non ses pires reflets. On s'est bien accommodé de la délation pendant la seconde guerre mondiale, et du travail bien français au service des nazis pour rafler des enfants et les entasser dans un stade, on peut bien s'accommoder d'une bande de connards si on respecte leurs souhaits. Et puis, il y a tellement de tueries dans la monde, tellement de Charlie puissance 10, hein, ça servirait à quoi une place Charlie dans une ville. A provoquer oui ! Pour vivre en paix, vivons en lâches. C'est quoi, ce n'était que des dessinateurs, de la graine d'anarchistes, de gauchistes, de voyous qui ne respectaient rien. Islamophobes et racistes. Rien à faire de ces gens-là dans une société qui n'a pas envie de s'émanciper mais de vivre aux crochets de barbares, qu'ils soient barbus ou non.
On l'a vu, là, même à Vierzon, ces petits fiers bras déjà rangés derrière leurs rideaux, à l'écarter pour voir qui passent sous leurs fenêtres. Hein, alors pensez-donc, une place PUBLIQUE Charlie à Vierzon, décrétée par les citoyens eux-mêmes qui ont en marre de se faire dicter leur marche à suivre par des moins citoyens qu'eux, pourquoi allez exciter des plus excités que ceux qui ont l'idée d'une place Charlie, en pleine ville ? Je suis Charlie, ça va cinq minutes, mais depuis le temps, depuis trois mois, on est devenu un tas d'autres combats plus faciles à soutenir parce qu'ils sont loin. Mais quand il faut s'engager, plus loin que la télécommande de son téléviseur, il n'y a plus personne. Plus de soutien. Plus d'esprit du 11 janvier. On commence à faire des concessions. A rogner la réalité, à discuter le bout de gras, à moutonner. Parce que Charlie, c'est que du papier avec de l'encre, des dessins, des enfantillages. Que ce qui se passe dans le monde, c'est autrement plus sérieux. Les faiblards ont gagné : que reste-t-il trois mois après, de l'esprit Charlie, du beau discours devant la mairie de Vierzon, de la promesse d'une place PUBLIQUE, pas d'un carré de jardin planqué derrière des portes vitrées. Elle est où cette promesse, à Vierzon, merde, à Vierzon, une ville qui n'hésite pas à se monter sur un genou pour gueuler contre tout et n'importe quoi et là, ils sont où les Vierzonnais ? Dans leurs pantoufles ? En train de s'engager contre des terroristes qui dessoudent la race humaine, la race universelle de l'homme dans une université ou un musée ? Loin, ça évite de sortir de chez soi pour manifester. Sauf que Charlie, c'était en bas de chez nous, dans nos pattes, dans nos oreilles. Et quand on voit la mollesse des réactions, trois mois après, un sentiment de honte prend aux tripes. Alors, Charb, tu as eu raison d'écrire ce livre et tes proches ont eu raison de le laisser sortir en librairie. Car c'est trop facile de venir gueuler à midi contre les pires enfoirés de l'univers si c'est pour se coucher le soir devant sa propre trouille. Même à Vierzon, vois-tu, même à Vierzon, on baisse le nez. Mais heureusement pas tous. Alors, le 11 mai, au bout de la rue du Champanet, peu importe qu'on soit deux, trois, dix ou vingt, on ira. Parce que ce n'est pas la spontanéité d'une réaction qui nous le dictera mais la réflexion mûrie de citoyens qui ne veulent ni moutonner, ni oublier. Il y a pire que les salauds, il y a les lâches.
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Le livre posthume de Charb sur l'islamophobie
Le Monde | * Mis à jour le Lettre ouverte aux escrocs de l'islamophobie qui font le jeu des racistes. Le titre de l'ouvrage posthume de Charb annonce la couleur. Peu avant son assassinat, le 7 ...
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A vous, bande de connards, sombres abrutis, pauvres enculés -
Je vous mitraille avec ma liberté d'expression, je vous blasphème avec ma liberté des crayons, je vous casse la gueule avec la force de mes mots, je vous encellule avec mes traits même si je ne...
http://www.vierzonitude.fr/2015/01/a-vous-bande-de-connards-sombres-abrutis-pauvres-encules.html
A droite toute 20/04/2015 09:18
mobal 17/04/2015 18:00
Cereus Maximus 17/04/2015 08:06