Juliette Bouchet a répondu à la sollicitation de Vierzonitude : un texte sur Vierzon. Et voilà !
""T’as tout ce qui faut, climat humide, extension tentaculaire, réseau routier en pagaille, affect désaffecté. T’as loupé un virage ou deux certes, tu vis parfois au bord de ta mémoire, tu pédales à côté du canal, à contre- courant, fière et solitaire mais ça peut le faire, t’inquiètes.
Tu t’es endormie, t’as pas entendu ton réveil, ça arrive à tout le monde…
Tu veux quoi au juste ? Du boulot ? Des dimanches à la fraîche avec des mômes qui cavalent avec leurs cannes à pêche ? De la fraternité ? De l’égalité ?
Les rêves faut oublier ma belle, faut se retrousser les manches, sortir la grosse artillerie, bannir les « A quoi bon » et aller chercher le soleil avec ta malice.
Allez, lève un peu ta jupe, tu marcheras plus vite, relève un peu ce front rieur, ajuste ton chemisier, on n’attrape pas les mouches avec du vinaigre tu sais.
T’as des projets ? Tu vis encore chez tes parents ? Je sais qu’Haussmann est pas passé te voir mais tu sais quoi, on l’emmerde, lui et sa clique, on a d’autres cordes à notre arc. On a d’infinies possibilités, si, j’te jure.
Quoi t’es pas royale, et alors ? T’es sauvage et insoumise, t’es rouillée un peu c’est sur ouais mais t’es une fille des cinq rivières, un peu sorcière, un peu légendaire, un peu hors normes, un peu paumée aussi je te l’accorde, mais t’as du potentiel, un potentiel illimité et inimitable par ce qu’inexploité.
Alors on se passe un coup de peigne, on arrête avec les ronds-points (si, on arrête), on regarde loin devant soi, on y balance tout ce qu’on a dans le cœur et on galope vers sa chance (ouais prends un lasso ça peut servir).
Y a pas d’autres solutions. Tu cours, et tu réfléchis après. L’énergie du désespoir peut parfois faire des miracles et je sens qu’on est en bonne position dans la file d’attente. On a la baraka (si on l’a).
On est pétés de confiance, le monde entier nous envie, tu rayonnes déjà et ça se diffuse. Tu sens le bonheur qui pointe le bout de son nez ? Tu sens comme il zyeute de ton côté ? Non, laisse cette mèche devant tes yeux, ça te donne un chien d’enfer.
C’est tout dans la tête. Tiens-toi droite comme une danseuse. Tu vois l’horizon là ? Non pas l’autoroute, l’horizon. La ligne oû tout se confond, l’air et la matière, le réel et le possible, le passé et le futur, c’est là qu’on va, on s’arrêtera pas en chemin je te préviens. Donne-moi ta main et viens…"
Juliette Bouchet
"Le double des corps" de Juliette Bouchet : un roman pur sexe écrit à Vierzon ! -
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