Quelqu'un rencontré rue Joffre :
"Ca va ?"
"Pas fort, ça manque de clients."
Sans blague ? Promenade dans la ville de Vierzon, aujourd'hui, jeudi 22 octobre, rue des Ponts, place Foch, rue Joffre, place du Marché au blé, rue Gallerand, rue Armand-Brunet... Un sentiment d'abandon se mélange au temps gris.
Rue Voltaire, un commerçant explique se sentir "ex-centré"... L'avenue de la République est à quoi, trois cents mètres ? Les nombrils de nos élus s'agrandissent tandis que le centre de Vierzon se rétrécit. Qui n'est pas avenue de la République, n'est pas en centre-ville.
La rue des Ponts est une ligne droite fanée. La boulangerie est fermée. Tout est fermé. Ceux qui restent doivent se sentir seuls, très seuls. Vitrines en bois, vitrines sales, à louer, à vendre. L'église protestante ne proteste même pas. Pourtant, il y aurait de quoi. Un corbillard passerait, il se sentirait chez lui.
La place Foch est mouchetée de vitrines insalubres, une honte qui ne gêne personne, surtout pas les propriétaires. C'est assez étonnant d'endurer ce genre de bouses à côté de commerces qui ont envie de vivre pendant que d'autres vivotent. Pourtant, trois coiffeurs se font face désormais. Des cheveux à couper en quatre.
Rue Joffre, le ciel gris est sur les pavés et au-dessus aussi. Rien à dire de plus de cette rue que l'enterrement de première classe concocté par la mairie. Ne rien faire, c'est enterrer encore plus cette rue où les vitrines pourries occultent le peu de vitrines qui restent. Un gâchis énorme. Un manque de volonté à la limite de l'impolitesse.
Place Gallerand, la fontaine, vieille de trente piges, fait ce qu'elle peut encore pour faire croire que place est vivante. On plaint le resto et le salon de coiffure ainsi que la charcuterie. Entre le vide et les vitrines en bois, on se croirait dans un pays en guerre.
Rue Gallerand, la descente est plus pentue que la pente elle-même. Les derniers commerces font de la Résistance, bijoux et Musica. Qui se soucie de la rue Gallerand avec son immeuble pourri où l'eau qui dégouline le mur continue de la noircir. Noirceur urbaine comme Vierzon. Entre la boutique SFR, Croq o pains et la boutique Welcom toutes trois fermées, une évidence s'impose : raser cette daube qui empoisonne Vierzon depuis trente ans. Pour ça, il faut du courage politique.
Rue Armand Brunet, l'ancien Gifi défie les lois de la gravité : l'immeuble est pourri, il fait de l'ombre, il est périmé comme les trois-quart de cette ville. Il faut le raser aussi, ouvrir cette ville, faire du ménage. Du grand ménage. Sinon, Myriam déménage, la porte du square des Remparts est ouverte sur des barreaux, la boulangerie est morte, le magasin Plus est mort. Cette rue est morte. Comme tant d'autres.
Finalement, la prochain fois, j'irai me promener ailleurs. Loin.