Vierzonitude a reçu ce commentaire :
"Tout ceci aurait pu être drôle si l'humour n'avait pris une telle ampleur en amalgamant des mots qui pour nos anciens et pour notre histoire récente ont un sens fort : la guerre, la résistance. Il me semble que cette histoire de bistrots va trop loin, on a dépassé la mesure. 1 blague ça va, 3 blagues bonjour les dégâts.
Je pense à mon grand-père, maquisard à 18 ans, à lui et à ses frères d’armes, jeunes citoyens engagés pour la liberté, pour notre liberté. Pour eux et pour tous ceux qui se sont battus pour résister, au péril de leur vie, ayez Messieurs les humoristes, le sens de la mesure dans les dessins et dans les mots.
Notre Président de la République a lui-même dit que la France est en guerre. Ce n’est pas drôle. Être résistant est un acte de bravoure qui ne peut se résumer à un canon sur le zinc, à un blanc limé dans un troquet.
Alors bien sûr, moi aussi je vais, comme nous tous, continuer à vivre, à aller boire un coup avec mes amis. Mais je ne me considérerai pas comme un résistant, plutôt comme un citoyen qui vit le présent, tout en ayant espoir dans l’avenir et surtout sans jamais oublier le passé."
Bien sûr que le mot "résistance", accolé au fait d'aller à la terrasse des cafés, est fort. Mais quel autre mot existe ? La résistance n'a pas de majuscule, là. Juste une minuscule pour dire que l'on résiste, à notre façon. Que le simple fait de se trouver à la terrasse des cafés, dans les restaurants, dans les concerts, signifie que l'on refuse la peur, l'intimidation et la soumission à la peur du terrorisme. Bien évidemment, le résistant de l'après 13 novembre 2015 n'a rien à voir avec le Résistant de la seconde guerre mondiale. Le nouveau Jean Moulin ne sera pas un pilier de comptoir. Bien évidemment. Mais vous le dites vous-même : "Notre Président de la République a lui-même dit que la France est en guerre". Est-ce pour autant que les chars ont envahi Paris ? La guerre en question n'a rien à voir non plus avec la la Grande Guerre, la seconde Guerre mondiale, et les autres, trop nombreuses qui ont suivi. Si la guerre d'aujourd'hui, celle dans laquelle nous sommes, est différente de celle que votre grand-père a vécu, alors admettez que la résistance a changé de forme aussi. Imaginez que pour les victimes des attentats du 13 novembre, leur famille, leurs proches, celles et ceux qui sont blessés dans leur chair, retournez à la terrasse d'un café parisien sera vraiment un acte de résistance. De bravoure, ne serait-ce que pour braver sa propre peur. Alors oui, un canon sur le zinc, un blanc limé dans un troquet, c'est une façon de résister, en 2015, à la folie sanglante de quelques uns qui veulent mettre Dieu dans toute chose, et le diable dans le reste. Résister à la profonde solitude de l'impuissance. Parce qu'aujourd'hui, voyez-vous, le fait d'être en terrasse devient un acte de guerre, car on y meurt, comme à la guerre. Alors, sans manquer de respect à votre grand-père et à ses frères d'arme, sans comparer la Résistance, passive et active de notre histoire, nous sommes tous un peu résistant. D'ailleurs, la résistance ne commence-t-elle pas ainsi ? N'est-elle pas le pilier de toute liberté qu'on veut nous retirer ? Etre résistant dans un bistrot, ce n'est pas oublier le fond de notre histoire, c'est y rendre hommage. car la résistance avec un grand R nous a laissé au fond de nous, cette nécessaire insubordination qui fait que, par réflexe génétique, toute atteinte à nos idéaux nous fait réagir. Avec les moyens des époques que nous traversons.