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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Mais qu'est-ce que tu leur as fait de si cruel aux Vierzonnais ?

Publié par vierzonitude sur 6 Novembre 2015, 14:54pm

Mais qu'est-ce que tu leur as fait de si cruel aux Vierzonnais ?

Mais qu’est ce que tu leur as fait ? Qu’est ce que tu leur as dis pour qu’ils t’en tiennent à ce point rigueur ? Pour qu’une ville entière, au détriment de l’image que tu lui as offerte, te boude, t’ignore, te renvoie dans les cordes de l’indifférence ? Qu’est ce qui a fait, dans ta chanson, que Vierzon se soit autant sentie humiliée, mal chantée, mal servie ? Et qu’est ce qui fait que, quarante ans plus tard, l’horizon de tes mots soit toujours aussi brouillée dans l’esprit de cette ville ? Dire que tu es seul derrière, dire que je suis seul devant. Dire que Vesoul s’enorgueillit et dire que Vierzon s’en défend.


Malgré sa nombrilique position géographique, la ville avait pourtant tout à gagner. Ville ordinaire ? Peut-être pas… Puisque rien que son nom évoque déjà le tien. J’ose à peine imaginer ce qui se serait réellement passé si tu n’avais jamais cité Vierzon dans ta chanson. Si une autre ville avait raflé la mise. Si au lieu de dire non, au lieu de fermer ses oreilles et ses yeux, au lieu de se sentir atteinte dans sa dignité de ville moyenne, ouvrière et industrieuse, Vierzon avait ouvert ses bras, sa scène, ses places, ses portes de gloire et ses fenêtres de notoriété à cette notoriété toute neuve que tu lui offrais.


T'as voulu voir Vierzoul et on a vu Vierzoul.
T'as voulu voir Veson et on a vu Veson.
T'as voulu voir Honvers et on a vu Honvers.
T'as voulu voir Hamfleur et on a vu Hamfleur.
T'as voulu voir Anbourg, on a revu Hamfleur,
J'ai voulu voir ta soeur et on a vu ta mère
Comme toujours.

T'as plus aimé Vierzoul, on a quitté Vierzoul.
T'as plus aimé Veson, on a quitté Veson.
T'as plus aimé Honvers, on a quitté Honvers.
T'as plus aimé Hamfleur, on a quitté Hamfleur
T'as voulu voir Anbourg et on n'a vu qu'ses faubourgs
T'as plus aimé ta mère, on a quitté sa soeur
Comme toujours.

Et je te le dis, je n'irai pas plus loin
Mais je te préviens, j'irais pas à Paris,
D'ailleurs j'ai horreur, de tous les flons-flons
De la valse musette et de l'accordéon.
T'as voulu voir Paris et on a vu Paris...

Alors, alors....

T'as voulu voir Vierzoul, donc j'ai créé Vierzoul.
T'as voulu voir Veson, j'ai inventé Veson.
T'as voulu Honvers, il est sur le marché.
T'as voulu voir Anbourg, c'est à une lettre près.
T'as plus aimé Vierzoul, j'ai effacé Vierzoul.
T'as plus aimé Honvers et j'ai gommé Honvers.
T'as plus aimé aimé Hamfleur, j'ai arraché Hamfleur.
T'as voulu voir Anbourg, j'ai planté ses faubourgs.
Pour ta soeur et ta mère, je n'ai rien pu y faire.
T'as plus aimé mes rêves, j'ai cessé d'en avoir.

Jusqu'à ce jour étrange.
T'as voulu voir Vierzon et on a vu Vierzon.
T'as voulu que je chante, j'en ai fait une chanson.
T'as voulu voir Vesoul, c'est devenu un titre.
Mais je te préviens, je n'irais pas plus loin, je n'irais pas plus loin...


Mais qu’est ce que tu leur as fait ? Qu’est ce que tu leur as chanté de si irréversible pour qu’ils t’en tiennent à ce point rigueur ? Qu’as-tu mentionné, de façon si maladroite, qui soit aujourd’hui encore interprété comme un crime sauvage ? Un crime de lèse-majesté. Finalement, je t’ai connu quand tu n’étais plus là. L’avantage de mon époque, c’est qu’elle permet l’éternité sous toutes ses formes sauf la plus palpable évidemment. Je sais peut-être plus de choses sur toi que toi tu ne sais de choses sur toi-même. C’est l’avantage de la pluralité des technologies : elles ont une mémoire exponentielle qui intègre les oublis volontaires ou pas, les actes manqués, les versants négatifs, les coins inaccessibles et surtout, surtout, cette grande place de toi que tu as laissé chez tous les autres et dont tu n’as pas conscience.

Pour un peu, ces technologies liraient dans ton cerveau éteint pour en extirper des vérités nouvelles destinées à coller à mon époque. Ainsi, je pense souvent à toi, avec cette formule habituelle : s’il avait été là, qu’aurait-il dit ou fait ? Comment aurait-il chanté tel ou tel sujet ? Avec quels mots ? Quelles grimaces ? Quel dégoût ? Quelle joie ? Quelle sueur ? Vraiment, quel homme aurais-tu été si tu avais atteint la rive des années 2000 ? Jusqu’à moi. Jusqu’à ce que je cherche à te voir, à te rencontrer, à te parler.

Les mots pris individuellement n’ont en fait aucun talent. Ce qui les différencie de leur plat pays, c’est cette conjugaison parfois miraculeuse avec la magie du groupe. Encore aujourd’hui dans tes chansons sues par cœur, je surprends encore et souvent ce tutoiement facile que tu avais avec les mots, épluchés de leur sens, nus dans leurs serviettes entre leurs consonnes à petits pas et leurs voyelles sous le lustre à facettes, tous, soudain mâchés et recrachés, riches d’un pouvoir qu’ils ne se connaissaient pas.

Ainsi, ta silhouette brélienne, ton grand corps de soldat dans le champ de tes batailles, tes phrases magnifiques qui faisaient que lorsque tu parlais tu chantais encore, tout cela est à ma disposition quand je veux, où je veux, aussi longtemps que je le veux. Quand je te vois, en images, mimer ta chanson Vesoul avec un air légèrement précieux, j’imagine un instant l’effet de cet effet de style dans les cerveaux de province. Je souris.

Tu n’étais pas Parisien, tu n’aimais pas beaucoup Paris. Mais la Belgique, vue de Vierzon, était aussi Paris, comme toutes ces grandes villes plus grosses que la nôtre. Plus loin que notre centre, que notre nombril. Tout ce qui était, c’est simple, au-delà de nos frontières géographiques, avaient des relents de parisianisme nauséabond, de pouvoir arrogant, d’atteinte au droit du travailleur, de valeurs désavouées. Bref, toi le Belge avait un arrière-parfum de Parigot venu, (Vierzon le soupçonne encore), se perdre dans l’entonnoir du centre-ville, un jour de départ en vacances, lorsque la nationale 20 et la nationale 76 s’épousaient dans l’enfer de bouchons mémorables.

Alors, ce grand gars chevalin dont l’accent s’est pendu et qui, un jour, s’est mis à chanter Vierzon, Vesoul, Honfleur, Hambourg, Anvers et j’en passe, forcément, c’est louche, c’est douteux, c’est mal. Surtout, que, tiens toi bien, tu as eu l’arrogance éclairée de mettre Vierzon en tête d’affiche. Car si c’est Vesoul que tu as choisi pour titre, excuse-moi, c’est quand même Vierzon que tu chantes en premier. Autre mystère épais dans ton épaisse belgitude. C’est à Vierzon que tu pensais. C’est Vesoul que tu as anobli. C’est Vierzon qui ouvre ta chanson. Et c’est cela que l’on retient.

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C
Bon vierzonitude vous voulez des explications, je vais vous en donner une. Dans les milieux coco, brel à toujours été considéré comme un anarchiste de droite. Les anarchistes les coco ne les aiment, pas mais quant en plus ils sont de droite alors là c'est le ponpon. Voilà pourquoi ici tant que le clan présent est là brel n'existera pas à Vierzon.
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