C'est bon la notoriété. C'est grisant. Elle commence au XIXème siècle, quand Célestin Gérard, installe son atelier qui se transforme en usine de machinisme agricole. Là, Vierzon devient connue pour ses batteuses, ses locomobiles Société Française, Merlin, Brouhot, plus tard pour ses tracteurs monocylindriques. Vierzon est sur toutes les lèvres : la ville a donné son nom au tracteur. On dit un Vierzon comme on dit un Picasso. Jusque là, la notoriété de la ville est positive. Moins drôle, Vierzon est rattachée à la ligne de démarcation, pendant la seconde guerre mondiale. Là encore, Vierzon est sur de nombreuses lèvres. La raison est moins glorieuse que celle du machinisme agricole. Dans les années qui suivent, trente glorieuses obligent, la RN20 et la RN76 se rejoignent en plein centre-ville.
Toute la France passe par Vierzon, toute la France se retrouve bloquée à Vierzon. Bisou Futé voit rouge... à Vierzon ! Le rouge justement, c'est aussi la couleur politique, Vierzon rebaptisée, Vierzon-la-Rouge, ça n'aide pas non plus. En 1968, c'est la chanson de Jacques Brel, Vesoul "T'as voulu voir Vierzon", qui ancre Vierzon dans la mémoire collective. S'ajoutent le noeud ferroviaire, avec Vierzon au milieu, l'autoroute A71, la naissance de l'A20 et les bouchons du XXIème siècle qui reviennent, Bisou Futé voit toujours aussi rouge à propos de Vierzon. Vierzon, connue internationalement... Oui mais ! A part les tracteurs et Jacques Brel qui offrent toujours une notoriété à cette ville, que reste-t-il de l'image de Vierzon ? Ces dernières années, les raisons qui font connaître la ville sont négatives. Au lieu de se moquer de la Creuse, on moque Vierzon ! Carrefour de tous les points noirs : chômage, désindustrialisation, dernier fief communiste, perte d'habitants. Vierzon se retrouve dans des palmarès qui ne l'élèvent pas. La presse veut un mauvais exemple ? Vierzon ? Regardez le nombre de fois où Vierzon est citée ? Et pourquoi. Un éditeur envoie un de ses auteurs pour justement déglinguer la mauvaise image de Vierzon et remettre la ville sur de bons rails. Mais peine perdue. Les Chevaliers du Fiel s'en donnent à coeur joie. Et ça ne dérange personne que l'image de Vierzon dérape ainsi. Au contraire : plus la ville descend, plus les élus pensent que son électorat lui restera fidèle... Peine perdue : la future réputation qui attend Vierzon est celle qui étreint Hénin-Beaumont... Rien n'est fait non plus pour redorer l'image de cette ville : tout ce qui est positif est gommé au profit d'un vide abyssal. Car ce n'est pas avec une zone industrielle ou un bowling qu'on change le cours d'une réputation. Alors, voilà comment la ville de Vierzon est passée d'une image positive à une image ringarde. Voilà comment on entretient cette image pour ne rien déranger du confort électoral. Voilà comment Vierzon ne cherche pas à s'élever au-dessus de la mêlée, autrement que par la dérision. E-t ça semble satisfaire ceux qui dirigent cette ville...