Le Front national arrive en tête dans quatorze des vingt-sept bureaux de vote de Vierzon ! Le Front de gauche abandonne au passage une majorité de bureaux de vote au Front national. La ville possède un autre handicap : l'abstention de 55,7% qui devrait faire réfléchir. De toute façon, le Front de gauche et le Front national sont au coude à coude dans tous les bureaux de vote, rappelons que l'écart entre les deux formations politiques n'est que de 56 voix en faveur du Front de gauche.
Le Front national, ce n'est pas la première fois, s'offre même un bureau de vote à Chaillot, pourtant fief historique du Parti communiste. Les sentinelles rouges ont toutes du plomb dans l'aile. Mais le plus faramineux, dans cette descente aux enfers, c'est la facilité avec laquelle le Front national, sans rien faire, sans lever le petit doigt a pu s'offrir des pans entiers de la ville de Vierzon. Rien d'étonnant. La situation sociale, urbaine, le passage d'une ville de gauche à la mise en place de caméras de vidéosurveillance, la méfiance envers une population venue d'outre-mer et de la région parisienne, ne fait qu'aiguiser le vote Front national, dans une ville qui a perdu son aura du vivre-ensemble, là où se sont cotoyés, pendant plusieurs générations, des ouvriers de nationalités différentes. Il suffit d'un fait divers, il suffit d'un souci en centre-ville, pour mettre le feu au poudre. Les attentats du 13 novembre ont sans aucun doute accentué ce phénomène, mais à Vierzon, le délitement économique, le délitement urbain, la décrépitude du centre-ville, la désertification de certaines rues commerçantes, le départ sans bruit de plusieurs entreprises, ont lentement fait basculer le vote ouvrier majoritairement communiste vers le vote frontiste. C'est une réalité qui se lit, même si l'abstention brouille les cartes, dans les résultats des vingt-sept bureaux de vote. Impossible, désormais, de faire l'impasse sur le F.N, comme s'il n'existait pas. Mais il faudra apporter à Vierzon, une autre politique, une autre bouffée d'oxygène, un autre dynamisme dont les efforts financiers ne soient pas uniquement concentrés dans les zones industrielles dévoreuses d'argent, dans des achats compulsifs, ou des rénovations au profit du privé. Une ville, c'est aussi un espace du vivre-bien, et pour y vivre-ensemble, il faut y vivre bien. Seulement, ce n'est pas la came de nos actuels élus. Sauf que les électeurs viennent de leur adresser un avertissement. Très sérieux.