Vierzon a sauvé l'honneur, non pas parce que la gauche est première mais parce que le Front national n'est pas arrivé en tête. La gauche radicale a dû avaler son chapeau et voter socialiste même si, ce soir, devant les caméras de France 3, Nicolas Sansu, le député-maire, tête de liste du Front de gauche défait, n'a pas pu s'empêcher de montrer qu'il existait un fossé entre SA gauche et la gauche socialiste. L'ex-tête de liste a la défaite amère...
Aujourd'hui, la région Centre sera gérée sans les élus communistes mais avec des élus Front national. Si, dans cette élection, le Front de gauche n'avait pas eu les yeux plus grands que le ventre, peut-être n'en serions nous pas là. Vierzon a peut-être sauvé les meubles mais le Front national est en embuscade.
Avec 1.508 votants de plus qu'au premier tour, les Vierzonnais se sont mobilisés. 1.315 exprimés de plus, les abstentionnistes savent être des gens raisonnables comme il le faut. François Bonneau, pour le P.S a fait le plein, au-delà des voix du Front de gauche. Il a ratissé large, y compris chez les abstentionnistes du premier tour venus sauver la démocratie au second. François Bonneau, crédité de 1.107 voix au premier tour, quatrième derrière la droite et le Front national, attire 3.204 voix de plus au second, pour se placer en tête, devant le Front national lui-même devant la droite.
Au passage, la droite, à Vierzon, récupère 878 voix passant de 1.110 à 1988 voix. Mais elle reste inaudible dans cette ville avec des centristes qui ont trahi leurs idéaux dans l'espoir d'avoir un poste. Que restera-t-il de l'opposition qui se retrouve troisième à Vierzon, derrière le Front national ? Que pourra-t-elle prétendre ? Mais le Front national aussi a gagné des voix : 550 de plus qu'au premier tour. A Vierzon, le F.N est le second parti de cette ville avec 32,09%. Plus d'un tiers des exprimés... Un score dont il va falloir tirer les leçons. Car désormais, le Front national avec ses presque trois mille voix, plus que le score du Front de gauche au premier tour, prend ses aises.
Déjà, le député-maire de Vierzon, dans sa réaction télévisée, n'a pas montré le bon exemple, toujours campé sur ses positions politiciennes. Car si le score du F.N a pour cause la politique nationale, le député-maire ne peut pas ignorer que les presque trois mille voix du F.N., c'est aussi en réponse à la politique locale, à cette absence de dialogue avec les Vierzonnais, à ce jenfoutisme chronique pour tout ce qui concerne le quotidien de cette ville, à cette surdité face à la situation commerciale et à cette débauche d'énergie financière pour des projets qui n'ont finalement que l'intérêt des élus... Et surtout, cette professionnalisation du politique qui est indécente dans une ville de 27.000 habitants. Voilà pourquoi, il faut changer de dialogue et de positionnement. Vierzon n'a pas besoin de professionnels de la politique qui cumulent des mandats pour remplir les caisses des partis (3.000 euros de cotisation mensuelle au P.C, avait déclaré le maire de Vierzon; on ne sait pas pour le P.S...) On espère toutefois que le P.S, en tête à Vierzon par défaut, aura cette fulgurance, dans la position qui est la sienne à Vierzon, de resserrer les liens entre ses besoins politiques et les exigences des Vierzonnais.
Cela nous semble vain pourtant : entre des élus cumulards, des élus assoiffés de postes pour pouvoir manger et d'autres élus qui n'attendent que les ordres pour agir, pas sûr que les élus, à Vierzon aient l'envie de perdre leur temps à combattre le Front national en appliquant une politique de proximité. On ne peut pas prendre des décisions uniquement pour suivre la ligne de son parti et faire de cette ville, autre chose que l'antichambre du Front national et un laboratoire de la gauche radicale. On attend la suite avec autant de résignation que d'impatience.