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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Quand nous ne serons plus qu'une armée de moutons...

Publié par vierzonitude sur 15 Avril 2017, 14:55pm

Quand nous ne serons plus qu'une armée de moutons...

Quand nous ne serons plus qu'une armée de moutons
Accrochés aux rideaux de nos froids isoloirs,
Quand les loups à poil dur entreront dans Vierzon
Pour vanter les vertus de leurs extrêmes histoires,
Quand les eaux du canal, du moins ce qu'il en reste,
Porteront sur leurs dos, nos troubles digestifs,
A force d'avaler des mots à coups de gestes,
Nous mettrons notre liberté en pendentif.

Quand nous aurons usé tous les mots démocrates,
Tous les verbes sensés nous isoler du bruit,
Quand nous aurons fumé le dernier technocrate
Qui nous faisait payer l'impôt sur notre ennui,
Quand nous serons assis, sur des chaises bancales
A nous remomérer le temps de l'oxygène,
Quand nous aurons chassé le destin du fatal
Et tuer nos derniers chiens qui se mutaient en hyènes,

Quand nous serons enfin l'extrait de ce qu'on fût,
Le mince échantillon de nos propres fantômes,
Quand le goudron du temps lui-même aura fondu
Jusqu'à piller nos yeux à grands coups de glaucomes,
Quand le corps replié sous l'assaut de l'esprit,
Nous ne trouverons plus des choses à nous dire,
Quand le silence enfin boira ce qu'il a pris
Et que nous ne serons que l'invention du pire,
Quand, peut-être en dormant, un rêve plus fou qu'un autre
Prendra la direction qu'on ne lui dicte pas,
Qu'il montera si haut pour voir d'où l'on se vautre
Qu'une conscience du rêve alors s'élévera,

Quand il aura compris que pour diluer ses peurs
Il n'aura d'autre choix que de désobéir
Refuser pour admettre qu'en apesanteur
Il a le choix de tout, de tout même d'en rire.
Quand nous ne serons plus que de dures fossiles
Empierrés dans les strates d'un souvenir lointain,
Et que nos rêves, ailleurs, battront enfin des cils
Pour faire renaître un monde à qui tout appartient,
Nous nous dirons, bon sang, si j'avais su qu'un jour,
A force d'abîmer notre démocratie,
L'être humain se changea en moutons de toujours
Jusqu'à voter le pire en guise de défi.

R.B.

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