Chaque perdant du second tour des élections législatives nous dira, la main sur le coeur, que la cause de leur échec, c'est l'abstentionnisme. Ce ne sera pas de leur faute, surtout pas, ni de leur non-programme, ni de leur obsession à se faire réélire, ni d'avoir dévoyé la fonction politique en travail très rémunérateur, ni d'avoir voulu cumulé pour se gaver d'indemnités, non, c'est la faute de l'abstentionniste. Et à plus de 50% au premier tour, cela mérite de s'interroger. Mais alors, quelle économie pour le contribuable !
Car chaque électeur qui vote pour un candidat fait tinter, dans l'écuelle des partis, 1,42 euro à chaque bulletin dans à condition qu'ils aient obtenu au moins 1% des suffrages exprimés dans au moins cinquante circonscriptions ! Or, moins il y a d'électeurs, moins il y a d'argent public pour que les partis s'en gavent, chaque année, pendant cinq ans. Cela évite à des micro-partis de vivre sur le dos des contribuables. Idem pour un député qui rapporte 37.000 euros par an à sa maison.
En 2016, le montant de l'aide publique a atteint 63,1 millions d'euros (28,8 millions pour la première partie et 34,3 millions pour la deuxième partie). Le Parti socialiste a récolté 24,9 millions d'euros, Les Républicains 18,6 millions d'euros, le Front national 5,1 millions d'euros, le PCF 2,9 millions d'euros et EELV 2,8 millions d'euros. A ce tarif-là, on comprend que les partis politique aiment offrir champagne et petits fours. Et qu'avec la baisse des députés de droite et de gauche, la fête sera moins folle.
Alors, si les abstentionnistes font frissonner la narine des élus parce qu'ils refusent de se déplacer, ils permettent surtout de faire de grosses économies. Alors, pour une fois que l'abstentionnisme a un effet positif, on en va pas se plaindre, non ?