L'action séparée du maire de Vierzon et de la députée de Vierzon vis-à-vis de l'hôpital montre à quel point leurs avis sont divergents sur la question. Et pourtant, on ne peut pas dire que ni l'un, ni l'autre ne connaissent pas leur sujet. Le maire de Vierzon est, de fait, le président du conseil d'administration de l'hôpital depuis 2008 et le mari de la députée fait partie de l'équipe médicale du centre hospitalier de Vierzon.
Dans son communiqué, publié sur la page facebook de la ville de Vierzon, le maire utilise volontiers un langage guerrier de défense pour l'hôpital. Il écrit, dans son communiqué, ne pas relâcher notre vigilance" pour exiger les crédits nécessaires" à notre hôpital de proximité. Il évoque de "nécessaires mobilisations à venir pour obtenir des crédits d’investissements indispensables aux modernisations de notre équipement". Et menace en se disant prêt à faire appel au soutien des habitants du bassin de vie de Vierzon pour notre hôpital." Sauf qu'une déclaration de guerre ne vaut pas un projet clairement défini.
La députée qui a rédigé son communiqué, sur sa page facebook, après celui du maire, estime, pour a part, que "cette rallonge financière est une bonne nouvelle, mais elle n'est pas une solution" se mettant, pour se démarquer de son adversaire politique, à l'abri "des menaces et des exigences unilatérales".
Le maire n'apporte pas de solution concrète. Il se situe plutôt dans sa tour de guet, à veiller que rien ne soit retiré à l'hôpital vierzonnais : "si un groupement hospitalier de Territoire est en cours de mise en œuvre, nous n’accepterons pas que cela engendre encore plus de concentration au sein de l’hôpital de référence départemental au détriment des hôpitaux de proximité."
La députée n'apporte ne livre pas non plus un projet concret, plutôt des exhortations que l'on entend depuis plus de vingt ans : "il est nécessaire à présent de réfléchir à un projet qui conforte l'hôpital dans sa mission sur le long terme". Oui, c'est évident, mais quel projet ? Elle plaide "pour l'analyse partagée, l’écoute et le dialogue, la concertation et l'esprit de responsabilité. Il faudra aussi de l'audace et de l'imagination pour ouvrir de nouvelles pistes, nécessaires aux soins de proximité et que nous n'avons peut-être pas encore explorées". Mais lesquelles ?
Le maire et la députée sont au moins d'accord sur un fait : la préservation des acquis et la solidification des spécialités, une sorte de gestion en bon père de famille, enfin une gestion de l'électorat sans risques. Pour le maire, "il faut préserver toutes les missions de l'hôpital (médecine, chirurgie, obstétrique) et qu’il retrouve des spécialistes qui font aujourd’hui défaut au bassin sanitaire (60 000 habitants)". Pour la députée, il faut que "le centre hospitalier de Vierzon assure durablement des soins de proximité et de qualité dans les meilleures conditions possibles." Et ça ne mange de pain surtout.
Enfin, politiquement, le maire de Vierzon botte en touche, précisant bien que 'la responsabilité de la santé incombe à l’État et au Parlement qui vote les budgets." Une manière de renvoyer la balle dans le camp de la députée.
C'est oublier surtout l'interview, dans la presse locale, de Catherine Renondin, présidente de la chambre régionale des comptes (CRC) Centre-Val de Loire qui déclare : " Il y a aussi les hôpitaux de Vierzon et de Romorantin, situés à trente minutes d’autoroute. Faut-il avoir deux services de chirurgie aussi proches ? Les urgences, les maternités et les services de chirurgie coûtent cher car il faut des médecins 24 heures sur 24, sept jours sur sept." Bizarrement, aucune réaction politique n'a suivi cette déclaration. Et si la menace n'était l'ogre hospitalier berruyer mais l'hôpital de Romorantin ?