Le livre, mais surtout son auteur, font déjà beaucoup parler d'eux. Retraité depuis 2015, Bernard Ravet a été principal de collège, dans des établissements marseillais. Son livre est un cri mais que, malheureusement, les oreilles de l'Education nationale, entre autres, n'entendront pas, car elles sont bouchées. Sans parti pris, sauf celui d'un homme qui a servi l'idée de ce qu'est encore la République, de ce qu'est encore la laïcité et de ce que devrait être le collège, Bernard Ravet se place en observateur. Il a vécu l'époque où le religieux ne cherchait pas et ne dominait pas encore les esprits des collégiens. Il a vécu cette lente hypocrisie, où à force de silence, de non-dit, d'inaction, le religieux est entré, parfois sournoisement, au coeur du système scolaire.
Si son combat de tous les jours fut l'élève, difficile pour lui de se départir de son environnement qu'est la famille et la cité. Combien de fois Bernard Ravet a franchi les grilles de son collège pour rencontrer une famille, forcer une décision, aller à la rencontre de celles et ceux qui refusaient de venir le voir. Combien de fois Bernard Ravet, et avec lui, les enseignants, se sont trouvés confrontés à des situations que l'Education Nationale refusent de dépatouiller, des enseignants insultées car elles portaient des jupes par exemple.
C'est la domination du religieux dans les cantines scolaires, la fracture entre filles et garçons, la parole de l'Imam au-dessus de celle du professeur, la loi de Dieu au-dessus de celle des hommes, des apprentissages archaïques qui n'ont pour seul but que d'effacer les apprentissages de l'école républicaine. Les exemples de Bernard Ravet sont nombreux, toujours expliqués avec distance et compréhension, avec sagesse et philosophie. Dans le cadre d'un collège ouvert sur l'extérieur, c'est-à-dire le soir, où les structures sportives sont mises à la disposition à tous les habitants de la cité, Bernard Ravet sait faire la différence entre un foulard qui tente d'entrer au collège, sur une piste d'athlétisme, pendant les heures de gym, et qu'il refuse et un foulard sur le bord de cette même piste d'athlétisme mais en dehors des cours, le soir.
Bernard Ravet a observé cette pernicieuse fuite d'une certaine idée de la laïcité au profit du religieux, du poids des traditions religieuses, cette égalité entre hommes et femmes que refusent certains collégiens en cours d'éducation civique, la difficulté de certains profs d'histoire à aborder la Shoah, ou à parler de la crise du Moyen-Orient. Des reculs, des reculs inquiétants contre lesquels Bernard Ravet s'est toujours battu avec intelligence et surtout courage. L'entrisme des associations religieuses déguisées qui au coeur du collège, déploie leur prosélytisme. Et cette solitude du principal de collège face à sa hiérarchie qui sait mais ne veut pas voir, qui sait mais refuse de trancher.
Il n'y a aucun racisme, aucune islamophobie, dans le livre de Bernard Ravet, ce racisme et cette islamophobie que ne manqueront pas de brandir certains pour vider ce livre de sa substance première : le respect des valeurs de la République et la place que doit avoir la religion au milieu de ce système. Ce livre se lit avec avidité, donc rapidité, car sa force est dans l'exemple, dans le détail, dans les questions soulevées et les tentative de réponses apportées tout au long de la carrière de Bernard Ravet. Ce livre est nécessaire à la compréhension de deux mondes qui s'affrontent et de plus en plis violemment. Bernard Ravet ne juge pa,s il apporte les matériaux nécessaires à la réflexion. Et ce qu'on est en droit d'attendre c'est le liant, c'est-à-dire l'action et les décisions.
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Rodier 01/09/2017 15:31
Rodier 30/08/2017 11:31
Jm 29/08/2017 20:09
Konkong Foufou 28/08/2017 20:18