On y est : comme il y a vingt ans, avec une fermeture des urgences qui nous pendait au nez, voilà que Vierzon est acculée face au projet de fermer la maternité, d'amputer le service chirurgie, vider le service pédiatrie de son contenu, pour soi-disant sauver l'hôpital de Vierzon, un grand malade, un comble.
Regrettons tout de suite la récupération syndicale et politique. Est-ce le moment pour attiser un peu plus l'adversité, sur laquelle certains ont fait leur fond de commerce ? Est-ce le moment pour rester entre soi à cuisiner sa tambouille rétrécie, à coups de slogans et de pari électoral ? N'est-ce pas un problème qui concerne les Vierzonnais et au-delà ? Ceci dit, tentons d'entrer dans le vif du sujet.
Il fallait que ça arrive, à force de vivre à crédit, le centre hospitalier de Vierzon cumule une dette hors-norme, il n'a plus le droit d'emprunter, plus le droit d'être à découvert. On ne le répétera jamais assez : cette situation dure depuis plus de vingt ans. En vingt ans, seules les années 2009 et 2010 ont été équilibrées. Les autres ont accusé des déficits abyssaux. Certains font remonter ce problème à l'échec de la fusion entre la clinique privée du Bas-de-Grange et l'hôpital en 1994, autre temps, autre siècle, autre millénaire. Rien ne sert de refaire le passé.
Cet hôpital a failli perdre ses urgences, ils ont été reconstruits, c'est aujourd'hui, le service qui fonctionne le mieux, avec des médecins-urgentistes, des équipes, un service qui vit sans intérim médical. Cet hôpital a reconstruit sa maternité, son service de rééducation fonctionnelle, il est au top dans le domaine de la gériatrie et des soins palliatifs, il possède son propre laboratoire. Dans ces domaines-là, Vierzon est reconnue pour ses spécialités, sans doute manquent-elles de noblesse et de reconnaissance, mais là, au moins, nous sommes bons.
La réalité qui malheureusement s'impose, n'est pas celle, facile, démagogique, qui consiste à dire, il faut tout sauver à tout prix. Car on sait que l'hôpital ne pourra pas tout sauver, il ne pourra pas et réduire son déficit, et avoir une trésorerie, et sauver tous ses services. Celles et ceux qui veulent faire croire le contraire sont les mêmes qui ont entretenu un système qu'ils savaient à bout de souffle, les mêmes qui par impératif politique et syndical, ont fait croire qu'il s'agit de mettre du charbon dans la machine pour qu'elle avance. Alors que le problème est plus profond, qu'il va au-delà d'un problème de tarification handicapante pour l'hôpital, un problème de recrutement, de coopération. Pourquoi ça ne marche pas ?
Ces considérations ne signifient pas qu'il faut baisser les bras, jeter le bébé avec l'eau du bain. Mais y-a-t-il d'autres solutions, en dehors des vieux couplets qu'on nous ressasse depuis deux décennies ? Le raccourci qui consiste à dire que le gouvernement baisse l'ISF mais laisse mourir les hôpitaux n'est pas recevable, ceci est du langage politique et l'hôpital a plus besoin de médecins, de bonnes volontés, d'initiatives que de verve politique au bout d'un micro. Et surtout, l'hôpital n'a pas attendu la baisse de l'ISF pour être dans le rouge.
La question, c'est aussi de savoir si Vierzon, malgré son bassin de 60.000 habitants, a encore les moyens d'avoir un hôpital comme celui-ci ? Peut-on continuer la course aux rallonges budgétaires, ce n'est pas un sport sain. Oui, la solution serait de mettre dix millions d'euros sur la table, effacer le passif et repartir comme en 40. Sans rien régler. L'émotion légitime que suscite ce couperet (fermeture de la maternité) est d'autant plus sensible que ce service est un symbole. Peut-être faut-il dépasser le symbole, proposer autre chose, conforter l'hôpital dans ce qu'il a de bon. On peut aussi ne rien dire. Ne rien faire; Et toujours rejeter la faute sur les autres pour se donner l'illusion d'avoir raison.