
Nadia Essayan, députée Modem de la circonscription Vierzon-Bourges, appartenant à la majorité présidentielle d'Emmanuel Macron, a répondu aux questions de Vierzonitude sur les sujets chauds qui préoccupent actuellement les Vierzonnais : la raréfaction des empois aidés qui ont une conséquence directe sur le fonctionnement d'associations vierzonnaises dont l'AJCV; l'insécurité; les menaces qui pèsent sur les emplois et les services de l'hôpital de Vierzon.
Mais aussi sur les reproches politiques récurrents faits à la députée d'être absente et ne pas se saisir des problèmes vierzonnais. Nadia Essayan répond à toutes ces questions, ainsi qu'à celles liées au non-cumul des mandats, à son travail parlementaire et à son engagement derrière Emmanuel Macron.
Nadia Essayan fait partie de la commission Affaires culturelles, enseignement inclus l’enseignement supérieur et la recherche, sport et vie associative ainsi que du groupe de préparation des jeux olympiques et paralympiques, d’un groupe de travail sur la coopération, de l’union interparlementaire, et enfin du groupe d’amitié France-Liban.
A propos des emplois aidés, notamment à l'AJCV (Association des jeunes créateurs vierzonnais)

Que dites-vous, par exemple, à l'AJCV dont le fonctionnement risque d'être très perturbé par la suppression (pour cette association) d'emplois aidés ? Une décision du gouvernement que vous soutenez.
Je leur dis que je comprends leur inquiétude. J’ai déjà eu l’occasion de m’exprimer à ce sujet, je trouve que la décision de réduire les contrats aidés à été trop rapide, mais elle n’est pas due au gouvernement actuel. Nous partons d’une situation qui était très difficile à gérer.
C’est le gouvernement précédent qui a décidé de réduire drastiquement la voilure en passant de 480.000 en 2016 à 260.000 contrats budgétisés seulement en 2017. Ce même gouvernement a, de plus, engagé les 2/3 de ces contrats au premier trimestre. Le gouvernement actuel a été contraint de rajouter 30.000 contrats supplémentaires malgré les contraintes budgétaires et la volonté de contenir un déficit bien plus grave que prévu ! Alors oui, les situations particulières sont difficiles mais la situation générale l’est également et il a fallu gérer dans l’urgence. D’où ce sentiment de brutalité dans la mesure.
Quelle solution de rechange pour que l'AJCV continue à fonctionner dans le quartier du Clos-du-Roy ?
J’ai écrit à madame la Préfète pour lui demander de regarder de près la situation et tenter de préserver au maximum les missions exercées par cette association qui a fait ses preuves. Par ailleurs, je crois qu’il peut être intéressant de regarder du côté des propositions du gouvernement actuel pour voir quelles sont les pistes nouvelles qui se mettent en place, comme l’opération « Devoirs faits », très intéressante, qui démarre à la Toussaint dans les collèges et à la rentrée prochaine dans les écoles et qui aura besoin de la collaboration des associations d’aide aux devoirs et des contrats civiques, ainsi que des assistants d'éducation et des enseignants volontaires.
A propos des menaces qui pèsent sur les emplois et certains services de l'hôpital de Vierzon.

Autre problème : l'hôpital. Comment en est-on arrivé là ?
C’est une longue histoire… On peut se poser la même question pour toute la France ! Nous avons certainement manqué de vision d’avenir et avons du mal à passer au travail collaboratif sur l’ensemble d’un territoire pour réaliser des restructurations intelligentes. Chaque hôpital fonctionne tout seul et les décisions se prennent dans la douleur et non dans la concertation.
Concernant Vierzon plus particulièrement, le déficit est structurel, ancien, et il s’est encore creusé faute d’une part de mesures restructurantes au long cours, et d’autre part d'activité médicale, notamment à cause d’un déficit de praticiens résultant du manque d’attractivité de la ville. Enfin, le Groupement hospitalier de territoire n’a pas encore permis d'améliorer l’offre de soins à Vierzon, ni en quantité, ni en spécialité.
J’ai rencontré le directeur de l'hôpital fin juillet et la directrice de l’Agence régionale de santé début août. C’est d’ailleurs ce rendez-vous qui a débloqué l’aide d’un million d’euros pour l’hôpital. Je viens d’écrire à nouveau à la directrice de l’ARS avec copie au directeur de l'hôpital, suite à l'interpellation de trois groupes de représentants syndicaux, la CGT, FO et la CFDT. Je travaille à ma place de députée, dans le respect des différentes parties et de leur rôle, dans l'écoute de tous, et pour des solutions durables.
A propos de l'insécurité à Vierzon et des renforts de policiers.

L'insécurité mine Vierzon. Etes-vous d'accord pour dire que des effectifs supplémentaires de policiers sont inutiles ?
Aujourd’hui, je pense que la population a besoin de voir une présence policière dans la ville. Les derniers événements montrent que la situation s’est encore dégradée et qu’on ne peut plus laisser Vierzon couler, comme c’est le cas actuellement. Je vois que madame la Préfète a pris la mesure du risque en installant le groupe local de traitement de la délinquance, pour suivre et traiter au plus près les problèmes. Cela va permettre, je pense, de mieux juger ce qui se fait déjà et d’ajuster l’action à venir. C’est d’ailleurs la philosophie générale du ministre de l’intérieur Gérard Collomb qui veut remettre en place de la police de proximité dès la fin de l’année.
Quelles solutions pour que Vierzon retrouve son calme ?
Je crois à l’intelligence collective, à l’audace et au courage, et le groupe local de traitement de la délinquance installé par la Préfète ira dans ce sens. Mais je crois aussi à la présence sur le terrain, au plus près des citoyens. Si la situation s’est autant dégradée, il y a peut-être aussi des questions à se poser sur l’action politique de ces dernières années, mais je ne veux pas polémiquer à ce sujet parce que je pense que le maire n’a pas encore digéré sa défaite aux législatives.
Et pourtant, ces élections ont mis fin au cumul des mandats. Pas dans le sens qu’il espérait, certes… Mais c’est une excellente chose. Je ne peux pas comprendre, en voyant le rythme que nous avons et les très nombreuses sollicitations sur l'ensemble de la circonscription, ainsi que les demandes de nombreux citoyens, auxquels se rajoutent le travail à Paris, les longues soirées dans l'hémicycle, les journées pleines à craquer, je me demande vraiment comment on pouvait cumuler ainsi des mandats... Même avec des collaborateurs !
Allez-vous intervenir auprès du ministre de l'intérieur et de la justice en faveur de Vierzon ?
Si c’est nécessaire, oui. Pour le moment, je fais confiance aux représentants de l’Etat qui sont en place, et avec lesquels j’entretiens des liens réguliers et de confiance.
A propos des reproches faits à la députée sur son absence d'engagement sur notamment l'insécurité et l'hôpital de Vierzon.

On vous reproche de ne pas intervenir, on vous reproche même d'être, par le biais de votre appartenance politique à la majorité gouvernementale, à l'origine de ces suppressions qui se profilent. Qu'en pensez-vous ?
Tout d’abord, intervenir, pour moi, ce n’est pas gesticuler et paraître dans les médias avec des mises en scène et des menaces. Ce n’est pas non plus polluer les problèmes avec ses frustrations politiques. Nous avons besoin aujourd’hui de solutions pragmatiques, prises dans le calme de la concertation.
Tout le monde sait que la situation est difficile, et qu’il faut absolument aboutir à une solution viable et positive pour le territoire, qui prenne en compte les besoins de la population dans une vision globale de l’offre de soins, en ville comme à l'hôpital, dans le public comme dans le privé, et ce, dans un contexte de désertification médicale.
A propos du non-cumul de mandat et de l'ancrage d'un député dans son territoire

Vous êtes députée mais plus conseillère municipale d'opposition. Est-ce que l'absence d'ancrage local est un frein à la perception des problèmes du terrain ?
Je ne perçois pas du tout le début de ma mandature comme une absence d’ancrage local, au contraire. La circonscription, ce n’est pas que Vierzon. J’ai eu une première période de prise de contact avec les grandes administrations et les principaux établissements, ainsi que certaines entreprises, des représentants syndicaux, associatifs, des porteurs de projets, la rentrée scolaire, universitaire, etc.
Je m’occupe du problème de l’AJCV et de celui de l'hôpital, mais aussi de la Cour d’appel de Bourges et d’autres problématiques, souvent en lien avec mes deux autres collègues députés du Cher. J’en profite pour dire que nous avons cette force de bien nous entendre et de travailler ensemble selon les besoins, Loïc Kervran, Francois Cormier-Bouligeon et moi. Par ailleurs, mes trois collaborateurs me remplacent quand je suis à Paris.
Aujourd’hui on peut suivre mes actions quasiment au jour le jour sur Facebook, mais il y aura bientôt « La lettre de votre députée » qui sera plus largement distribuée et qui nous donnera l’occasion de repartir sur les marchés à la rencontre des uns et des autres. Il y aura aussi des permanences. Tout se met en place petit à petit. Je veille à garder un bon équilibre entre ma présence dans l’hémicycle, mon travail en commission et ma présence dans l’ensemble de ma circonscription.
A propos de l'engagement politique de la députée de Vierzon.

Vous ne regrettez pas votre engagement derrière Emmanuel Macron ?
Pas du tout. Je me sens très bien dans mon groupe MoDem, dans la majorité présidentielle, et je souhaite que l’on réussisse ! Nous, membres du groupe « MoDem et apparentés », avons notre particularité de « gens d'expérience » mais nous sommes tous des nouveaux à l'Assemblée, au même titre que les marcheurs. Nous avons beaucoup à nous apporter mutuellement face à des partis divisés qui se disputent la place de meilleurs opposants.
Les mesures que prend ce gouvernement ne sont pas forcément toutes bien accueillies mais tout le monde sait que la situation est tellement difficile qu’il faut aujourd’hui avoir le courage de transformer, en montrant le cap. Mais il faut aussi faire preuve de pédagogie, de beaucoup de pédagogie pour expliquer et rassurer, et il faut également bien prendre en compte les plus fragiles. Ce sont là deux points auxquels je serai très attentive.