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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Un samedimanche à Vierzon

Publié par vierzonitude sur 22 Octobre 2022, 13:00pm

Un samedimanche à Vierzon

Vous ne connaissiez pas le huitième jour de la semaine, le voici : le samedimanche. Un samedimanche à Vierzon, entre la lumière blafarde d'un samedi essoré et l'extinction des feux d'un dimanche sans énergie. Ce samedimanche, à Vierzon, oscille entre les pas comptés sur les trottoirs du centre-ville et la trotteuse automobile des voitures qui glissent avenue de la République. De ce fait, on peut croire qu'il y a du monde, mais c'est surtout du mouvement, des oscillations, des vaguelettes tranquilles et paresseuses. Mollement, la ville tente d'étirer les heures de l'après-midi jusqu'à atteindre celles de la soirée.

Désespérément, on cherche cet échantillon de foule qui rappellerait, par son côté massif, la fréquentation des rues lorsque celles-ci respiraient encore. Avec, en ligne de mire, le trou béant laissé par la démolition d'ancien Gifi, siège historique des Nouvelles-Galeries alors centenaires, on sent comme un appel d'air qui aspire, en fait, ce que Vierzon fût sans pour autant le recracher comme elle devrait être. C'est assez fascinant d'imaginer avoir quitté Vierzon, il y a cinquante ans, pour y revenir aujourd'hui, réenclencher les pas de ses habitudes dans les lignes actuelles et tenter de savoir ce qui changé ou pas, ce qui est immuable, ce qui a fondu, ce qui s'est érigé, érodé, agrandi.

Le samedimanche à Vierzon n'est qu'une histoire de verre à moitié vide et de verre à moitié plein. Les analystes du bonheur argueront, que, ma bonne dame, les temps changent, l'individualisme, les achats sur Internet, la volubilité des consommateurs, la raréfaction des commerces, le changement de société, les gens qui partent, tout ça, font que Vierzon en 2021, n'a pas la même gueule que Vierzon en 1971, ou 1981. Avant, ce serait carrément de la nostalgie et à Vierzon, on le sait bien, on déteste la nostalgie. Les analystes du pessimiste ambiant vous diront que, de toute façon, ici, l'avenir ne s'écrit pas et que la ville croule sous les problèmes qu'elle n'a jamais résolu. Du coup, entre les tenants d'un oui-ouisme échevelé et les tenants d'une noirceur aussi compacte qu'un trou noir dans l'univers, on en arrive à se planter au milieu d'un trottoir, à mouiller son doigt pour savoir ensuite d'où ce qui nous arrive et ce qui ne nous arrive pas. Le samedimanche s'étire, surtout l'après-midi.

Le matin, encore, le marché offre aux habitués, cet afflux sanguin de clientèle qui s'agite comme des globules dont on ne précisera pas la couleur pour éviter une polémique politique. Et, doucement, alors que les places se vident des vendeurs, la ville sombre dans sa seconde mi-temps, moins agitée, plus fluide, ralentie, une sorte de demi-sommeil où l'on hésite : un amnésique ne saurait pas dire s'il l'on est samedi ou dimanche.

Peut-être samedi car les commerces sont majoritairement ouverts, dimanche parce que les Vierzonnais semblent avoir été avalés par cette ville qui se rétrécit. En la traversant, après avoir été chercher un journal quotidien à la maison de la presse, en remontant l'avenue de la République, en jetant unr gard aux trottoirs, un instant, une question brutale arrive. Et si nous étions dans un jour sans fin, un éternel recommencement, mais avec ce désavantage tragique, c'est qu'à chaque fois qu'il se renouvelle, il s'étiole. Les nuages bas sont lourds et sombres.

Ne cherchez pas dans ce samedimanche, une raison de passer par pertes et profits. Nous en sommes à la colonne des pertes. Bien sûr, c'est triste, mais quand vous avez connu des samedis vierzonnais et que vous fréquentez ceux-ci, une certaine nostalgie post-rentrée scolaire, frappe à la porte de vos souvenirs. Et il faut alors le dire, il faut que ça sorte. C'est fait. Demain ce sera dimanche, un vrai dimanche à Vierzon où l'on ne se croira même pas lundi.

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C
Le jour prolongé où on peut enfin se promener en toute quiétude dans une ville calme, apaisée, propice aux flâneries que les excités de tous poils ne peuvent concevoir. Il est plus qu'urgent de les regrouper sur des aires spécifiques afin de leur permettre de se mélanger, voire de se bouffer entre eux puisqu'il n'y a que la frénésie pour les inciter à se bouger. Ah, vivement samedimanche prochain.
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C
La ville s'endormait <br /> Et j'en oublie le nom <br /> Sur le fleuve en amont <br /> Un coin de ciel brûlait <br /> La ville s'endormait <br /> <br /> Et j'en oublie le nom<br /> Et la nuit peu à peu<br /> Et le temps arrêté<br /> Et mon cheval boueux<br /> Et mon corps fatigué<br /> Et la nuit bleu à bleu<br /> Et l'eau d'une fontaine<br /> Et quelques cris de haine<br /> Versés par quelques vieux<br /> Sur de plus vieilles qu'eux<br /> Dont le corps s'ensommeille<br /> <br /> La ville s'endormait<br /> Et j'en oublie le nom<br /> Sur le fleuve en amont<br /> Un coin de ciel brûlait<br /> La ville s'endormait<br /> Et j'en oublie le nom<br /> Et mon cheval qui boit<br /> Et moi qui le regarde<br /> Et ma soif qui prend garde<br /> Qu'elle ne se voit pas<br /> Et la fontaine chante<br /> Et la fatigue plante<br /> Son couteau dans mes reins<br /> Et je fais celui-là<br /> Qui est son souverain<br /> On m'attend quelque part<br /> Comme on attend le roi<br /> Mais on ne m'attend point<br /> Je sais depuis déjà<br /> Que l'on meurt de hasard<br /> En allongeant les pas<br /> <br /> La ville s'endormait<br /> Et j'en oublie le nom<br /> Sur le fleuve en amont<br /> Un coin de ciel brûlait<br /> La ville s'endormait<br /> Et j'en oublie le nom<br /> Il est vrai que parfois près du soir<br /> Les oiseaux ressemblent à des vagues<br /> Et les vagues aux oiseaux<br /> Et les hommes aux rires<br /> Et les rires aux sanglots<br /> Il est vrai que souvent<br /> La mer se désenchante<br /> Je veux dire en cela<br /> Qu'elle chante<br /> D'autres chants<br /> Que ceux que la mer chante<br /> Dans les livres d'enfants<br /> Mais les femmes toujours<br /> Ne ressemblent qu'aux femmes<br /> Et d'entre elles les connes<br /> Ne ressemblent qu'aux connes<br /> Et je ne suis pas bien sûr<br /> Comme chante un certain<br /> Qu'elles soient l'avenir de l'homme<br /> <br /> La ville s'endormait<br /> Et j'en oublie le nom<br /> Sur le fleuve en amont<br /> Un coin de ciel brûlait<br /> La ville s'endormait<br /> Et j'en oublie le nom<br /> Et vous êtes passée<br /> Demoiselle inconnue<br /> À deux doigts d'être nue<br /> Sous le lin qui dansait
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