Il faut se rendre à l'évidence : Vierzon a rétréci. Il n'y a qu'à lire l'interview du maire de Vierzon, jeudi, dans la presse locale, pour s'apercevoir de ce phénomène. Tout rétrécit à Vierzon : le personnel de l'hôpital, l'influence même de l'hôpital qui semble boudée par celle de Bourges. L'influence de Vierzon rétrécit, que reste-t-il de sa place, dans le Cher aujourd'hui, si ce n'est la seconde ville du département par son nombre d'habitants ? Mais son statut de ville-centre, au coeur d'un noeud autoroutier ne lui a jamais profité, pas plus que son statut de ville-centre au niveau ferroviaire. La ville rétrécit, se rétracte, se replie sur elle-même. Bien sûr, elle fait le bonheur de certains, l'immobilier bradé, des jardins, de l'eau et de la forêt. Pas regardant, les nouveaux habitants semblent avoir vécu dans des villes bien pire, lit-on dans leurs commentaires, alors Vierzon, franchement, c'est le paradis. Sans doute ne lisent-ils pas la presse locale, ou Vierzonitude... La ville risque même de passer sous pavillon de la gendarmerie, ultime affront fait aux élus. Déjà que la sous-préfecture ne sert plus à rien...
Tous ces changements sont mal vécus... par les élus qui ont l'impression de gérer une ville déclassée. Les médecins qui s'en vont sous des cieux meilleurs et qui ne sont pas remplacés. L'agence régionale de santé qui refuse d'injecter encore de l'argent dans le gouffre sans fond de l'hôpital. L'sEtat qui traîne des pieds pour investir dans un nouveau commissariat. On le comprend si les gendarmes arrivent... L'Etat qui n'alloue pas de renforts de police. La Préfecture qui restreint les heures d'ouverture du bowling pour lutter contre les bagarres. Et personne ne se pose les questions essentielles, de savoir pourquoi autant de mépris ? Pourquoi Vierzon est devenue ce qu'elle est ?
Quand on lit l'interview du maire, on ne voit aucun projet basique pour Vierzon, que des grands travaux pour faire mouser un mandat, une énième restructuration du quartier du Tunnel-Château, le quartier chouchou du maire. La rénovation de l'auberge de jeunesse pour le projet du canal de Berry à vélo. Très bien, mais, n'y-a-t-il pas des priorités plus urgentes, non ? Comme des trottoirs potables, des routes lisses, une ville propre. On se croirait dans les années 1980 à l'heure des opérations programmées de l'habitat, où la ville, encore dans sa torpeur, essayait de briller un peu.
On nous enfonce bien dans le crâne la rénovation de l'îlot Brunet-Rollinat mais on ne sait toujours pas ce qu'il va s'y faire, en fait. Rien pour les rues piétonnes, rien pour l'avenue de la République. On sent, avec acuité, que les préoccupations majeures d'une poignée d'élus n'est pas celle des 28.000 habitants de cette ville. On nous explique que les camions c'est l'avenir de Vierzon. On pend la reprise de l'économie pour le fruit ds initiatives municipales. Vierzon se rétrécit. Mais peu importe pourvu que les mêmes continuent de régner sur leur petit territoire. Pourtant, ne serait-il pas temps de faire une ville à la hauteur des habitants et pas à la hauteur de quelques ambitions politiques ?