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Vierzonitude

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La députée Nadia Essayan s'explique longuement sur la problématique de l'hôpital de Vierzon

Publié par vierzonitude sur 8 Janvier 2018, 14:03pm

La députée Nadia Essayan s'explique longuement sur la problématique de l'hôpital de Vierzon

Quelle est votre position concernant l’hôpital de Vierzon ?
 

Tout d’abord, qu’on se le dise, l’hôpital de Vierzon, en tant que tel, n’est pas menacé ! La question qui se pose actuellement est celle du bloc opératoire qui est vieillissant : faut-il y faire des travaux d’envergure alors qu’on ne sait pas si l’on aura les chirurgiens et les anesthésistes nécessaires, ou bien faut-il maintenir uniquement une chirurgie ambulatoire qui nécessite moins de travaux mais ne permet pas de conserver une activité de nuit et donc, par sécurité, les accouchements ? Si cette deuxième option était retenue, la maternité deviendrait un centre de périnatalité qui accueillerait les femmes jusqu’avant leur accouchement et ensuite pour le suivi postnatal.


Pour ma part, j’émets des réserves concernant la possibilité de ne garder que de la chirurgie ambulatoire et un centre de périnatalité. Je crois que Vierzon, du fait du vieillissement de la population et de sa paupérisation, a besoin d’un maximum de proximité. De plus, cet hôpital dessert un bassin de vie de plus de 50.000 habitants, ce n’est pas rien. Par ailleurs, si les patients de Vierzon sont transférés dans d’autres hôpitaux, il n’y a pas de garanties qu’on leur trouve de la place, sans compter que leur déplacement représente un coût également, à leur charge ou à la charge de la collectivité. Mais en disant cela, on n’a rien résolu du tout. 


Aujourd’hui, il faut prendre en compte la grande difficulté à recruter des médecins, ce qui entraîne des surcoûts importants pour l’embauche d’intérimaires, alors que le budget est déficitaire. De nouveaux investissements attireront-ils de nouveaux chirurgiens et de nouveaux anesthésistes ? On peut l’espérer mais il faut rester prudent car le nouveau centre municipal de santé n’a pas, pour le moment et d’après mes informations, réussi à embaucher de nouveaux médecins, malgré les investissements réalisés.


De plus, rénover le bloc opératoire écarte pour un bon moment les travaux nécessaires dans d’autres services, dont, notamment, la médecine qui réalise une grande part de l’activité de l’hôpital. Les services de médecine sont depuis quelques années dans des locaux vétustes, et auraient également un besoin urgent de rafraîchissement ou de déménagement pour accueillir et travailler dans de bonnes conditions.
Quelle décision prendre dans ce contexte ? Avec quels financements ? Comment saisir l’occasion du projet d’établissement pour discerner les besoins prioritaires et les réponses adaptées ?

 

On sait que le gouvernement voudrait mettre le paquet sur la prévention. Il souhaite aussi développer davantage l’hospitalisation à domicile et la télémédecine. Le rôle des infirmières et des infirmiers est appelé à évoluer. La relation public-privé change également, etc. On le voit, les choses bougent et l’hôpital de Vierzon, comme les autres, doit s’adapter continuellement. Aujourd’hui, des problématiques sont posées. Elles demandent un travail de fond avec un maximum d’acteurs concernés, les premiers étant l’équipe médicale. Avec cette question : que peut-on apporter de plus, de mieux pour répondre aux évolutions actuelles ? Jusqu’à déboucher sur des propositions appropriées.
 

A titre d’exemple, nous avons mené, en novembre dernier, un travail unique et remarquable à Bourges, concernant la Cour d’appel sur laquelle pesait une menace de fermeture. Au lieu de se contenter de manifester comme cela se faisait ailleurs, les responsables de la Cour d’appel, des responsables de services partenaires, des personnalités civiles et l’ensemble des parlementaires, députés et sénateurs, ont organisé une journée de travail à l’issue de laquelle nous avons fait des propositions qui amélioraient la carte judiciaire en transformant l’activité à Bourges, sans toutefois qu’il n’y ait de pertes, au contraire.
 

Nous attendons de savoir comment nos propositions seront prises en compte, mais au moins, nous avons été chercher l’intelligence collective et nous avons fait des propositions qui tenaient compte des évolutions et de la réalité régionale et locale. 

 

Qu’attendez-vous du projet d’établissement ? 
 

Le projet d’établissement du centre hospitalier est en cours d’écriture. Sans doute nous réservera-t-il de bonnes surprises. J’ai proposé que soit sollicitée l’aide de l’ARS (Agence régionale de santé) qui compte des personnes expérimentées dans le montage des projets, je ne sais pas si cette proposition a été retenue.
 

Le projet devrait s’inscrire également dans la logique du Groupement Hospitalier de Territoire (GHT) qui doit assurer l’égalité dans l’accès aux soins pour tous les habitants du département. Je suppose que c’est le cas. Ce projet doit être audacieux, innovant, imaginatif, courageux ! Il doit explorer de nouvelles voies. La chirurgie des personnes âgées est une proposition novatrice avancée par certains et qui vaudrait la peine qu’on la creuse davantage. La prise en charge multidisciplinaire de la maladie alcoolique et d’autres maladies chroniques est aussi une urgence à laquelle il faut répondre en établissant un projet avec différents partenaires. Il y a des besoins du côté de la prévention, du suivi des jeunes parents, il y a aussi les priorités gouvernementales dont j’ai parlé plus haut, etc.


Enfin, je pense aussi qu’il peut être salutaire de visiter d’autres établissements de même taille qui ont opéré une mutation afin d’éviter de répéter certaines erreurs mais surtout de pouvoir s’inspirer d’expériences innovantes et intéressantes pour notre territoire. Je suis persuadée que le Centre hospitalier de Vierzon peut se développer. Mais on peut aussi rater le train !

 

Qu’avez-vous fait vous-même pour l’hôpital de Vierzon ?
 

Je n’ai jamais prétendu être la seule à agir. Tout le monde fait sa part, selon ses convictions et le sens de ses responsabilités. Cependant, je n’arrive pas à comprendre que certains puissent dire que je ne fais rien... C’est soit de l’aveuglement soit de la médisance. Si l’ARS m’a écrit pour m’annoncer l’aide accordée à l’hôpital, ce n’est tout de même pas sorcier d’en tirer les conclusions.
 

En 2015, j’ai proposé la création d’un comité de soutien à l’hôpital. Je ne voulais pas m’y impliquer trop directement afin qu’il ne soit pas marqué politiquement mais qu’il soit ouvert à tous. Je regrette qu’il n’ait pas perduré. Il aurait été aujourd’hui un lieu de réflexion et de propositions constructif.
 

Depuis que je suis élue députée, j’ai commencé, dès le mois de juillet, par rencontrer et écouter un certain nombre d’acteurs : le directeur de l’établissement, les syndicats, la directrice de l’ARS, certains médecins, des patients. J’ai alerté mes collègues députés et sénateurs du Cher et ils ont cosigné une lettre que j’ai écrite et envoyée à la directrice de l’Agence Régionale de Santé, Mme Bouygard, demandant que le centre hospitalier soit aidé financièrement et accompagné dans son projet. J’y exprimais la crainte de voir s’éloigner des services qui sont précieux réellement et symboliquement dans une ville qui souffre déjà du chômage et d’un sentiment d’abandon et de dégradation.


J’ai demandé et obtenu, - alors que ce n’était pas évident parce que l’on pouvait craindre un mauvais accueil - que la directrice de l’ARS vienne rendre visite à l’hôpital, rencontre le personnel, « sente l’ambiance », parce que je suis persuadée qu’on discerne mieux les décisions à prendre quand on a été au plus près de la réalité. Je voulais aussi que les Vierzonnais sachent que l’on s’intéresse à eux, que l’on vient vers eux. J’ai eu la même démarche pour le commissariat de Vierzon en demandant la venue du conseiller Police du ministère afin que les problèmes soient discutés sur place et avec les personnes concernées, et non par l’intermédiaire de dossiers. Dans les deux cas, le déplacement a été apprécié.


Je suis intervenue dans l’hémicycle, en décembre, lors des questions au gouvernement, pour alerter sur la désertification de notre territoire et sur la nécessité d’y maintenir des services publics. Et ce n’est pas fini. Je reviendrais à la charge très prochainement du côté de l’hôpital et de l’ARS pour savoir comment les choses évoluent. Et j’ai d’autres projets d’intervention dont je parlerais en temps voulu.
 

Pour autant, le plus gros problème aujourd’hui est celui de l’arrivée de nouveaux médecins. Comme d’autres, je cherche et active mes réseaux. Un médecin de l’étranger dont le diplôme est français pourrait bientôt renforcer l’équipe médicale. Nous l’accompagnons pour les démarches de son embauche qui sont plus compliquées que nous le pensions.

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