Il n'existe pas que deux façons strictes de voir la grève des cheminots : les pour, les gentils d'un côté et les contre, les méchants, de l'autre. Car les pour ont autant de raisons d'être pour que les contre ont de raisons d'être contre, question de points de vue.
Il n'existe pas une solution, universelle qui serait le soutien unanime à ce mouvement débuté en avril jusqu'à fin juin. Comme il n'existe pas une solution universelle, le rejet plein et entier du mouvement.
Il n'y a pas que des usagers mécontents et des cheminots mobilisés.
Il n'y a pas une vision binaire et simpliste disant, à tort, que ceux qui sont contre la grève sont forcément anti-cheminots.
Il n'y a surtout pas, une volonté affirmée, en ne disant pas que du bien de cette grève, de jeter les cheminots dans la gueule de l'ultra-libéralisme, de la concurrence, de la privatisation et de l'arrêt de mort du service public.
Les usagers, qu'ils soient pour ou contre la grève, prennent le train, subissent les retards, les machines vieillottes, les désagréments quotidiens où l'incertitude prend la place de la certitude huilée des trains qui doivent arriver à l'heure et partir de la même façon. Les usagers, aussi, sont confrontés à une réalité désagréable. Ils n'ont que peu de moyens d'en exprimer les conséquences sur leurs vies.
Il n'y a pas, dans le refus d'applaudir des deux mains un mouvement qui ne réjouit pas les cheminots et handicapent les usagers (l'inverse est aussi vrai), une action volontairement anti-sociale, anti-cheminote, anti-statutaire, profondément ultra-libérale, anti-gauche.
Dans la volonté légitime des cheminots d'agréger un maximum de soutiens, on ne devrait pas ressentir cette obligation à ne pas faire autrement que d'être pour, afin d'être du côté des gentils.
La grève est aussi évidente pour ceux qui en sont les acteurs qu'elle ne l'est pas pour une partie de ceux qui la subissent.
Car on en arrive à des invectives et à des dialogues de sourds, à des paroles qui ne devraient pas avoir cours. On doit pouvoir critiquer le mouvement comme les cheminots doivent pouvoir critiquer le gouvernement.
On en arrive à ce que les uns, reprochent aux autres, le mépris dont ils usent eux-mêmes, sous prétexte qu'ils croient avoir raison contre ceux qui ne pensent pas comme eux. Cela n'a jamais accouché de débats sains et sereins.
Il n'y a pas de vérité absolue. Un exemple : les syndicats affirment que le gouvernement veut privatiser la SNCF. Le gouvernement répond que non. Si l'on croit les cheminots, nous sommes les gentils. Si nous accordons du crédit au gouvernement, nous devenons des vilains. Est-ce ainsi que les choses doivent vraiment être ?
On nous explique que la disparition du statut du cheminot ne résoudra pas la dette de la SNCF. Oui, comme cette disparition n'empêchera pas non plus les trains d'être en retard.
Il faut comprendre que TOUT LE MONDE ne danse pas dans la rue aux côtés des cheminots, ça viendra peut-être. Leurs préoccupations, une fois de plus, légitimes, ne sont pas celles de tous les autres. Comme les préoccupations des usagers ne sont pas toutes celles des cheminots.
Ne pas être d'accord ne signifie pas être contre.
Etre contre ne signifie pas être l'ennemi absolu.
Chacun a des priorités, en ce moment : les cheminots (entre autres) celles de se battre pour leur entreprise et pour eux-mêmes.
Les usagers celles de trouver un moyen de transport.
Comme des cheminots ont le droit de dire que le gouvernement les em..., des usagers ont le droit de dire que la grève les em... Est-ce pour autant que les uns et les autres sont irréconciliables ?
Commenter cet article
visiteur 18/04/2018 10:03
visiteur 19/04/2018 10:47
J 18/04/2018 21:34
visiteur 18/04/2018 14:30
J 18/04/2018 12:38
Fifi Loulou 17/04/2018 22:39
Le Golfeur Rouge 17/04/2018 15:50
J 17/04/2018 14:29