L'image. C'est elle qui compte. Avec elle, la force du symbole. Mais avant tout l'image. Car dans un mouvement long, comme celui dans lequel s'est engagé l'intersyndicale de l'hôpital de Vierzon, l'iconographie du conflit est essentiel. La grève illimitée, en matière de santé, dans un hôpital, n'est pas du tout à l'échelle d'une grève des cheminots, par exemple, qui, tous les trois jours, paralysent le trafic pendant deux. L'hôpital n'est pas le service ferroviaire. La force de "frappe" de la grève n'a pas le même impact. Il impose alors à l'intersyndicale d'essorer la moindre idée, de rebondir sur la moindre phrase.
Depuis trois semaines, les membres de cette intersyndicale qui sont les membres des quatre syndicats de l'hôpital de Vierzon, ne manquent pas d'idées. Elles doivent être fédératrices car l'appui de la population, vierzonnaise et au-delà de Vierzon, est la clef de cette mobilisation.
L'intersyndicale n'use que très peu du communiqué. On le voit, ce qui est essentiel, c'est l'image. Les lits sur la chaussée, la banderole adressée à la députée, la marche des ballons, la foule à la marche blanche, le brancardage, la marche des femmes enceintes et bien sûr, les poupons accrochés aux grilles de l'hôpital...
Plus les images imprègnent la rétine, plus le mouvement cristallise le mécontentement populaire car il est hors de question d'économiser sur la santé, c'est impopulaire. La maternité est le symbole, elle ferait presque oublier les menaces sur d'autres services, aussi importants dans un hôpital, mais moins en vue que la maternité. La menace qui pèse sur cette maternité ne doit pas faire oublier les suppressions de postes, la chirurgie en équilibre, le bloc opératoire qui a besoin de rénovation...
Le bureau du directeur "muré", ce mardi matin, participe à imposer la suprématie incontournable de l'image dans un tel mouvement. Des images qui doivent circuler, faire sens, arriver jusqu'aux pupilles des intéressés. Depuis trois semaines, et comme jamais, l'intersyndicale a multiplié ces images, elle a enfilé, comme des perles, les symboles. Et pourtant, ces trois semaines de conflit vierzonnais entrent en résonance avec les problèmes des urgences de Bourges dont le Monde daté mardi 26 juin en fait encore référence.
Si l'hôpital de Vierzon avait eu un problème avec ses propres urgences, aurait-il été entendu, considéré avec plus d'acuité qu'une menace sur la maternité, la chirurgie et sur un nombre trop important d'effectifs en moins à venir ? La question se pose. Comme si, en insistant sur les urgences de Bourges (ce problème reste important), on faisait croire que les problèmes vierzonnais ne sont pas cruciaux... Pourtant, Bourges n'est à l'origine que d'une seule marche blanche tandis que Vierzon multiplie les assauts d'amabilité pour se faire entendre et être écouté.
Il n'y a pas de guerre des images, ni des symboles. Il y a, comme ailleurs en France, on le voit à travers la presse, une colère hospitalière, véhiculée par celles et ceux qui la vivent : les personnels.
A Vierzon, l'autorité de tutelle tente de faire passer son indifférence par un souci de non-ingérence dans le projet médical, alors que déjà existant, ce projet médical doit être remanié pour faire plaisir à l'autorité de tutelle. Faire croire sue l'ARS ne pilote rien alors qu'elle s'appelle autorité de tutelle... Contre cela, l'intersyndicale cherche l'image la plus forte qui puisse faire douter, enfin, que le sort réservé à l'hôpital de Vierzon, s'appele une injustice territoriale. Et les erreurs judiciaires ont toujours mauvaise presse.