Hier soir, dans la nuit vierzonnaise, j'ai vu briller cette nouvelle enseigne, en haut de l'avenue de la République. Cette enseigne reconnaissable de loin pour les accrocs au papier imprimé qui veulent leur poids de nouvelles et de magazines sur papier glacé. Le genre d'enseigne qu'on voit briller dans les nuits urbaines ou les nuits de villages ruraux, ces enseignes qui sont allumées le matin aussi et qui attirent l'oeil, parce que là où il y a un canard à acheter, en général, il y a un petit café à boire sur un comptoir. Et le mariage des deux reste un bonheur simple qui vaut moins cher qu'un plein d'essence.
Il y aurait eu de quoi se réjouir, en voyant cette enseigne, briller dans la nuit. IL n'y a jamais assez d'endroits où l'on vend la presse même si les lecteurs sont de moins en moins nombreux à l'acheter considérant que l'information doit être gratuite puisqu'elle est sur le Net. Alors à quoi bon acheter un journal puisqu'on trouve tout pour pas un rond sur internet. C'est comme ça que des journaux ferment, et que des maisons de la presse se cassent la gueule.
Donc, j'aurai pu me réjouir de trouver là un nouveau point de vente, dans la nuit vierzonnaise. Mais non en fait. Parce que cet appendice lumineux n'est pas au bon endroit. Il orne une enseigne de la grande distribution. Et la presse dans la grande distribution, c'est comme les livres, ça reste la grande distribution, un mastodonte. D'ailleurs, la presse locale a récemment fait le tour ds libraires indépendants pour savoir quels livres ils souhaiteraient voir dans les prestigieux prix littéraires. Il y avait des libraires de Bourgs et de Saint-Amand, aucun de Vierzon car il n'y en a plus.
D'ailleurs, ça y est, la page est tournée, la pilule digérée. Il est acquis qu'il n'y aurait plus de mason de la presse à Vierzon puisque la grande distribution en phagocyte le commerce. Vierzon n'a pas les moyens de faire vivre un libraire indépendant et un marchand de journaux. Il faut s'y faire. Certains ont d'autres chats à fouetter que de tenter ce genre d'entreprise. Alors, l'enseigne qui brille aurait pu me réjouir. Mais non. Car si elle est là, c'est qu'une autre s'est éteinte. Et on aura beau tourner le truc dans tous les sens, celle-ci ne remplacera jamais l'autre, dans sa philosophie, son concept. Mais dans une ville comme Vierzon, le paradoxe est à tous les coins de rue.
On rouvre des commerces rue Joffre après avoir vidé cette rue de ces commerces, on ouvre des commerces avec la manne de l'Etat, ça évite de faire des efforts soi-même. On achète des murs de restaurant, on construit des sièges sociaux à des entreprises du CAC 40, on paye des climatisations réversibles aux uns, des cabinets aux autres. Et personne n'est capable de donner une chance, dans une ville de 27.000 habitants, à une librairie indépendante. Curieusement, Saint-Amand-Montrond, moins de dix mille habitants y arrive. Faudrait peut-être songer à changer le nom de Vierzon en fait...