Tant mieux que les syndicats ne soutiennent pas le mouvement des gilets jaunes du 17 novembre dont le but est de bloquer la France pour exprimer une colère. Tant pis si certains raillent sur la sincérité citoyenne d'une mobilisation qui prend de l'ampleur sous prétexte que tel ou tel mouvement politique, surtout d'extrême-droite, approuve le mouvement.
Et alors, Mélenchon ne l'a pas condamné, expliquant cette colère légitime. Les syndicats ne soutiennent pas ce qu'ils ne peuvent pas contrôler et donc se servir. Idem pour les politiques bien que leurs ressources soient infinies.
Le mouvement des gilets jaunes n'est pas dû uniquement à la hausse des prix du carburant. Elle symbolise un trop-plein de tout, de taxes, de pouvoir d'achat qui file entre les doigts, de ce qu'on donne d'un côté et qu'on reprend de l'autre. Le prétexte écologique ne tient pas, pour expliquer la hausse des prix des carburants. Il y a, aujourd'hui, une dépréciation de la parole politique car celle-ci n'est pas constante, elle varie, fluctue, comme les marées, au gré des coefficients.
Les gilets jaunes sont des citoyens, des gens qui bossent, bossent peu, ne bossent pas, payent tant qu'ils ont l'impression de bosser gratuitement. Ils sont structurés par d'autres citoyens qui ont décidé de prendre les choses en main. D'y aller. On le voit notamment à Bourges où deux cents gilets jaunes se sont réunis, samedi, pour un briefing. On le voit à Vierzon où les blocages s'organisent. Où les voix se mêlent à d'autres voix et enflent.
Parce qu'en fait, même sans gilet jaune, même sans mettre sa bagnole dans un bouchon géant, il est difficile de ne pas partager cette colère, et même sans aller jusqu'à la colère, difficile de ne pas partager le constat, établi, réel, que l'on paye de plus en plus. Même si les taxes ne sont pas toutes à l'origine de la hausse des carburants, n'empêche qu'il coûte de plus en plus cher. Et se déplacer est vital. Prendre sa voiture, indispensable. Le Cher n'est pas Paris, la campagne non plus.
Le mouvement du 17 novembre n'est autre que la France périphérique qui se rebiffe, celle qui vit en lisière des métropoles, comme Christophe Guilly, le géographe le démontre si bien dans ses ouvrages. C'est cette France périphérique, loin des zones d'emplois, repliée où l'habitat est le moins onéreux, la France de la mondialisation malheureuse qui veut sa propre façon de dire assez, sans banderole syndicale, sans slogan politique, sans filtre, pour ne pas se faire déposséder de leur propre colère, peut-être tout ce qui reste après avoir payé les factures.
Beaucoup, justement, par conviction politique, n'iront pas reconnaître ce mouvement, trouvent ridicules de mettre un signe de ralliement à l'avant de sa voiture mais combien, secrètement, savent trop bien que les gilets jaunes ont raison sur de nombreux points points, pas forcément sur les causes, toujours discutables, mais sur les conséquences, facilement vérifiables.
Les gilets jaunes n'ont rien à perdre : pas d'échéances électorales, pas d'élections professionnelles, pas d'idéologies mortifères qui occupent leurs adhérents à contester ce qui est blanc parce qu'ils pensent noir et contester ce qui est noir parce que d'un seul coup, ils se mettent à penser blanc parce qu'en face on pense noir... Samedi, 17 novembre, il y aura ceux qui manifesteront, ceux qui ne manifesteront pas et ceux qui ne manifesteront pas mais qui n'en penseront pas moins.
/https%3A%2F%2Fwww.leberry.fr%2FphotoSRC%2FUFZTJ1pdUTgIDAVOJSQrLQ43RW0VQFJFWVJYR1kkTA8lVFgqGEcUKQU-%2Fp1030179_4072416.jpeg)
Société - Qui sont les gilets jaunes qui manifesteront samedi 17 novembre à Bourges ?
Ils sont jeunes, moins jeunes, retraités, primo-manifestants, salariés, intérimaires, boucher, chauffeur routier, agent territorial... Ils nous expliquent pourquoi ils manifesteront le 17 novemb...