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Vierzonitude

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Gilets jaunes : la colère de la France périphérique

Publié par vierzonitude sur 11 Novembre 2018, 23:02pm

Gilets jaunes : la colère de la France périphérique

Tant mieux que les syndicats ne soutiennent pas le mouvement des gilets jaunes du 17 novembre dont le but est de bloquer la France pour exprimer une colère. Tant pis si certains raillent sur la sincérité citoyenne d'une mobilisation qui prend de l'ampleur sous prétexte que tel ou tel mouvement politique, surtout d'extrême-droite, approuve le mouvement.

Et alors, Mélenchon ne l'a pas condamné, expliquant cette colère légitime. Les syndicats ne soutiennent pas ce qu'ils ne peuvent pas contrôler et donc se servir. Idem pour les politiques bien que leurs ressources soient infinies.

Le mouvement des gilets jaunes n'est pas dû uniquement à la hausse des prix du carburant. Elle symbolise un trop-plein de tout, de taxes, de pouvoir d'achat qui file entre les doigts, de ce qu'on donne d'un côté et qu'on reprend de l'autre. Le prétexte écologique ne tient pas, pour expliquer la hausse des prix des carburants. Il y a, aujourd'hui, une dépréciation de la parole politique car celle-ci n'est pas constante, elle varie, fluctue, comme les marées, au gré des coefficients.

Les gilets jaunes sont des citoyens, des gens qui bossent, bossent peu, ne bossent pas, payent tant qu'ils ont l'impression de bosser gratuitement. Ils sont structurés par d'autres citoyens qui ont décidé de prendre les choses en main. D'y aller. On le voit notamment à Bourges où deux cents gilets jaunes se sont réunis, samedi, pour un briefing. On le voit à Vierzon où les blocages s'organisent. Où les voix se mêlent à d'autres voix et enflent.

Parce qu'en fait, même sans gilet jaune, même sans mettre sa bagnole dans un bouchon géant, il est difficile de ne pas partager cette colère, et même sans aller jusqu'à la colère, difficile de ne pas partager le constat, établi, réel, que l'on paye de plus en plus. Même si les taxes ne sont pas toutes à l'origine de la hausse des carburants, n'empêche qu'il coûte de plus en plus cher. Et se déplacer est vital. Prendre sa voiture, indispensable. Le Cher n'est pas Paris, la campagne non plus. 

Le mouvement du 17 novembre n'est autre que la France périphérique qui se rebiffe, celle qui vit en lisière des métropoles, comme Christophe Guilly, le géographe le démontre si bien dans ses ouvrages. C'est cette France périphérique, loin des zones d'emplois, repliée où l'habitat est le moins onéreux, la France de la mondialisation malheureuse qui veut sa propre façon de dire assez, sans banderole syndicale, sans slogan politique, sans filtre, pour ne pas se faire déposséder de leur propre colère, peut-être tout ce qui reste après avoir payé les factures.

Beaucoup, justement, par conviction politique, n'iront pas reconnaître ce mouvement, trouvent ridicules de mettre un signe de ralliement à l'avant de sa voiture mais combien, secrètement, savent trop bien que les gilets jaunes ont raison sur de nombreux points points, pas forcément sur les causes, toujours discutables, mais sur les conséquences, facilement vérifiables. 

Les gilets jaunes n'ont rien à perdre : pas d'échéances électorales, pas d'élections professionnelles, pas d'idéologies mortifères qui occupent leurs adhérents à contester ce qui est blanc parce qu'ils pensent noir et contester ce qui est noir parce que d'un seul coup, ils se mettent à penser blanc parce qu'en face on pense noir... Samedi, 17 novembre, il y aura ceux qui manifesteront, ceux qui ne manifesteront pas et ceux qui ne manifesteront pas mais qui n'en penseront pas moins.

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7
Gouverner c’est anticiper et prévoir et non pas faire payer au peuple ses erreurs, ses manquements et ses incapacités.Or ce gouvernement macron qui brille essentiellement par son arrogance et son refus obstiné du principe d’égalité organise jour après jour le désordre de l’injustice au cœur de notre société sans oublier la communication des fakes news qui va avec.Les mesures seront les mêmes mais le peuple sera consulté…semble vouloir dire un gouvernement macron qui paraît totalement désemparé ne sachant que dire ni que faire face à la large désapprobation des Français.On sait bien comment le gouvernement macron « consulte » le peuple en faisant la « pédagogie de la réforme »et en organisant une parodie de consultation (le peuple pourra toujours assister aux réunions…).Sur ordre du chefaillon,les ministres,manifestement inaptes au gouvernement,poursuivent leur fuite en avant dans l’impasse en assénant leurs éléments de langage.Le gilet jaune suscite désormais la terreur des macronistes en diable jusque dans l’enceinte du parlement !Ce serait comique et pathétique si ce n’était pas tragique !Le gouvernement macron bouffi d’orgueil et hostile au principe supérieur de l’intérêt de la nation est bien devenu la honte de la France.
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J
D'accord avec le ras-le-bol mais nombreux sont ceux qui voient surtout que les français vont ennuyer les français et s'ennuyer eux-mêmes sans au final, ennuyer le gouvernement. On croirait en partie les excès de Nuit Debout. D'accord avec le ras-le-bol, il semble que jamais on n'a agi de façon aussi violente sur notre pouvoir d'achat ( même si tout cela pouvait s'imaginer à travers les propos de Sarko; Hollande et Fillon), jamais on n'a senti notre modèle, nos repères être autant en danger de destruction. D'accord avec le ras-le-bol. Mais inquiet de voir souvent les appels pour le 17 novembre se sous-titrer avec le mot "révolution", inquiet de voir les excès de propos de plus en plus nombreux. Le calme dans un mouvement de ce genre est difficile à maintenir. La sécurité menacée par les casseurs qui ont envie d'en profiter. Ce qui est à craindre c'est que la situation ne soit pleine de graines de guerre civile. Ce président avait la chance et le devoir de pouvoir recréer une unité nationale et en fait, les envies de scission et les affrontements violents grimpent. Les populismes, y compris parmi les rangs macronistes, semblent chercher des cibles faciles parmi la population. Tout pourrait être à craindre. Espérons seulement que tout se passe dans le calme mais une foule est un danger inflammable.
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