Non, ailleurs ce n'est pas pire qu'ici... L'hebdo Marianne qui n'a rien d'un journal de droite consacre un reportage essentiel à la librairie "le dernier service public". En la matière, Vierzon a perdu le sien, bien décidée à se battre pour d 'autres causes jugées plus nobles. Ici, on accorde plus d'intérêt à l'ouverture de restaurants ou à l'implantation de supermarchés qu'à la survie de la dernière librairie indépendante. Bien sûr, nos élus nous diront qu'ils n'y peuvent rien.... Marianne prouve le contraire.
Dans un village de 900 habitants, on trouve une librairie avec onze salariés et 120.000 références. Dans un autre de 4000 habitants, on trouve une librairie indépendante. Dans une ville où le chômage atteint 20%, il y aussi une librairie en vue. Alors, le fatalisme destiné à nous expliquer qu'à Vierzon, frappé par le chômage, et les problèmes sociaux etc, ça ne tient pas la route. Question de volonté... politique.
Vierzon entretient, depuis l'ouverture du Ciné Lumière, un lien privilégié avec la culture des débats autour d'un film grâce à Ciné rencontres. Comment expliquer dans une ville de 27.000 habitants qui organisent trois salons du livre (celui des Amis du musée, celui de la jeunesse et celui du Polar et du vin), on ne puisse plus s'appuyer sur une librairie indépendante mais sur une librairie étiquetée de la grande distribution ?
On a l'air malin avec nos trois salons du livre tout en étant incapable de faire subsister un librairie... Des communes de 3000 habitants dans le sud ou de 9500 habitants dans le Nord ont lancé des appels à projets pour rouvrir une librairie. Comment, dans une ville bénéficiant d'un plan de renouvellement urbaine et d'une action Coeur de ville, on ne puisse pas faire ce genre d'appel à projets ? Pourquoi arrive-t-on à financer une salle d'expositions dans l'ancienne Poste et que l'on ne pense pas à se doter d'une librairie pourtant fédératrice ?
Et qu'on ne vienne pas nous dire non plus que l'interventionnisme municipal est exclu. En 2015, une liquidation menaçait une librairie pour cause de loyer trop cher. La communauté de communes du Pays-d'Aspt-Lubéron est intervenue. La librairie a eu gain de cause. Des régions subventionnent même les librairies... Un projet de librairie dans une ville de 27.000 habitants est autrement plus structurant qu'un supermarché ou qu'un parking à camions. Question de priorité politique, question de soutien à une initiative privée. Et pourtant, on en soutient des initiatives privées avec de l'argent public.
Quant Marianne conclue "libraire, un métier d'avenir", ça devrait faire réfléchir. Même à Vierzon. Surtout à Vierzon. Dans le cadre du salon du livre de Paris, France Culture révèle que "Les Français lisent toujours autant malgré internet et les séries".
Alors le fatalisme qui consiste à se retrancher derrière le fait que chez nous, ça ne fonctionnerait pas, est une gageure. Il faut juste montrer une volonté sans faille pour que se reconstruise, à Vierzon, ce genre de commerce. Pourtant, ce ne sont les librairies qui manquaient à Vierzon. En voilà un projet intelligent pour une éventuelle liste aux municipales : avoir l'objectif d'aider à la création d'une librairie à Vierzon et à des animations qui graviteraient autour. Sinon, franchement, à quoi ça sert d'avoir des salons du livre ?