Les élections municipales ont déjà commencé depuis longtemps pour Christophe Doré.
Cet officier de gendarmerie qui est arrivé à Vierzon il y a quatre ans veut prolonger son engagement envers cette ville qu'il a su apprécier au point d'y acheter une maison.
Depuis un an, il façonne une liste pour les élections municipales de mars 2020. Sans étiquette politique, il veut surtout rassembler autour de lui des femmes et des hommes qui pensent à ce qu'ils peuvent faire pour Vierzon et non pas ce que Vierzon peut faire pour eux.
Il explique à Vierzonitude la philosophie de son engagement, comment il voit la politique au sens noble du terme et quels seront les axes de sa future campagne.
Pourquoi vous engagez-vous comme tête de liste aux élections municipales de 2020 à Vierzon ?
J'ai découvert, ici, avec ma famille, (je ne suis à Vierzon que depuis quatre ans), une ville aux talents multiples et aux atouts majeurs. Mais surtout, le plus étonnant, le plus frustrant sans doute, une absence de réponse significative aux problèmes, parfois simples, et un manque de projets d'envergure. Avec l'équipe qui se met en place, nous avons l'envie tenace de proposer une alternative crédible, solide et politiquement désintéressée, au seul bénéfice des Vierzonnais. Ils sont souvent résignés, éloignés de la gestion de leur cité et écœurés de la politique politicienne.
Le fait de ne pas être issu du microcosme politicien de la ville évite d'être "déformé" par les jeux d'appareils locaux et les postures partisanes. C'est un avantage déterminant. Ma vision d'un engagement local, surtout à Vierzon, se situe clairement au-dessus des combats de chapelle et des mesquineries d'un autre temps, tout cela a éteint notre ville depuis de longues années. J'aime profondément cette ville, elle est devenue la mienne et je conçois cet engagement comme le prolongement naturel d'un service public que je sers depuis désormais plus de vingt-cinq années.
Vous êtes gendarme. Est-ce compatible avec une élection municipale ?
Les conditions d'incompatibilité et d'inéligibilité sont levées depuis que je travaille sur cette échéance, c'est à dire depuis début 2018. Je serai à Vierzon pendant la campagne. En cas d'élection, que les choses soient parfaitement claires, je serais un maire à plein temps. Je serais d'office placé en position de détachement de la gendarmerie. Je n'exercerai donc plus en qualité d'officier de gendarmerie et ne percevrai rien à ce titre.
Vous n'êtes pas Vierzonnais, mais vous avez appris à aimer Vierzon. Vous êtes, si l'on peut dire, issue de la société civile même si vous êtes militaire. Etes-vous engagé politiquement, c'est-à-dire encarté ?
Non, je n'ai jamais été membre d'un parti politique et je n'envisage absolument pas de le devenir. Proposer et construire un projet municipal n'est pas une question de politique politicienne. C'est avant tout une envie d'identifier, de rassembler puis de travailler ensemble, au-delà des divergences qui sont le propre d'une société humaine et d'un conseil municipal.
Vierzon ne peut plus se permettre d'être le champ de batailles politiques nationales très éloignées des préoccupations locales. Vierzon ne peut plus se permettre non plus d'être à la merci d'idéologies qui ne servent au final, non pas le citoyen mais ceux qui en font un fonds de commerce. Vierzon ce n'est pas cela. Je soutiens toutes les idées qui permettent d'avancer et de résoudre les problèmes quels qu'ils soient. C'est le sens même de mon engagement au service de l'Etat et de mes concitoyens.
On vous soupçonne d'être le sous-marin d'un parti, voire la marionnette d'un autre. Que répondez-vous à cela ?
Je ne suis la marionnette d'aucun parti, ni le petit soldat d'aucun autre. Ne pas être encarté peut troubler, je l'admets, surtout à Vierzon. Cela montre aussi à quel point la démocratie locale est prisonnière de ses clichés, asphyxiée par une vision partisane et étriquée. Justement, je ne suis pas figé dans mes idées, contrairement à certains militants, amidonnés dans le choix de leurs partis. Ici, les choses doivent être obligatoirement de gauche ou de droite. Je préfère qu'elles soient utiles, cohérentes et Vierzonnaises.
Vous travaillez depuis plusieurs mois à l'élaboration d'une liste. Quels profils y trouvera-t-on ?
Je travaille à ce projet depuis plus d'une année désormais. Le but est d'identifier les talents et les ressources des femmes et des hommes qui ont envie d'autres choix que ceux qu'on leur propose actuellement. Il y a une vraie nécessité de travailler ensemble. La liste s'appuie sur des personnalités qui connaissent les rouages et l'histoire politique locale. Mais surtout, elle rassemble des gens issus d'horizons différents qui représentent la diversité citoyenne vierzonnaise. Ils sont traversés par la seule envie de permettre à notre ville qui le mérite de sortir définitivement d'une situation difficile.
Les grandes lignes du projet municipal seront dévoilées à l'automne, cela laisse le temps à toutes celles et ceux qui seraient intéressés de nous rejoindre. Les citoyens se sentent écartés des décisions importantes car on leur a fait croire, à tort, qu'ils n'avaient pas leur place dans la prise de décision. Nos futurs adversaires nous attaquerons sans doute sur cette philosophie parfaitement assumée. Elle vise pourtant à remettre Vierzon à la hauteur de ses ambitions et chaque Vierzonnais au cœur d'une proximité municipale qui n'existe plus qu'à travers des faux semblants de concertation. Il s'agit de s'intéresser à ce que doit devenir la ville de Vierzon.
Vous comptez rompre avec douze ans de politique communiste et faire barrage à une extrême droite qui à Vierzon, ne cesse de grossir ? Quel est l'axe principal de votre projet ?
Les trois axes majeurs sont la transparence, l'intégrité et la probité. S'y ajoute la volonté de privilégier l'intérêt général. Notre future équipe conjuguera ces trois conditions : la capacité à travailler ensemble pour le bien commun, l'intégrité et la transparence. Ils seront le reflet de cette ville. Vierzon doit être apaisée et dépolitisée. Chacun apportera, dans son domaine de compétence, une réelle plus-value. Notre combat n'est en aucun cas un combat contre des hommes et des femmes ou des dogmes, c'est un combat pour l'avenir de notre ville.
C'est le discours, la théorie. Mais en pratique, il y a forcément des sujets locaux qui vont irriguer votre projet municipal ?
Le cadre de vie pour retrouver le goût de vivre dans notre ville et le développement pour recréer une richesse partagée, la sécurité, le développement enfin durable et un social vraiment social, aider à retrouver le chemin du travail et de l'insertion.
Autre exemple de solution pratique ?
Je me fixe un objectif simple mais fondamental : radicalement changer l’accueil fait à toute personne ou entité qui sollicite la ville pour un projet de développement économique sur notre territoire. Il est urgent de montrer enfin de l’intérêt, du respect, de la bienveillance et de la proximité à tous celles et ceux qui portent un projet ou ont déjà une activité. C'est montrer notre attachement et notre soutien à nos commerces, notamment ceux qui se maintiennent en vie, et c'est de plus en plus difficile, et qui maintiennent la vie du centre ville et des quartiers.
Etre gendarme vous permet-il de voir le problème de l'insécurité en général et de l'insécurité à Vierzon sous un angle différent de la façon dont il est traité jusque-là ?
Le fait d'être quotidiennement immergé dans la problématique de la sécurité, sujet très vaste et qui recoupe de très nombreux domaines, est incontestablement un atout. Il faudra être pragmatique et surtout réaliste en apportant des solutions pour autant jamais proposées dans notre ville. Ces dernières ont démontré leur efficacité. Il ne peut décemment pas exister de sujets tabous dans cette future campagne. C'est néfaste et inefficace. Mes fonctions m'ont permis de faire un tour d'horizon très complet de la question et de me frotter à toutes les problématiques locales, dont bien sûr la sécurité.
Qu'est-ce qui vous a fait aimer Vierzon et vous a persuadé de vous lancer dans une bataille politique qui ne sera pas de tout repos ?
Je ne connaissais de Vierzon comme beaucoup que la chanson de Jacques Brel et la barrière de péage ! Nous y avons découvert en famille (j'ai trois enfants scolarisés à Vierzon et mon épouse y travaille), une ville agréable, parfois mal aimée par certains de ses propres habitants, une vraie qualité de vie, des atouts incroyables pas suffisamment valorisés, des gens exceptionnels issus de tous horizons qui aiment également leur ville, et enfin une situation politique anachronique et dépassée qui ruine le tableau... Je suis immergé au cœur de toutes les problématiques locales. Je suis atterré par l'absence de vision.
Je me suis lancé après avoir identifié l'état des forces en présence, les soutiens possibles et nécessaires, sans méconnaître ou sous estimer les difficultés, enjeux et coups bas. Ce projet n'est pas "anti qui que ce soit", mais clairement pour Vierzon. Il m'apparaît important de le répéter. Je n'ai à perdre que mon souhait de réussir. Il nous faut rassembler, convaincre et prouver que l'on peut et que l'on doit travailler ensemble.
Vierzon a des atouts, citez m'en cinq.
- sa situation géographique idéale jamais valorisée
- ses ressources humaines diversifiées et de grande qualité dans une ville à taille humaine
- son patrimoine et une évidente qualité de vie entre forêt, eau et histoire
- un passé industriel glorieux sur lequel nous devons nous appuyer pour construire l'avenir
- des projets ambitieux portés par des citoyens engagés et optimistes
Et des difficultés. Citez m'en autant ?
Notre ville est devenue un repoussoir économique et social pour quatre raisons principales :
- une gestion au cas par cas, à court terme
- des problèmes jamais pris en compte dans leur globalité que sont la sécurité, l'emploi et le cadre de vie
- un commerce en souffrance
- une absence de vision et de projet
Il faut cependant être optimiste car beaucoup de bonnes volontés travaillent chacune dans leur coin. Il est nécessaire de leur donner la parole, de leur permettre d'échanger et de confronter leurs visions afin de démultiplier leur efficacité en dépolitisant les sujets qui ne méritent pas de l'être et en s'appropriant toutes les difficultés.
La solution parfaite n'existe que très rarement, en revanche l'absence de proposition n'est clairement pas une solution possible. Nous avons perdu trop de temps. Il n'est cependant jamais trop tard. Vierzon peut et doit tourner la page des vieux logiciels qui ne permettent pas à cette ville de s'affirmer, dans le Cher, comme une ville du XXIème siècle.
Peut-on, selon vous, gérer une mairie de 500 agents et une ville de 27.000 habitants sans expérience particulière, si ce n'est celle de votre père qui fut longtemps élu local en Anjou ?
J'ai toujours baigné dans la politique au sens noble du terme, celui de construire et gérer la cité avec un sens chevillé au corps de l'intérêt général. Mon expérience professionnelle et humaine sont, pour moi, des atouts. Ils seront renforcés et démultipliés par l'expertise d'une équipe solide, soudée et cohérente en s'appuyant sur l'ossature des agents municipaux, ils méritent d'être davantage considérés et valorisés.
C'est un engagement fort, désintéressé et limité dans le temps au seul bénéfice de ses concitoyens. Rien n'a jamais été plus efficace que des gens rassemblés avec pour seule ambition de servir l'intérêt d'une ville. Cet engagement est fort et il permet de construire de manière durable tout en redonnant le goût de l'engagement à celles et ceux qui en doutent. Rien n'est plus noble dans notre société en souffrance et en perte de repères que de montrer l'exemple et de susciter l'adhésion.