Combien coûte, en euros, un couvre-feu ? Il doit bien amputer le budget communal si la ville de Vierzon n'en veut plus, non ? On peut se demander, dans cette période exceptionnelle, pourquoi un tel revirement ? Si ce n'est pas la crainte d'une facture salée pour le contribuable, la facture d'un couvre-feu, à Vierzon ne peut donc être lourde que philosophiquement, idéologiquement, politiquement ?
Adopté à contre-cœur la première fois sous prétexte que cela n'apporterait rien de plus, alors que Bourges et Saint-Amand-Montrond l'avaient accepté, le couvre-feu à Vierzon (qu'il ne fallait surtout pas appeler ainsi...) a fait l'objet d'un étrange rebondissement.

Deux arrêtés préfectoraux, pris coup sur coup, le prolongent jusqu'au 11 mai et ensuite, ne le prolongent que jusqu'au 20 avril. A l'échelle du virus, c'est peanuts, anecdotique, une goutte d'eau, mais répétons-le, si symptomatique à Vierzon que l'on se demande pourquoi un tel entêtement à vouloir sans cesse être à la marge ? On se souvient que l'adoption des caméras de videoprotection, à Vierzon, avait provoqué un mini-schisme politique. Le couvre-feu entre-t-il aussi dans le champ de ses querelles de partis ?
Si le couvre-feu ne coûte pas un rond aux contribuables vierzonnais, reste alors à prouver sa nocivité sur les habitants, la ville, les forces de police etc. S'il n'existe aucune nocivité, alors reste à expliquer la raison pour laquelle on s'en passe, surtout si c'est gratuit contrairement aux caméras de vidéo protection. D'autant que "sans couvre-feu, tout le monde trouve une bonne raison pour sortir. Cela nous permet aussi de nous consacrer aux missions de sécurisation et de lutte contre la délinquance", explique même la police. Mais à Vierzon, on aime surtout la police quand elle permet l'annonce de la construction d'un nouveau commissariat pendant la période électorale...
Nous l'avons déjà écrit : comment une ville de gauche (Vierzon) peut-elle, c'est vrai, demander un couvre-feu comme deux vulgaires villes de droite (Bourges et Saint-Amand) ? "Ce n’est pas parce qu’une personne va promener son chien à 22 h 15 que la ville de Vierzon est en péril sur le nombre de personnes infectées", lit-on dans la presse locale, de la bouche du maire réélu au premier tour le 15 mars.
Dans ce cas, que dire du confinement ? Du port du masque ? De la fermeture des commerces non essentiels ? De la distanciation sociale ? Le couvre-feu est une barrière psychologique pour nos élus de gauche, une barrière qu'ils peinent à franchir. Étrange, ils ont pourtant pris à bras le corps, le thème de la sécurité, en l'absence d'une liste d'extrême-droite, pendant la campagne des municipales. Mais c'est vrai que la campagne est terminée...
On lit aussi, dans la presse, que le couvre-feu "ne change rien", pour la ville de Vierzon. Bon, où sont les statistiques alors ? Comment peut-on affirmer qu'une mesure ne change rien ? Au doigt mouillé ? Au nombre d'infractions commises ? Alors, où sont les chiffres ? Et d'ajouter : "Si c’est la lutte contre la propagation du virus qui est essentielle, je préfère qu’on regarde comment on peut livrer des masques aux gens, mettre suffisamment de gel hydroalcoolique dans les administrations, suffisamment de moyens de protection individuelle. Je pense que c’est ça le plus important aujourd’hui, y compris dans les magasins."
Le couvre-feu n'est qu'une mesure parmi d'autres pour maintenir le plus étanche possible le confinement en vigueur. Il concerne une tranche horaire précise, la nuit. Mettre en parallèle un couvre-feu avec la livraison de masques, c'est comme fêter une victoire au coude à coude un soir d'élection la veille d'un confinement historique pour cause de virus contagieux. Mais le plus important, n'est-il pas de sauver la face.