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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Jean Rousseau : simple citoyen sans mandat il faudra que j'apprenne.

Publié par vierzonitude sur 27 Mai 2020, 05:50am

Jean Rousseau, ex-maire de Vierzon de 1990 à 2008, n'est plus élu. Après 43 ans de mandat sans interruption, l'ex-instituteur a raccroché les gants, contraints et forcés, car la liste sur laquelle il se trouvait, n'a pu faire élire qu'une seule colistière, Mary-Claude Grison. Vierzonitude a donc questionné celui qui a tenté de tutoyer François Mitterrand et qui, en 1990, a renversé l'Union de la gauche à Vierzon pour s'installer dans la fauteuil de maire pendant dix-huit ans. 

Jean Rousseau : simple citoyen sans mandat il faudra que j'apprenne.

Vous ne siégerez plus dans le conseil municipal de Vierzon après quarante-trois non interrompus de mandat. Votre sentiment à l'heure de redevenir un "simple" citoyen vierzonnais ? 

J'ai toujours été un citoyen simple à Vierzon mais simple citoyen sans mandat il faudra que j'apprenne.

De tous vos mandats, lequel vous aura le plus marqué ?

Je suis comme beaucoup d'élus, je pense que le mandat de maire est le plus précieux car en contact direct et permanent avec la population.

Racontez-nous votre rencontre et comment vous avez accueilli François Mitterrand, alors secrétaire du Parti socialiste français à la gare de Vierzon ? 

Je l'ai souvent dit, en bon militant socialiste, j'ai demandé à François Mitterrand : "On se dit tu ou on se dit vous?" Il m'a répondu "Comme vous voulez." Je devais l'amener en voiture à Bourges pour un meeting. En passant devant la mairie de Vierzon -nous étions en 1976- il m'a dit : "Présentez vous seul, vous aurez de bonnes surprises." Je m'en suis souvenu en 1990.

Vous avez été socialiste, et vous le restez... Qu'elle est l'origine de cet engagement qui a forgé toute votre vie politique même après 1990 ?

Fils d'ouvriers vierzonnais, devenu instituteur après avoir été reçu premier au concours d'entrée à l'Ecole Normale, j'ai suivi un parcours fréquent : directeur de colo de vacances, syndicaliste au syndicat national des instituteurs, militant au PS en 1974. Je me sentais en harmonie sociale et humaniste avec ce parti. J'ajouterai que je suis franc maçon du grand Orient de France depuis 1971.

Deux livres de votre plume racontent l'épisode de 1990, le jour où vous avez pris la mairie aux élus communistes. Avez-vous pensé lors de la démission de Fernand Micourand, "ça y est c'est mon heure ?"

En 1990, après la démission de Fernand (NDLR : Micouraud), j'ai pensé que mon heure était venue. Il y avait préméditation. En 1989, lors des négociations municipales avec le P.C, alors que je faisais semblant de vouloir exiger un poste de premier adjoint, j'ai fini par accepter en compensation un élu PS de plus, qui faisait perdre au PC sa majorité absolue au conseil municipal et me permettait d'envisager pour moi-même une majorité absolue en cas d'alliance avec le groupe de Max Albizzati. Ce qui fut fait.

Votre exclusion du P.S, la vôtre et celle de vos colistiers, était-elle une façade derrière laquelle le P.S vous soutenait encore pour reprendre la mairie aux communistes ? 

Oui, le PS m'a soutenu d'une certaine façon et en particulier Laurent Fabius. Francois Mitterrand avait permis à Brice Lalonde alors ministre de venir m'encourager à Vierzon lors d'un meeting de 1.000 personnes. Mais rapidement Georges Marchais a exigé que le PS me laisse tomber sous peine de représailles dans d'autres villes.

Avec le recul, vous aviez un peu bâclé votre troisième mandat et votre campagne électorale, non ? N'était-ce pas le mandat de trop ?

L'usure était sans doute un fait au cours de ce troisième mandat. Des appétits s'étaient aiguisés : Samir Bahlis, Joël Hallier. Mais surtout dans la liste de 2008 n'apparaissait plus le tandem Rousseau-Albizzati, source de tous les équilibres de 1990 à 2008.

Douze ans d'opposition modérée vous ont-ils changé politiquement ?

Il n'est sans doute pas banal d'être conseiller d'opposition pendant douze ans après avoir été maire pendant dix-huit ans ! Mais le temps de la sagesse est sans doute venu. J'ai apprécié l'évolution de Nicolas Sansu et j'ai pu discerner mon influence tranquille. Il a fini par apprécier une certaine loyauté de ma part. Oui, j'ai fini par enterrer une vocation d'opposant systématique.

Le P.C reste-t-il votre ennemi politique depuis ce jour de 1990 ? Ou l'union de la gauche (hier et encore aujourd'hui) n'est-elle qu'une farce politicienne ?

L'union de la gauche, en son temps, a été utilisée par François Mitterrand pour faire passer le PS devant le PC. Ce qui fut fait. Le parti communiste n'est plus celui du temps du stalinisme ou d'avant la disparition du mur de Berlin. L'union de la gauche est morte mais elle bouge encore par exemple ici à Vierzon, permettant des réussites électorales basée sur un mirage.

Avez-vous un troisième ouvrage en préparation ?

Je n'ai pas de troisième ouvrage en préparation. A moins que Rémy Beurion ait une idée pour construire quelque  chose avec moi pour explorer les pistes de l'avenir vierzonnais ?

Avez-vous des regrets, des remords, des choses aujourd'hui évidentes que vous auriez-dû faire et que vous n'avez pas faites ? 

Il faut être modeste avec son chemin de vie. Globalement, j'ai plutôt réussi professionnellement et politiquement sans jamais exprimer d'ambition nationale. J'ai eu la chance d'être député en 1981 et d'envisager dés cette époque la mairie de Vierzon. Aujourd'hui, les gens sont gentils avec moi et parfois reconnaissants.

Comment voyez-vous Vierzon aujourd'hui ? 

Vierzon reste repliée sur elle même. La population manque de confiance et d'optimisme et pourtant la difficulté des temps nous prépare des solutions pour l'avenir. Notre ville à la campagne doit devenir enfin une terre d'accueil. Avec ou sans pandémie, on est confiné dans les bâtiments à étages des grandes villes. Vierzon fait partie des lieux où on pourra trouver l'équilibre, conserver sa santé et à proximité des forêts, des cours d'eau et des espaces, cultiver une joie de vivre.

Bon, alors, qu'allez-vous faire de ce temps que vous ne consacrerez plus à la politique ? Ne nous dites pas que vous envisagez de vous présenter aux législatives ?

Je ne recherche rien et je n'exclus rien ! Mon objectif est de conserver une bonne santé pour continuer à être utile.

Un conseil à Mary-Claude Grison qui, finalement, restera la seule élue issue de votre ex-majorité ? *

Mary-Claude Grison va devoir être une force de propositions. L'opposition solitaire est difficile. Elle doit penser aussi à sa vie professionnelle et mettre à profit ses expériences en s'investissant comme élue dans la vie associative.

* L'interview a été réalisée avant le lundi 25 mai, date à laquelle Mary-Claude Grison a voté pour l'élection du maire Nicolas Sansu.

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