Voilà que les tenants d'un monde d'après le réclament des autres mais pas d'eux-mêmes. Politiquement, le virus n'aura rien changé dans les esprits. La continuité prévaut. A Vierzon, l'élection a été enlevée dès le premier tour. Le conseil municipal d'installation a révélé la surprise qu'il n'y ait aucune surprise, en fait.
Même compromission, mêmes petits arrangements, mêmes passages de plats, même respect des équilibres pour le bien-être des partis. Un petit peu de considérations écologiques sans l'ombre d'un écologiste pour les porter. Un peu de discours que tout le monde entende et on repart sur les mêmes bases, les mêmes angles, les mêmes directions. La vie reprend son cours jusqu'aux prochaines municipales. Le monde d'après est un monde d'apprêt...
A trente kilomètres d'ici, le second tour des élections municipales a brisé les digues. Les ennemis d'hier se serrent la main, font de grandes promesses de rassemblement. Ils avalent des couleuvres en espérant que les électeurs finiront les restes en demandant poivre et sel. Là aussi, le monde d'après est un monde d'apprêt : à moi la ville, à toi la communauté de communes. Les grands principes édictés au premier tour volent en éclats au nom du principe du siège. On se partage le gâteau avant que les électeurs n'aient pu dévoiler la recette. La politique politicienne sans masque et sans geste barrière ça donne ça.
Pas un pour aller au bout de ses convictions au risque de perdre. Oui, va-t-on nous dire, il y a un risque que la droite patati, de l'autre côté on va nous dire, il y a un risque que la gauche patati... mais le risque de la conviction sincère en revanche, on s'assoit dessus. Au risque de perdre, on fait pour gagner quitte à manger son chapeau. Ce n'est confortable pour personne et surtout pas pour les électeurs mais qui se souvient d'eux une fois qu'ils ont voté ? Vierzon, Bourges, même combat. On cuisine au beurre ou à l'huile, peu importe, on cuisine. Comment faire croire que les ennemis d'hier sont tombés d'accord sur une philosophie programmatique quand on met en avant surtout la distribution des maroquins ?
A Vierzon aussi, on sauce un peu les plats à la mode union de la gauche quand on sait que le PCF et le PS se détestent, on se demande comment va vivre le duo maire/première adjointe. A Bourges itou. Grand spectacle assuré. On va bâtir des forteresses entre la mairie et l'agglo. Ça va être sympa ses six années à venir. L'avantage, c'est que les cirques avec les animaux ont de moins en moins la côte. La politique pourra se reconvertir, sous un chapiteau. Que ce soit la droite ou la gauche, nous avons désormais la certitude que ce qui compte c'est l'endroit où chacun sera. Un jour il faudra penser à ce que les électeurs décident jusqu'au bout de la place de chacun. Mais les électeurs comme disait Léo Ferré, "Ils ont voté et puis après."
"Dans une France socialiste
Je mettrais ces fumiers debout
A fumer le scrutin de liste
Jusqu'au mégot de mon dégoût
Et puis assis sur une chaise
Un ordinateur dans le gosier
Ils chanteraient la Marseillaise
Avec des cartes perforées
Le jour de gloire est arrivé"