Cédric Gourin, l'enfant du pays lurois, a toujours porté pour son territoire, un amour singulier. Passionné d'histoire et des histoires de Lury, plus particulièrement, il vient de créer l'association Lury Passion Patrimoines. Il nous en explique les objectifs. Avec une passion intacte.
Vous venez de créer l'association Lury Passion Patrimoines, quels sont ces objectifs ?
L'association a pour objet de contribuer à la défense, la sauvegarde et la valorisation des patrimoines historique et naturel lurois, et à la diffusion et la promotion de la culture et des arts. Notre village de Lury a des atouts et des talents. Nous voulons les valoriser, les promouvoir. Notamment, pour ce qui est du patrimoine bâti, en finançant l'installation d'une signalétique avec un descriptif historique devant chaque édifice remarquable. Nous avons également pour projet de créer des événements culturels.
Y-a-t-il autant de patrimoines historiques que cela à Lury ? Et quels sont-ils alors ?
Situé sur une importante voie de communication, entre Vierzon et Issoudun, Lury a toujours été une place forte stratégique, le long de l'Arnon ; un avant-poste pour protéger Vierzon. Sur la commune, on trouve également trois anciens moulins, de jolies demeures privées, des maisons à colombage et des monuments publics d'époque médiévale. C'est un village qui a une histoire à raconter. Qui sait que Richard Coeur de Lion, en 1196, et le Prince Noir, en 1356, ont dévasté la cité ? Que le duc Jean de Berry (1340-1416) affectionnait Lury ?
Depuis mille ans, deux portes de ville encadrent une enceinte médiévale dont on perçoit encore assez bien la configuration primitive. Des parties de murailles sont encore bien visibles. A l'intérieur de cette cité médiévale - l'une des plus petites de France -, on peut apercevoir un château privé avec les vestiges d'un donjon du XIe siècle, un ancien moulin et un prieuré, des demeures aux qualités architecturales indéniables, ou encore une église romane du XIe siècle, dont il devient urgent d'envisager sa restauration. Cet ancien lieu de culte, dont la nef avait été détruite en 1877, a beaucoup souffert. Pendant trop longtemps, ce patrimoine historique et architectural a été négligé. La nouvelle municipalité élue en mars, et entrée en fonction fin mai - dont je fais partie - a pris des engagements pour réaliser des travaux. Je suis satisfait d'avoir contribué à faire changer ce regard sur notre patrimoine local.
Et quels sont aussi ces patrimoines naturels ?
Nos paysages ! Entre vallée et plaine, bois et cours d'eau, avec l'Arnon, qui berce de ses eaux calmes notre village, Lury a plus d'une carte en main pour tenter de développer une offre touristique et de loisirs. Et ce, en lien avec les communes voisines de ce coeur de France qui mérite d'être découvert et partagé. Il faut s'appuyer sur le potentiel oenotouristique. Lury est situé sur la zone d'appellation d'origine contrôlée du reuilly, à deux pas de Quincy.
Malheureusement, depuis plusieurs années, ces paysages souffrent avec une densité de projets d'éoliennes qui devient excessive. Force est de constater que trop, c'est trop ! Les élus locaux ont une responsabilité dans cet excès. Les générations passées nous ont légué des paysages préservés ; qu'allons-nous laisser à nos enfants ? Des mâts blancs à perte de vue et des blocs de béton dans le sol ? Sincèrement, cette perspective ne me réjouit pas. Elle m'effraie.
Quel genre de culture et d'arts comptez-vous diffuser dans le village et dans les environs ?
Des expositions d'artistes, des concerts, du spectacle vivant... Notre idée, c'est de proposer une offre culturelle variée, qui pourra intéresser toutes les générations.
N'est-ce pas plus difficile qu'ailleurs, dans une petite commune, de faire vivre le patrimoine existant et également faire vivre la culture ?
La défense et la valorisation du patrimoine réclame de l'énergie. Il faut rendre grâce à l'engagement de Stéphane Bern qui, avec la passion qui est la sienne, sa force de conviction également, a réussi à intéresser bon nombre de Français aux vieilles pierres, à faire du patrimoine un axe de développement, avec des financements publics à la clé. Dans le domaine de l'action culturelle, il ne faut rien lâcher. Il y a vingt ans, avec l'association Art et Terroir, nous avions modestement réussi, plusieurs années durant, à bâtir une modeste saison culturelle avec des expositions d'artistes régionaux. Le public était au rendez-vous. Nous avons arrêté nos activités parce que nous n'avions plus de lieu. Nous pouvons retrouver cette dynamique culturelle à Lury !
Parmi vos futures actions, vous évoquez la restauration de la vieille église pour en faire un lieu culturel ? Vous y verriez quoi, un mini-centre culturel ? Une petite salle de spectacle ?
Avec son choeur et une ancienne chapelle, certes de petites tailles, l'édifice pourrait accueillir des expositions temporaires. Nous n'en sommes pas encore là... Mais j'y crois !
Vous prévoyez un hommage en 2021 à Eirik Labonne, rappelez-nous qui était cet homme ?
Un Lurois d'exception ! Nous célébrerons le 50e anniversaire de sa disparition l'an prochain. En 2008, pour le 120e anniversaire de sa naissance, à mon initiative et avec le soutien de l'ancien maire Jean-Claude Fagot et de son conseil municipal, la place dite de la vieille église avait été baptisée en son nom. Eirik Labonne (1888-1971) est considéré, au Quai d'Orsay, comme l'un des plus grands diplomates français du XXe siècle. Un spécialiste de la Russie et de l'Afrique du Nord, devenu un expert de la prospection pétrolière et minière au Sahara et plus largement dans l'ancienne Afrique-Occidentale française (AOF).
Premier interlocuteur des Bolcheviques en 1917, ambassadeur à Moscou en 1940, limogé par le régime de Vichy en 1941 ; résident général en Tunisie en 1938, résident général au Maroc en 1946 ; il a également été ambassadeur au Mexique en 1931 et surtout en Espagne en 1937. Ses parents, des Berrichons de l'Indre - son père Henry était explorateur, sa mère, Henriette, peintre -, avaient acheté le château de Lury en 1892 ; son fief ! Jusqu’à sa mort, le 12 novembre 1971, Eirik Labonne, inhumé à Lury, est resté fidèle au village, où il venait, disait-il, « confronter ses idées révolutionnaires à la pérennité des vieilles pierres ».
Jean Giraudoux, Paul Morand, Suzanne Lalique, les famille Haviland et Bourdet ont été des familiers de Lury dans les années 1920-1930.
L'écrivain Jean Lacouture avait écrit sur Eirik Labonne qu'il "avait bien des traits communs avec Charles de Gaulle : les dépêches de l'ambassadeur qu'il fut à la fin de juin 1940 font écho aux appels de l'homme de Londres. Mais, chez lui, la supériorité de l'esprit ne prenait jamais la forme du mépris. Il avait assez d'originalité dans l'âme pour trouver de l'intérêt, sinon du charme, aux imbéciles".
Quelle sera la première action concrète de votre association ?
Le contexte sanitaire étant ce qu'il est, avec beaucoup d'incertitudes pour les prochains mois, nous allons devoir adapter notre programmation. Il est encore trop tôt pour communiquer avec certitude sur notre premier événement, dans la mesure où les rassemblements de plus de 10 personnes imposent un certain nombre de contraintes.
Donnez-nous la composition du bureau, les modalités d'adhésion et et les contacts.
Siège social : Mairie 18120 Lury-sur-Arnon
Le bureau est ainsi composé : trésorière, Nelly Gourin ; secrétaire, Catherine Celice ; président, Cédric Gourin.
Cotisations 2020-2021 : 10 euros ; 15 euros par couple
Mail : lurypassionpatrimoines@gmail.com
Page Facebook : www.facebook.com/Lurypassionpatrimoines