Céline Millérioux, élue municipale, responsable du pôle développement durable à C2S (régit de quartier) nous explique, par le détail, ce qu'est l'écopôle alimentaire installé au moulin de la Chaponnière depuis que la ville a renoncé à le vendre.
Expliquez-nous ce qu'est un écopôle alimentaire ?
Il existe plusieurs écopôles alimentaires en France, chacun avec ses particularités et ses objectifs. Nous l’envisageons comme un lieu central sur la thématique alimentaire, qui allie écologie et économie. Nous voulons donc investir tous les champs qui concernent l’alimentation. Cela inclut la sensibilisation, la démocratie alimentaire, la nutrition, la production, la transformation, la logistique, l’incubation de nouvelles activités…
Quel rôle cet écopôle a l'intention de jouer dans l'avenir de Vierzon ?
Il jouera le rôle que les acteurs qui y interviennent et interviendront lui donneront. C2S (la régie de quartier) l’envisage comme un moyen de générer de la coopération et de la mutualisation pour la filière alimentaire. La crise sanitaire a montré combien nous étions dépendants des chaines de distribution et que ces chaines étaient parfois très longues. Elle a exposé nos besoins en matière d’alimentation locale, durable et accessible à tous, donc en production locale. Depuis ses débuts l’écopôle alimentaire de la Chaponnière s’inscrit dans la « Stratégie régionale en faveur de l’alimentation », déclinée par le Pôle d’Equilibre Territorial et Rural en « Programme Alimentaire de Territoire ». Ainsi, le territoire approprié ne se limite pas à Vierzon, mais s’étend au bassin de vie et, notamment au territoire de la communauté de communes.
Quelle est sa dimension pédagogique pour les élèves des écoles par exemple ?
La sensibilisation entre dans le cadre que nous développons. Nous avons déjà fait une journée d’animation sur la biodiversité avec une animatrice nature, cet été auprès d’enfants des centres de loisirs de Vierzon et de la communauté de communes.
Nous souhaitons aussi faire partager et apporter du contenu pour débattre sur les questions alimentaires : L’accessibilité financière et géographique à l’alimentation. Qu’est-ce qui est produit ? Comment ? Où ? Dans quelles conditions environnementales et sociales ? Celui-celle qui mange un produit hors saison à bas prix, doit être informé-e de ces conditions et avoir accès à une alimentation de qualité (bio) pour réellement pouvoir choisir son alimentation. C’est le principe de démocratie alimentaire. Des actions peuvent s’envisager auprès des enfants, comme des adultes sur toutes ces questions.
Il existe une AMAAP à l'Auberge de jeunesse. Est-ce que la ville de Vierzon a l'intention de consacrer un espace pour les producteurs locaux ?
Les actions de l’AMAPP sont intéressantes. Elle a créé une émulation autour de l’auberge et le petit marché fermier étaient un moment particulier d’échanges et de rencontres conviviaux et plaisants. Nous souhaitons étendre l’accessibilité alimentaire de qualité à tous. Concernant l’espace réservé aux producteurs locaux, il existe déjà différents marchés, le samedi et en semaine auxquels les producteurs ont accès…
Quels sont les projets de cet écopôle à la Chaponnière à court, moyen et long terme ?
Sur le court terme, C2S services porte un chantier d’insertion en maraîchage, pour lequel nous avons obtenu la certification BIO en mai 2020. Ce chantier est associé à une formation en partenariat avec le lycée agricole du Subdray. Une première période de 5 mois permettra la familiarisation avec les métiers de la production agricole. Dans un second temps, suivra un cycle de 12 à 18 mois de formation « polyculture et petit élevage ». 12 salariés sont positionnés sur ce chantier et un maraîcher-encadrant technique a été recruté pour suivre la production.
A plus long terme, nous souhaitons permettre à ces personnes et à d’autres, de s’installer en maraîcher-ère-s, d’abord au-travers du dispositif « espace-test-agricole » de l’ADDEAR (Association Départementale pour le Développement de l'Emploi Agricole et Rural). Par la suite, ils pourront garder un lien de coopération et de mutualisation des moyens humains et de production. Nous engageons, pour cela un travail avec la communauté de communes et les différentes communes pour l’accès au foncier agricole.
Nous entamons aussi, pour la commercialisation, une réflexion avec les communes rurales de la communauté de communes sur la restauration collective et des partenariats débutent avec différents acteurs : associations, entreprises ou créateurs d’entreprise, collectivités et particuliers, … Plusieurs actions sont en projet ou en cours : différents diagnostics sur la biodiversité avec Nature 18, un inventaire des oiseaux avec le Groupe de Protection des Oiseaux Vierzonnais, des chantiers participatifs.
En octobre, nous participons à la quinzaine du goût, avec notamment une action en partenariat avec l’AJCV (Association des jeunes créateurs vierzonnais) pour réfléchir avec les habitants à l’installation de jardins en pied d’immeuble et d’une aire de compostage.
En novembre, nous prévoyons 4 projections dans le cadre du festival Alimenterre (les 17, 18, 24 et 27 novembre) à Vierzon, Saint-Hilaire de Court et Neuvy-sur-Barangeon, pour amener le débat sur les questions alimentaires : accessibilité, conditions de travail des producteurs, questionnement sur nos consommations…
Parlez-nous de l'animation du 27 septembre.
Le 27 septembre avait lieu un troc de plants. Il était prévu, à l’origine, en mars et a donc été reporté. Il était organisé avec l’association Si on parlait jardin… qui a plusieurs expériences derrière elle. Nous étions accompagnés par la LPO, les Fourmis vierzonnaises, le café 0 Berry et des stands de vannerie et d’abris à insectes et nichoirs. L’après-midi, nous avons reçu Frédéric Thélinge, qui est animateur jardin et surtout un puits de science concernant les végétaux. Si cette action, à l’automne, était un report du printemps, l’idée de continuer sur ce rythme nous a plu. Un nouveau troc sera donc organisé en mars 2021.
Quelque chose à ajouter ?
L’« objet » écopôle alimentaire est en cours de création et se développe au gré des initiatives de C2S, mais aussi de tous. Comme je l’ai dit plus haut, il sera ce que les acteurs qui y interviennent en feront. Cela signifie que chacun peut y trouver ou y apporter quelque chose, que ce soit un projet professionnel ou une activité bénévole. De plus, il n’est pas “figé” sur le site de la Chaponnière. Nous voulons aussi que l’écopôle aille à la rencontre des habitants de la communauté de communes.
Crédit photos : Julie Béal