Un général de la mitre, l'Archevêque de Toulouse, estime, sur France Bleu, que "la liberté d'expression a des limites comme toutes libertés humaines". Il faisait référence aux caricatures de Charlie-Hebdo, en particulier, dont il estime qu'elles "sont contre les musulmans mais contre la foi chrétienne aussi." Voilà qu'un cul-bénit en chef se sert de la liberté d'expression à des fins de propagandes liberticides. Pour lui, aller aussi loin dans le déni des crimes commis par des fous furieux au nom d'une religion qu'ils ont dévoyés, ne le gêne pas. Il rejette ainsi la faute non pas sur l'intolérance de ces dingues de la prière, une catégorie dans laquelle il vient de se ranger, mais sur "l'huile sur le feu" que jetterait notamment Charlie-Hebdo et ses caricatures.
Pour une fois, Jean-Luc Mélenchon, l'Insoumis qui flatte un peu plus la laïcité ces derniers temps, on se demande bien pourquoi, a eu cette phrase juste "les digues sautent." Les culs-bénits, expression chère à Cavanna, l'athée d'Hara-Kiri et de Charlie-Hebdo, les cul-bénits chrétiens rejoignent dans l'étranglement progressif de la laïcité et de nos libertés individuelles bien plus qu'un masque sur notre nez, les croyants musulmans. Au lieu de fermer les yeux devant une caricature qui gêne, comme on peut changer de chaîne devant un programme insatisfaisant, on préfère interdite la caricature et donc interdire la télévision. Il y aurait de quoi confiné la bêtise religieuse pour avoir la paix.
Mais le plus grave est à venir : car le goupillon en chef, rappelons-le, Archevêque de Toulouse, un gradé de l'église, ose s'élever contre le droit au blasphème. Et pourquoi ? Car "on ne se moque pas impunément des religions. On ne peut pas se permettre de se moquer des religions, on voit les résultats que cela donne". Là encore, au lieu d'en appeler à la tolérance des croyants, et à leur ouverture d'esprit qui ressemble, à s'y méprendre après ces déclarations, à un trou d'épingle, le caporal-bénitier refuse qu'on se moque des religieux. A la même vitesse qu'il se moque de cette République laïque, et qui n'est plus soumise, peut-être a-t-il oublié, à la dictature de religieux obscurs. L'obscurantisme se répand plus vite que le Covid 19.
Nous voilà dans une sacrée nasse. Car, clairement aujourd'hui en France, des religieux s'accaparent la liberté d'expression à leur bénéfice en voulant limiter la liberté d'expression des autres. Fabuleux ! Nous sommes en 2020, et clairement, un général de la soutane vient nous donner des leçons de liberté d'expression ! En France, critiquer les Musulmans, c'est être islamophobe (ce que défendait encore Jean-Luc Mélenchon), au même titre que les caricatures sont contre la foi chrétienne. "La religion est essentielle", nous dit encore le galonné du clocher. Il semble que l'essentiel soit ailleurs. Dans la réappropriation de nos libertés que l'église veut restreindre. Un sacré baptême que cette douche froide d'eau bénite.