Le 1er octobre, dans ses propos liminaires, consignés dans le procès verbal du conseil municipal, le maire de Vierzon disait ceci : "Notre action sur le commerce porte ses fruits, n’en déplaise aux quelques rares esprits chagrins qui portent leur haine sur la toile à travers un blog faute d’avoir eu le courage de le faire publiquement lors des respirations démocratiques... Il fallait que cela soit dit."
Notons "leur haine". Même si le blog en question n'a pas été publiquement cité (surtout pas), pas besoin de chercher loin, Vierzonitude est dans la ligne de mire. Pour le maire de Vierzon, toute critique à l'égard de son action municipale qu'il mène, ne l'oublions pas, avec une équipe, serait donc de la "haine". Il ne serait donc pas convenable, dans une démocratie qui peine de plus en plus à défendre sa liberté d'expression, de critiquer une action municipale, sans qu'on y voit de la "haine." Non, ces critiques n'en sont pas mais elles sont identifiées comme telles, par les élus, pour justement, décrédibiliser toute tentative de critique, mettre au ban les citoyens qui sont plus que légitimes pour juger des décisions dont, à part un un vote tous les six ans, leur échappent constamment..
Les élus de Vierzon ne vivent pas chez les Bisounours. Le premier d'entre eux ne se prive pas pour critiquer l'action du gouvernement, remettre en cause une politique qui n'est pas la sienne. Lorsqu'il était député, il ne s'est pas privé de dire tout le mal qu'il pensait de la politique de François Hollande allant jusqu'à voter pour censurer son gouvernement. A l'époque, avions nous dit que le député portait sa "haine" dans l'hémicycle ? Quand le maire dit ce qu'il pense, en conseil municipal, sur l'action politique de la République en Marche dont il avait quand même essayé de chercher la lumière lors des dernières municipales, parlons nous de "haine" ?
Ne pas être d'accord et l'exprimer sur un blog, serait de la "haine" ? Quels propos peut expliciter cela ? Ce blog n'est jamais tombé dans l'injure ou l'insulte. Ce n'est pas le cas de tous quand ce blog a été qualifié de blog-poubelle sur le compte facebook du parti communiste. Nous avions parlé de bêtise, pas de "haine".... Critiquer une action municipale, c'est ce qui revient aux citoyens. Comme le politique local critique l'action gouvernementale. Si l'on comprend bien le sens de cette intervention, l'action municipale retire tout droit aux citoyens de ne pas être d'accord et de l'exprimer d'une façon ou d'une autre car il faudrait avoir "le courage de le faire publiquement lors des respirations démocratiques..."
C'est donc cela : la critique ne peut être que politique, pas citoyenne. Elle doit faire l'objet d'un objet d'un combat dans les urnes et que le meilleur gagne. En aucune manière, un citoyen qui ne s'engage pas dans un combat municipal n'aurait aucune légitimité à dire ce qu'il pense de l'action de la ville dans laquelle il paye ses impôts, toute critique lui serait interdite à l'égard de ceux qui utilisent l'argent de leurs impôts et avec lequel sont rémunérés les élus...
En 2020, le petit pouvoir communiste qui parvient à briller dans une sous-préfecture essoufflée du centre de la France croit encore à la génuflexion du peuple sur lequel il pense encore avoir prise. La démocratie ce n'est pas cela. Libre aux élus de répondre sur ce blog s'ils le veulent. Ils y sont même invités pour la clarté du débat public à apporter la contradiction. Mais quand on leur donne la parole, comme c'est le cas pour quatre adjoints qui ont reçu une interview, ils ne répondent pas, après avoir pourtant promis à Vierzonitude de le faire.
Non, la critique d'une action municipale, ce n'est pas de la "haine" mais du bon sens, c'est au même titre qu'une élection, une respiration démocratique. Car les élus croient trop souvent qu'ils sont inattaquables car ils font. Ils peuvent aussi mal faire. On peut aussi ne pas être d'accord. On peut le dire, on doit le dire. Résumer un blog qui dit ce qu'il pense à de la "haine", dans le contexte que l'on connaît aujourd'hui (cette déclaration a été faite avant les attentats qui ont fait un professeur et trois chrétiens comme victimes), c'est vider les mots de leur sens, c'est vider la liberté d'expression de sa force et la ramener, non pas, à une construction intellectuelle, mais à un sentiment violent qui pousse à vouloir du mal à quelqu'un et à se réjouir du mal qui lui arrive, c'est la définition de la haine. Non, c'est sûr, ce blog n'est pas la voix de son maître, ni l'antichambre d'un parti, ni la chambre d'écho du bulletin municipal, ni un organe de propagande. C'est un blog citoyen qui, comme les élus, porte des combats. Il fallait que ce soit dit.
Procès verbal du conseil municipal du 1er octobre