Un lecteur de Vierzonitude estime, dans un commentaire que ce blog, du moins ce qu'il affirme à propos de l'Archevêque de Toulouse est "extrêmement violent et totalitaire". Si Vierzonitude suivait les préceptes de l'Archevêque de Toulouse à propos de sa conception de la liberté d'expression, ce commentaire aurait déjà disparu de la surface de la terre puisqu'il critique ce blog ! Mais comme Vierzonitude est plus tolérant que les bigots, et que la liberté d'expression, dans les limites que la loi impose, est imprescriptible, nous avons publié ce commentaire.
Notre lecteur se sent pousser des ailes comme les anges dont il doit croire à l'existence.
"Vous entrez dans une escalade de la violence à laquelle des terroristes qui ne comprennent pas grand chose à notre culture répondent par la violence de leurs couteaux. Et on n'en sort pas. Ce sont des innocents qui le paient de leur vie." Ainsi, pour combattre la folie meurtrière "des terroristes qui ne comprennent pas grand chose à notre culture", il faudrait en somme rogner nos fondamentaux pour se mettre à leur niveau plutôt que de leur enseigner la tolérance, la démocratie, la lumière, et surtout l'art de la libre critique.
"J'employais le mot totalitaire pour qualifier votre post car vous ne supportez même pas que cet évêque de Toulouse puisse exprimer librement une opinion contraire à la vôtre, une opinion qui appelle au dialogue, au respect des autres, de leur foi, et tout simplement à la paix." Ce lecteur a ce don particulier de la mauvaise foi. Car Vierzonitude supporte très bien une opinion contraire à la sienne, seulement la liberté d'expression que remet en cause cet Archevêque, nous offre la possibilité de ne pas être d'accord, de la critiquer, de la caricaturer. Quant à cette opinion, elle n'appelle ni au respect (de la liberté d'expression et des athées), ni à la paix). Ici, et on espère pour très longtemps encore, le sacré, dans le filtre de la laïcité, doit rester dans le cercle de l'intime et de la vie privée. N'en déplaise aux buveurs d'eau bénite.
"Mais vous préférez insulter par la parole comme les caricatures le font pas l'image (Mahomet avec un panneau dans le cul, le pape qui sodomise Sr Emmanuelle, etc.). Vous trouvez ça génial." Oui, c'est génial, les dessinateurs ont beaucoup de talent. Ces caricatures n'insultent pas, elles caricaturent, c'est leur rôle. En revanche, ce lecteur considère que l'insulte, c'est caricaturer la religion, alors que la véritable insulte est faite à l'humanité lorsque des terroristes tuent pour se venger d'un dessin. Alors que préfère-t-on dans ce monde ? Des dessinateurs libres de crayonner ce qu'ils veulent ou des terroristes qu'il ne faut pas vexer, et donc vivre sous la menace qu'il se cassent un ongle et qu'ils nous en veuillent ?
"Il y a quelques décennies, c'était les personnes de confession juive que des caricaturistes dessinaient avec un faciès peu flatteur. Regrettez-vous aussi cette liberté-là ou bien en admettez-vous les limites ?" Rappelons que l'antisémitisme est un délit. C'est la limite de la liberté d'expression, c'est-à-dire la loi. Dieudonné a été condamné. Tout comme Zemmour l'a été pour injures et provocation à la haine. C'est la loi qui fixe les limites en France, ni un Archevêque, ni un curé, ni un croyant.
"Quand vous revendiquez le droit au blasphème - c'est à dire le droit d'insulter des choses que des croyants considèrent comme importantes -, vous posez-vous la question : est-il légitime de blesser publiquement des personnes ?" Notre lecteur reste dans sa droite ligne : non, la liberté d'expression, de caricaturer n'est pas une insulte. Sinon, on peut considérer que le signes ostentatoires sont une insulte pour l'athée. Forcément ce serait moins drôle. Non, c'est une liberté. Libre aux croyants de considérer une fable comme importante. Libre à nous d'en rire.
"Dans le cas présent des croyants musulmans, ce pourrait être aussi des juifs, des chrétiens ou autres. Dans d'autres domaines ce pourrait être des personnes homosexuelles. Les exemples ne manquent pas." Charlie-Hebdo a caricaturé tout ce qui pouvait l'être. Sur sa couverture, "Aux chiottes les religions", la religion juive y était représentée comme l'ensemble des autres religions. Et si ce lecteur regarde les unes de Charlie (mais sûrement pas, il doit se sentir insulter), l'hebdo satirique qui au temps d'Hara Kiri était bête et méchant, se moque de tout et de tous. Rappelons enfin qu'à la suite de la parution des caricatures de Mahomet, Charlie Hebdo avait le procès qui lui avait intenté. Notre lecteur n'a plus qu'à prier pour que l'église dirige la France. Et que nous marchions au pas du goupillon.
Enfin, notre lecteur cite l'intervention (lire ci-dessous) de Jacques Chirac, au moment de la publication des caricatures de Mahomet. Jacques Chirac n'a pas dit que des choses brillantes, (souvenons-nous du bruit et de l'odeur). Mais un président de droite ne pouvait dire que cela, quand on connaît le conservatisme d'une certaine droite et sa proximité avec tout ce qui porte une soutane.
"Sur la question des caricatures et des réactions qu'elles provoquent dans le monde musulman, je rappelle que si la liberté d'expression est un des fondements de la République, celle-ci repose également sur les valeurs de tolérance et de respect de toutes les croyances.
Tout ce qui peut blesser les convictions d'autrui, en particulier les convictions religieuses, doit être évité. La liberté d'expression doit s'exercer dans un esprit de responsabilité. Je condamne toutes les provocations manifestes, susceptibles d'attiser dangereusement les passions.
Je condamne également toutes les violences perpétrées contre les ressortissants ou représentations étrangères où que ce soit dans le monde et je rappelle que, conformément au droit international, les gouvernements sont responsables de la sécurité des personnes et des biens étrangers installés sur leur territoire. Par ailleurs, je demande au Gouvernement d'être particulièrement vigilant sur la sécurité de nos ressortissants à l'étranger."