Nos élus se targuent d'être de grands ambitieux. Sans blague ! Mais en un quart de siècle, personne, de cette majorité là à celles qui l'ont précédée, personne n'a eu l'ambition suffisante pour le site de la Société-Française et encore moins d'imagination. De projets fous en écran de fumée, de reculades en abandons, le site de la Société-Française est définitivement voué au banal. Une architecture de ce type aurait inspiré plus d'un élu ambitieux, qui, à défaut du rail ou de la route, aurait pu offrir ses lettres de noblesse à une ville en mal de reconnaissance. Mais pas à Vierzon. Car à Vierzon, il faut être au ras des pâquerettes, dans le pratique, dans le faisable, au risque d'être définitivement ennuyeux.
Quand une municipalité hisse au rang de réalisation qui compte pour elle, la création d'une zone industrielle qui mord la forêt et artificialise les prairies; quand elle crâne avec une vaste place minérale et une vague de béton qui sert de rampe pour les skateurs, effectivement, mérite-t-elle le site de la Société-Française où, vingt-cinq ans après sa fermeture, ne résonne que le vide d'un manque cruel de vision. Imaginer une vie singulière à ce site, dès 2008 (puisque la municipalité précédente ne l'avait pas fait) aurait pu être le projet d'une vie et d'une ville. Au lieu de ça, on case dans l'ancienne Case des projets opportunistes indexés sur le cours de la subvention d'Etat.
Pas de rêve, pas d'ambition, pas d'idées originales, non. Rien de tout cela en rayon. Mais une capacité à mobiliser 3,5 millions d'euros pour y loger un bowling, en payant le mezzanine, le chauffage et le reste sans penser qu'on pourrait faire autre chose. Et là, on va mobiliser 3,2 millions d'euros pour un campus numérique incertain et un dépôt d'archives d'archéologues. Quelle ambition !
La vaste esplanade n'a jamais trouvé son public parce qu'aucun élu n'a voulu réfléchir à l'usage qu'on en ferait. On fait pour faire, pour faire joli sur les plaquettes électorales. Le site de la Française reste un poids mort alors qu'il est un atout indéniable pour une ville comme Vierzon. Mais une plateforme logistique de 88.000 mètres carrés fait beaucoup rêver nos élus qu'une architecture industrielle pour laquelle tout reste à inventer. Les mêmes travers. Les mêmes non-rêves. Le même manque de grandeur.
Le site de la Française aurait dû être restitué aux Vierzonnais. On le leur vole. Le débat d'une halle pour en faire un marché couvert n'est même pas arrivé aux oreilles des élus. Qui sait ce qu'ils décideront d'en faire, pour boucher les trous, pour dire regardez, on a rempli le site de la Française mais en matière de création, zéro. Ce lieu est magique, il aurait pu être le cœur de cette ville, ce cœur que Vierzon cherche depuis 1937 et la fusion des quatre communes. La seule ambition, c'est un nouveau magasin en centre-ville, un Aldi route de Neuvy, une boulangerie Feuillette à côté, le bétonnage des prairies. On se demande s'il n'aurait pas fallu mettre un coup de pelleteuse à tout ça, y faire un vaste parking avec un supermarché puisqu'apparemment, l'imagination s'arrête là.