Le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, évitera donc Vierzon, ce samedi alors qu'il devait se rendre au commissariat pour y annoncer d'ailleurs de bonnes nouvelles. Mais, explique-t-il dans la presse locale, "je regrette l’attitude du maire de Vierzon (Nicolas Sansu, PCF). Je ne viens pas à Vierzon demain (aujourd’hui, NDLR) car il a refusé de me recevoir en mairie avec la députée." Le ministre oui, mais sans la députée, mise de côté depuis qu'elle a battu le maire de Vierzon aux dernières législatives. Et il parait que c'est l'opposition municipale qui est mauvaise perdante. Vierzon n'est pas une terre de cirque pour rien avec ses nez rouges.
Le ministre de l'intérieur porte un regard sévère sur l'attitude du maire de Vierzon, lit-on encore dans la presse : "au moment où nous essayons de mettre des effectifs en plus, où j’allais dire que j’étais tout à fait prêt à regarder l’investissement autour du commissariat de police, son attitude est peu républicaine. Je vois comment il se comporte dans les visites ministérielles, ses propos tenus sur les réseaux sociaux." Le "bal des débutantes" pour qualifier la venue de trois secrétaires d'Etat féminines à Vierzon ne passe pas.
On pensait que le communisme à l'ancienne avait vécu. Mais Vierzon le cultive, mieux, cette ville le ressuscite avec plus d'acuité encore qu'au bon vieux temps du stalinisme. Manque Fernandel dans le tableau, on a déjà Pépone. La section du PCF se vante même sur les réseaux sociaux d'avoir fait peur au ministre en voulant organiser une manifestation parce qu'il avait dit à Marine Le Pen qu'elle était trop molle... Les camarades ont le sens des priorités populaires. Qui en regardant de plus près ont des traits populistes.
Le maire de Vierzon se défend dans la presse : "Il ne faut pas qu’il mette cela sur le dos du maire. Il ne voulait simplement pas venir car une manifestation était prévue. Il m’accuse d’en être l’instigateur. " Ah bon ? Ecrire que "ce grand bal ne fasse pas de dissonance avec la chaleur des Vierzonnaises et Vierzonnais qui savent accueillir avec un peu de flonflons et de trompettes voire même un peu de mégaphone", ce n'est pas inciter à manifester, bien sûr que non !
Aux dernières municipales, le maire de Vierzon, devant les caméras de France 3, annonçait pourtant à un fidèle compagnon de route dépité par ce qu'il venait d'entendre qu'il allait sans doute devoir demander l'investiture de la République en Marche et, voilà qu'un an plus tard, l'ex Macron-compatible, élu avec un faible nombre de voix montre aux Vierzonnais que son seul souci, ce n'est pas les effectifs de la police ou un commissariat neuf, non c'est de torpiller les initiatives de la députée.
Pourtant, n'en déplaise aux élus de la majorité qui ont perdu leur langue et surtout toute liberté de s'exprimer librement vu le mutisme bruyant dont ils font preuve, "Mme la députée Essayan a porte ouverte dans mon bureau. Elle a réussi à obtenir ces effectifs supplémentaires pour la police de Vierzon. Et je vais travailler avec elle pour pouvoir financer le nouveau commissariat de police de Vierzon", souligne le ministre de l'intérieur. C'est vrai que maintenant, difficile de faire de la récupération politique avec le commissariat e les effectifs. Il reste le commerce, le campus numérique, les 300 emplois de la future plateforme géante au parc technologique et d'autres projets rendus possibles avec les subventions de l'Etat. Si les policiers n'avaient pas besoin d'un commissariat, tout autant que des effectifs, on pourrait rire de ces chicaneries de cour de récré. Mais, ce genre de numéro est l'ADN de cette ville depuis des décennies comme les nids de poule sont l'ADN de la voirie vierzonnaise.
A Bourges, qui est aussi une ville passée à gauche aux dernières municipales, le maire socialiste est dans les petits papiers du ministre de l'intérieur : "je constate que M. Galut (maire PS de Bourges), qui n’est pas un soutien de la majorité, a une attitude plus républicaine et discute avec le gouvernement." Dommage qu'à Vierzon, les initiatives étrangères à celles de la municipalité ne comptent pas. C'est pour la politique comme pour le reste : Vierzon est la propriété privée d'un Parti, lui-même de plus en plus privé d'influence, qui refuse le partage.
"À Vierzon, on a des partenariats efficaces en direct avec le gouvernement, les agences et les services de l’État. Je ne veux pas que quelqu’un interfère là-dedans." Surtout pour la récolte des lauriers, même si le maire explique ne pas vouloir se présenter aux prochaines législatives. Peut-être qu'une défaite suffit, deux ce serait de la gourmandise.
Reste que le plus important c'est que le commissariat gagne cinq effectifs pour maintenir la BAC de jour et l'inscription de la construction du commissariat (6 millions d'euros). Dommage qu'une municipalité qui représente 3.591 votants sur 18.046 inscrits sur un total de 26.000 habitants n'ait pas plus d'humilité. Mais ce n'est pas pour rien que cette année, nous aurons droit à un festival intitulé "Vierzon, belle et rebelle". Disons qu'il faut être en phase avec sa communication. T'as voulu voir Vierzon... Même pas en fait.