L'association de la Mémoire industrielle et agricole du pays de Vierzon, le Cercle historique, les Amis du Musée, les Amis du Vieux-Vierzon, autant d'associations qui, à Vierzon, devraient œuvrer pour le patrimoine. Devraient, car le combat n'est pas inscrit dans leurs gênes. Aucune association ne monte au créneau pour défendre le site de la Société-Française. On aurait pu penser qu'avec l'abandon du projet de construction d'une auberge de jeunesse dans le B3, les associations seraient montées au créneau pour réclamer un musée digne de ce nom, même pas. Silence radio. Morne plaine.
Pour être indépendantes, et dire ce qu'elles ont à dire, les associations du patrimoine devraient-elles refuser les subventions municipales ? Il est étonnant qu'en 2021, les Amis du Musée continuent d'acheter des objets du patrimoine vierzonnais et ne se demandent pas comment les montrer au public en dehors qu'ne photos ? Et surtout, à quoi sert cette collecte s'il n'existe aucun endroit pour les exposer ? Il est difficile aussi d'admettre que le musée tel qu'il est aujourd'hui puisse contenter les associations et leurs membres. La Mémoire industrielle est toujours reléguée dans un local qui fuit. Depuis plus de 25 ans, l'association créée pour l'ouverture d'un musée à Vierzon ronge son frein dans son coin. On peut se demander à quoi sert sa collection si c'est pour ne pas être vu. Ou organiser un rassemblement tous les deux ans. La belle affaire.
A Vierzon, oser dire ce qu'on pense, c'est s'opposer. C'est du moins ce qu'on veut faire croire pour éviter toute tentation d'expression libre. Or, les associations du patrimoine ne peuvent pas se contenter de vivre dans leur routine associative. A un moment donné, elles doivent s'engager, se positionner, affirmer leurs envies. Ou disparaître. Comment l'association des Amis du musée peut-elle continuer à faire comme si de rien n'était ? Comment la Mémoire industrielle qui représente le fleuron de cette ville peut-elle rester aussi muette ? Ailleurs, il y a longtemps qu'une manif de tracteurs sur l'Esplanade auraient éveillé les esprits. Et nos élus ne pourraient pas aller contre, eux qui cultivent avec soin l'art de la manifestation... Mais pas contre eux bien sûr, on a parfaitement compris.
Nous sommes en 2021. La Case a fermé il y a 25 ans. Et à part un tracteur sur l'esplanade de la Française et un petit musée qui ne reflète pas les ambitions d'une ville qui a tant compté dans l'espace agricole et industrielle de la France, le patrimoine de Vierzon est caché sous le tapis. La grande histoire comme la petite, du moins celle qui ne sert pas des ambitions politiciennes, doit être rendue aux Vierzonnais. On pourrait baptiser la passerelle de la gare Charles Aznavour (c'est là qu'il a rencontré sa première femme), mais aussi parler de Régine Desforges, de Charles Trénet, de Patrick Raynal, d'Antoine de Saint-Exupéry. Vierzon cherche à se démarquer, elle a tout pour le faire et ne fait rien.
On espère un sursaut des associations du patrimoine qui, fut un temps, s'étaient liguées entre elles pour contrer les affirmations d'une historienne qui défendait l'idée que Vierzon était Avaricum et non pas Bourges. On aimerait une même union pour le patrimoine vierzonnais et pour la création, dans le B3 de la Française, d'un vrai musée à la hauteur du passé vierzonnais. Vu la taille de l'office de tourisme, on a de la marge !