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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Vierzon, ville de tous les paradoxes !

Publié par vierzonitude sur 12 Mai 2021, 08:47am

Vierzon, ville de tous les paradoxes !

Ce n'est pas facile à tenir, une ligne politique. Chaque jour charrie ses exemples à Vierzon, ville de gauche, le détail est important.  Et on empile à vitesse grand V des paradoxes...

Ainsi, nous fait-on la leçon sur les méfaits du capitalisme dont un parti (nous ne citerons pas son nom afin de ne pas être taxé d'anticommunisme primaire) en fait le diable incarné tout en nous expliquant, quand ça l'arrange pour implanter une plateforme géante, qu'il n'est pas l'ennemi de l'environnement et de l'écologie. 

Dans le même temps, on nous explique que la spéculation financière est le mal absolu mais on tente de se refaire une image sur le dos d'une entreprise numérique qui connaît un succès fou grâce à la spéculation du bitcoin. Certes, aucun bitcoin ne sort des ateliers vierzonnais mais les portefeuilles électroniques censées les protéger, oui.

Encore dans le même temps, on fait voter des motions sur le service public qui doit être maintenu absolument, parce que le public est l'essence même de la société. Mais on bâtit un projet dans le B3 de la Société Française sur le futur succès d'une école privée qui demande à ses élèves de s'endetter à hauteur de plusieurs dizaines de milliers d'euros pour un cursus de plusieurs années. Et, puisque les regards énamourés envers le grand capital ne suffit pas, on vante même le succès de Xavier Niel, milliardaire devenu l'icône d'une gauche radicale qui veut une meilleure répartition des richesses en caressant les vedettes du CAC 40, dont Véolia, à qui on construit un siège social.

Ce n'est pas fini. Un élu régional peste contre les casiers Amazon dans les gares mais le même élu qui est aussi adjoint oublie de pester en juin 2019 contre ces mêmes casiers installés à la gare de Vierzon. Mais surtout, cet élu nous explique qu'Amazon détruit le petit commerce de proximité, grassement subventionné par l'Etat pour que les centres-villes ne meurent pas dès lors qu'il a voté pour le projet Virtuo, cette plateforme géante sur le parc technologique qui devrait accueillir un géant du e.commerce., et donc ennemi comme les casiers Amazon, du commerce de proximité...

Ajoutons que, d'un côté, en effet, le commerce de proximité reprend vie grâce aux subsides de l'Etat et que de l'autre, on accorde, dans un silence étouffant, des permis de construire en périphérie, sous prétexte, nous explique-t-on que les clients du centre-ville ne sont pas les mêmes que ceux de la périphérie. Il est plus facile de se rebeller contre la SNCF qui veut installer des casiers Amazon dans les gares que contre la construction d'un Aldi, d'un Feuillette ou d'un Burger King en périphérie. Des élus de l'opposition et de la majorité se sont élevés contre ce projet, dommage qu'il n'ait pas fait l'objet d'un débat au conseil et de plus d'acharnement de ses détracteurs...

Ajoutons, pour le plaisir, qu'un élu ayant voté pour la vente de la maison de Célestin Gérard à un privé par la ville s'est dit intéressé par l'option proposée par des citoyens de créer une SCI "citoyenne" afin que cette maison reste dans le domaine public. Mais alors, pourquoi ne pas montrer son désaccord au lieu de voter comme un mouton ?

Et les élections départementales. Plutôt que de laisser les deux cantons de Vierzon aux candidats communistes et les quatre cantons de Vierzon  aux candidats socialistes, ,pourquoi ne pas avoir décidé de présenter des binômes mixtes : un candidat socialiste et un candidat communiste ? Parce qu'en faisant ses comptes, il y aurait eu trop de candidats communistes potentiellement élus au goût de la gauche socialiste. Donc, on prive les électeurs des cantons de Vierzon de pouvoir voter socialiste comme on prive les électeurs des cantons de Bourges de pouvoir voter communiste. On impose aux électeurs un arrangement dont ils sont les dindons.

Ne manque plus que la ville décide d'équiper le parc automobile municipale de Tesla, de payer la cantine en bitcoin et on aura fait le tour des paradoxes. Rendez-vous au prochain. Il ne saurait tarder.

 

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Vierzon-sur-Mer

Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?

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