Il y a longtemps qu'à Vierzon, le patrimoine n'est plus un combat. Mais un enterrement de première classe. Anesthésiées par les subventions municipales, les associations qui devraient jouer de défense du patrimoine, se taisent. Elles ronronnent. Mais ne défendent rien. Depuis un quart de siècle, le B3 vit au dépend des opportunités, qui s'en plaint ? Le tracteur est vivant partout ailleurs sauf à Vierzon, qui s'en plaint ? Le musée est un empilement de ce qui se trouve dans les cartons municipales, qui s'en plaint ? Les fours à globe s'écroulent, la promesse d'une travée pour les tracteurs aux calendes grecques, qui s'en plaint ?
Il faut que la patrimoine possède un sens politique pour qu'il ait une chance de vivre. La preuve : l'anniversaire de la Commune a entraîné la création d'un parcours cycliste dans toutes les rues qui portent un nom de communard. Mais les petites histoires vierzonnaises tout le monde d'en fout. Régines Desforges, Antoine de Saint-Exupéry, Charles Aznavour, Charles Trénet et son éditeur de disques, on en passe et de bien meilleurs, on s'en fout.
L'histoire vierzonnaise est d'une richesse inouïe mais l'originalité n'est pas au pouvoir, ici. On ne reviendra pas sur Jacques Brel, après tout, il y a une place, ça suffit. Comme la municipalité n'a pas obtenu son musée des luttes sociales, elle se contente de son petit musée. Les tracteurs, le machinisme agricole ? Oublié tout ça, trop vieux !
Le B3 ? Des centaines d'étudiants vont l'investir, pas de place pour la poussière. Peu à peu, le passé vierzonnais justement se recouvre d'une épaisse couche de poussière. Les associations continuent leur train-train. On l'a vu pour l'épisode de la maison de Célestin Gérard en vente par la ville. Surtout, ne pas prendre position. Ne rien dire. Continuer son petit travail dans l'ombre dès lors que le patrimoine aurait tout intérêt à sortir de l'ombre. Et ce ne sont pas les journées qui y seront consacrées bientôt qui changeront quoi que ce soit.