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Chez Verneuil, place du Mail...
Publié par vierzonitude
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15 Août 2023, 05:10am
C’était un vélo de cross jaune, en exposition, rue Voltaire, dans la vitrine de chez Verneuil, réparations mobylettes et de vélos. Place du Mail, il y avait les ateliers. Rue Voltaire, le magasin d’exposition.
Je n’ai jamais vraiment eu de désir profond pour un vélo. Mes parents m’en avaient offert un rouge, sur lequel ma mère m’a appris à pédaler. Plus tard, ma sœur m’a offert un vélo de course blanc d’occasion avec lequel j’ai réalisé une chute mémorable rue du Champ-Anet. Puis il y avait ce vélo de cross jaune chez Verneuil devant lequel j’ai bavé pendant des semaines et des semaines, parce que ma mère m’avait promis de me l’acheter, sans doute lorsque l’argent serait réuni pour le faire.
Pour patienter, j’avais découpé la photo de mon futur vélo et je le regardais autant de fois que cela me chantait. Mais je sentais aussi le brûlure de l’impatience au creux de mon ventre. Jamais je n’aurai pensé prétendre à un tel vélo.
Et je ne sais pas combien de fois j’ai pu le regarder dans sa vitrine. Mon frère, dix ans mon aîné, n’avait pas encore dépassé le stade de la Mob, et pour, l’un de ses copains travaillait chez Verneuil, au doux surnom de l’Envahisseur, je vous laisse deviner la raison. Biberonné aux 103 (orange et bleu), aux guidons rapprochés que l’on ne pouvait pas y mettre le poing, j’ai pourtant jeté mon dévolu sur un vélo de cross jaune.
Une belle bête sur laquelle je me voyais déjà, dans ma cour ou sur le chemin qi longeait le Cher et qui me menait jusqu’au jardin de mon père. Jamais je n’avais désiré un objet de cette façon, mais jamais je n’avais éprouvé une telle frustration entre l’instant de la promesse faite par ma mère et l’instant où je le posséderai. Mais ce que je ne savais pas encore, c’est que jamais, jamais je n’aurai ce vélo. Pour la simple raison que mon oncle, (le chef du rayon boucherie de Monoprix), m’a fait la surprise de m’offrir la… Mobylette (verte) dont ma cousine ne se servait plus. En quelques instants, le vélo jaune de chez Verneuil a repris sa place dans la vitrine du quotidien, je suis monté sur la Mobylette verte et j’ai entamé une longue séquence de passion pour ce genre de deux roues. J’avais désormais un point commun avec mon père.
hez Verneuil, place du Mail.
C’était un vélo de cross jaune, en exposition, rue Voltaire, dans la vitrine de chez Verneuil, réparations mobylettes et de vélos. Place du Mail, il y avait les ateliers. Rue Voltaire, le magasin d’exposition. Je n’ai jamais vraiment eu de désir profond pour un vélo. Mes parents m’en avaient offert un rouge, sur lequel ma mère m’a appris à pédaler. Plus tard, ma sœur m’a offert un vélo de course blanc d’occasion avec lequel j’ai réalisé une chute mémorable rue du Champ-Anet. Puis il y avait ce vélo de cross jaune chez Verneuil devant lequel j’ai bavé pendant des semaines et des semaines, parce que ma mère m’avait promis de me l’acheter, sans doute lorsque l’argent serait réuni pour le faire.
Pour patienter, j’avais découpé la photo de mon futur vélo et je le regardais autant de fois que cela me chantait. Mais je sentais aussi le brûlure de l’impatience au creux de mon ventre. Jamais je n’aurai pensé prétendre à un tel vélo. Et je ne sais pas combien de fois j’ai pu le regarder dans sa vitrine. Mon frère, dix ans mon aîné, n’avait pas encore dépassé le stade de la Mob, et pour, l’un de ses copains travaillait chez Verneuil, au doux surnom de l’Envahisseur, je vous laisse deviner la raison. Biberonné aux 103 (orange et bleu), aux guidons rapprochés que l’on ne pouvait pas y mettre le poing, j’ai pourtant jeté mon dévolu sur un vélo de cross jaune.
Une belle bête sur laquelle je me voyais déjà, dans ma cour ou sur le chemin qi longeait le Cher et qui me menait jusqu’au jardin de mon père. Jamais je n’avais désiré un objet de cette façon, mais jamais je n’avais éprouvé une telle frustration entre l’instant de la promesse faite par ma mère et l’instant où je le posséderai. Mais ce que je ne savais pas encore, c’est que jamais, jamais je n’aurai ce vélo. Pour la simple raison que mon oncle, (le chef du rayon boucherie de Monoprix), m’a fait la surprise de m’offrir la… Mobylette (verte) dont ma cousine ne se servait plus. En quelques instants, le vélo jaune de chez Verneuil a repris sa place dans la vitrine du quotidien, je suis monté sur la Mobylette verte et j’ai entamé une longue séquence de passion pour ce genre de deux roues. J’avais désormais un point commun avec mon père.
"L'envahisseur" oui j'en ai connu un, sans doute le même. Les surnoms de l'époque valaient leurs pesant d'or , en vrac: "4 Cylindres", "Bison futé", "Tête d'ampoule", "Cul de sel" ...
Le phare de l'île Saint-Esprit enfonce son regard oblique dans le ciel rond. L'estran met l'île Marie à portée de terre. Le temps d'une marée basse, elle s'attache au continent dans le ronronnement doux de la mer qui revient. De là où s'effrite le sable, Vierzon jette ses dernières lumières dans la bataille de la nuit. Au petit jour, le Bistrot du port déversera ses cales de croissants tièdes sur les habitués de la Renverse, le bateau du père Seb, le premier à sortir, le dernier à rentrer. Le zinc tanné par les manches des cirés jaunes bavarde ses silences imposés : parfois, dans le bistrot salé, il faut faire place au silence pour mieux veiller aux récits. Le café se remplit chaque heure d'une houle synthétique, fait d'humains en partance, en revenance, entre deux horaires. Il y a la crème des commerçants, le dessus du panier des marins-pêcheurs, la haute société retraitée qui confond les larmes et les embruns, pour ce qu'elles ont de souvenirs iodés à retenir dans les filets. Plus loin, près de la capitainerie, la butte de Sion jette un regard circulaire sur l'ensemble de la ville. Elle ressemble, en ce matin d'été, à l'idéal que l'on se fait du bonheur transversal : entre l'impression d'être ancrée ici tout en étant ailleurs. C'est sûr que la mer aimante ce qu'elle touche. C'est sûr que la mer déverse, sur le sillon des fins reliefs, la preuve que sans elle, Vierzon ne serait pas Vierzon. Le marché fourmille, sur les places centrales. Le soleil, déjà chaud, est à marée haute. Une trace de vent raye l'air lourd à porter. Les bistrots sont accoudés à la curiosité de la foule : c'est étonnant comme les terrasses s'étalent, comme elles semblent animées de l'électricité marine qui, une fois coupée, c'est sûr, rend la mer plate comme une rue piétonne. L'étrange idée qu'on se fait d'être ici n'est rien à côté de cette formidable idée d'y être née. La mer a son industrie propre et son économie personnelle. Vierzon sans la mer aurait ressemblé à ces villes moyennes punaisées au centre de la France sans qu'aucun grain de sable ne déborde de son destin. C'est étonnant d'être d'un continent tout en étant relié à la mer, cette faculté d'être à la fois le solide et le liquide, de défier les loirs de la transparence. J'allonge un pas décidé vers les rues que je préfère, les deux-trois cafés où sont sanglés les derniers secrets du jour et qui m'attendent, comme autant de valises à emporter. Plus on s'éloigne du port, dans le ventre de la ville, plus la ville durcit son statut de ville. Plus on s'enfonce dans la terre, plus la terre vous admet. Entre les rives et la tonitruante cité de l'arrière-ville, deux mondes s'affrontes. Ils étaient quatre jadis, quand la ville éclatée en quatre entités distinctes, se disputaient son destin. Quand plus tard, par raison, la ville a noué ses quatre communes indépendantes, chacune d'entre elles a gardé sa ligne d'eau, ses aspects, son nom, sa façon d'être. Etre de Vierzon ne signifie pas être à Vierzon, mais des Forges, de Villages, de Ville ou de Bourgneuf. Les quatre quartiers bruissent pourtant des vagues qui reviennent, je les entends galoper, pour remettre à niveau, la mer avec la terre. Pour remettre l'île Marie dans sa façon d'être une île. Je suis à la terrasse du café « T'as voulu voir... » Brel y a laissé une dédicace amoureuse. Si Vierzon avait la mer, serait-ce encore Vierzon ou une façon d'être Vierzon ?
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