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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Thibault Lhonneur : on a bon espoir qu’ici, l’investiture soit confiée à des insoumi.e.s.

Publié par vierzonitude sur 27 Avril 2022, 18:54pm

Thibault Lhonneur, conseiller municipal la France Insoumise au conseil municipal de Vierzon est aussi le producteur du documentaire Debout les femmes qui a été nommé aux derniers Césars. C'est aussi un militant très impliqué qui a fait du porte à porte aux dernières présidentielles pour que les Vierzonnais s'inscrivent sur les listes électorales.

Très impliqué dans la campagne de Jean-Luc Mélenchon, il le sera aussi dans celle des législatives avec une équation un peu singulière : avec les verts, la France insoumise est contre e projet Virtuo de plateforme logistique, plateformes que Jean-Luc Mélenchon veut interdire. Mais alors comment le maire de Vierzon s'il est candidat LFI pourra-t-on continuer à défendre ce projet ? C'est cette question entre autres que Vierzonitude a posé à Thibault Lhonneur.

Thibault Lhonneur : on a bon espoir qu’ici, l’investiture soit confiée à des insoumi.e.s.

Pour vous, la déception est grande, après les présidentielles. Jean-Luc Mélenchon, premier ministre, vous y croyez ?

Déjà, un grand merci de nous donner la parole. On a le sentiment, à tort ou à raison, que toute la campagne que l’on a menée ici n’a pas été assez visible. Et pourtant, depuis septembre, on n’a pas arrêté :

- On a rencontré plus d’une trentaine de maires pour obtenir des parrainages,
- On a réalisé des porte-à-porte dans tous les quartiers de Vierzon, un peu à Mehun-sur-Yèvre,
- On a, avec des moyens dérisoires, inscrit plusieurs dizaines de personnes sur les listes électorales
- On a organisé des réunions publiques, avec des succès certes parfois relatifs, dans tout le territoire : Allouis, Nançay, Saint-Florent-sur-Cher et Vierzon.
- On a interpellé publiquement les maires de toute la deuxième circonscription pour qu’elles et ils mettent des moyens humains pour inscrire des gens sur les listes électorales, sans obtenir de réponse.
- Et surtout, surtout, on a réussi malgré tout, à obtenir un score important au soir du premier tour sur notre territoire.
Cette liste fait un peu catalogue, c’est vrai.
Mais ça dit tout de l’engagement qu’est le nôtre ici : faire avec les gens, pour les gens, par les gens.

Donc, oui, à l’échelle nationale la déception demeure : on est bien conscient que l’inversion des calendriers électoraux consacre la présidentielle qui passe peu à peu au stade du couronnement, au détriment de l’élection. On a, en revanche, à l’échelle locale, le sentiment d’une action militante réussie, exigeante et honnête, dans la droite ligne de ce que Jean-Luc Mélenchon tentait de faire partout.

Maintenant le troisième tour arrive, les législatives : et oui, on y croit. Déjà parce que le succès d’Emmanuel Macron est plus disputé qu’en 2017, ensuite parce qu’on va continuer à se battre et à faire vivre l’espoir d’un succès possible à toutes celles et tous ceux qui souffrent de la politique d’Emmanuel Macron, et la liste est longue.

 

Le Rassemblement national n'a jamais été aussi haut, à Vierzon, qu'est-ce ce score vous inspire ?

Depuis combien de temps ne parvient-on plus à nous adresser aux gens d’ici ? Et même, à incarner la vie des gens d’ici ? Quand on regarde à l’échelle nationale, il y a une carte du Monde de l’évolution des scores entre 2017 et 2022, et clairement, on a perdu une bataille culturelle dans la « diagonale du vide ». Ce que l’on a réussi à faire dans les quartiers populaires, les centres urbains, les métropoles, on n’est pas parvenu à la faire dans la ruralité et dans les moyennes et petites villes, ou trop peu.

Ce constat pouvait être à peu près le même en 2017, quand on regarde à la loupe, mais le fossé était moins grand. Et Vierzon ne fait malheureusement plus exception.

Vous savez, je ne crois pas aux histoires de bastion. C’est un concept érodé, datant du siècle passé. Soit on fait de la politique et on essaie d’emmener les gens avec nous, soit on fait carrière et dans ce cas-là, on devient gestionnaire. Remettons-nous au boulot, retournons voir les gens là où ils sont, essayons de retisser des liens de confiance, que les gens s’habituent à nous voir, devant leur porte. Allons reconquérir les fâchés pas fachos qui ne nous ont pas vu comme une source d’espoir, comme un moyen d’apaiser leur colère.
Et on verra, si dans 5 ans, le score du Rassemblement National est aussi haut.

 

Vierzon a finalement offert la première place à Macron au second tour, après avoir mis Le Pen en tête au premier, mais dans les villes communistes de la couronne vierzonnaise, Le Pen est en tête et très haut, comment expliquez- vous cela ?

La colère des gens est grande. Et les attaques méprisantes de Macron pendant son premier quinquennat ont laissé des traces. Et des changements vécus comme injustes, à raison, par les habitants de la France périphérique : le passage du 80km/h sur les nationales, les nouvelles normes pour les contrôles techniques, l’augmentation du prix de l’essence, du gaz, de l’électricité, le sentiment d’un fossé gigantesque entre les élites métropolitaines et les campagnes, ou encore l’absence et la disparition des services publics.

Tout cela crée des ressentiments profonds, durables, et le vote est un moyen de l’exprimer, quand, en parallèle, tous les autres ont échoué. Vierzon résiste mais franchement, comme à l’échelle national, l’écart se resserre…

 

Le maire de Vierzon a officialisé sa candidature aux législatives. Est-ce que cela veut dire qu'il sera aussi le candidat de la France Insoumise ?

Cela veut dire tout simplement qu’il est candidat. Et je m’en réjouis : les législatives sont des élections particulières qui ne demandent pas de moyens humains et financiers gigantesques pour se présenter et c’est alors le moment où beaucoup de personnes peuvent candidater, c’est la démocratie qui en profite.

J’espère que d’autres candidatures émergeront, c’est vital pour la démocratie. En 2017, j’étais le directeur de campagne d’Eric Coquerel. On a gagné alors qu’il y avait 21 candidatures ! Et du PS, du PCF, d’EELV, du NPA, de LO, et d’autres encore. Et ce, avec un ancrage local naissant. Ce qui compte avant tout, c’est la dynamique.

Pour l’heure, la France Insoumise n’a investi personne, sinon des chef.fes de file qui ont pour mission d’animer la campagne des législatives. Et on a commencé ce mardi en retournant inscrire des gens sur les listes électorales (pour info, on a jusqu’au 4 mai en ligne et au 6 mai en mairie, faites-le !). Deux nouvelles personnes qui n’ont pas pu voter aux présidentielles pourront désormais le faire aux législatives !

On attend le résultat des négociations nationales. On a bon espoir qu’ici, l’investiture soit confiée à des insoumi.e.s. Au regard du score, de la dynamique, du travail effectué, ce serait une suite logique.

On a vu apparaître une affiche de campagne vous représentant avec une autre Vierzonnaise en candidat potentiel pour les législatives. Provocation ou impatience ?

Je suis toujours impatient, et chez moi, c’est un moteur l’impatience. C’est parce que j’étais impatient d’avoir des masques que l’on s’est mis à en faire en mars 2020.
Et franchement, oui, je suis impatient qu’on reparte convaincre les gens de se déplacer aux urnes parce que je crois sincèrement que la politique peut changer la vie du plus grand nombre et surtout de celles et ceux pour qui la loi est le seul chemin d’émancipation et de
protection.

Donc, cette affiche, c’est pour dire tout ça : on est là, on incarne ces combats, avec Pascale. Et avec tous les militantes et militants de la France Insoumise qui se donnent tant de mal pour qu’enfin, un autre monde arrive.

Le maire de Vierzon peut-il être le candidat de LFI et des Verts quand on connaît votre désaccord sur le projet de plateforme logistique au parc technologique de Sologne ?

Je ne suis pas au fait des négociations nationales, j’ignore tout du processus mais c’est évident que si Nicolas Sansu devient le candidat unique de l’Union Populaire alors il faudra un rééquilibrage immédiat sur la politique municipale et communautaire en faveur de
l’écologie. Il faudra également revoir collectivement qui est à la tête de cette mairie.

Je ne vois pas comment le projet Virtuo peut aboutir ici, alors qu’en même temps, le candidat défendra un programme pour l’arrêt de ces plateformes ! Que se passera-t-il si Jean-Luc Mélenchon devient Premier Ministre et qu’une loi pour l’arrêt de ces plateformes est votée par le député Nicolas Sansu ?

Pour l’heure, le processus suit sans doute son cours. Le match n’est pas joué : la candidature de Pascale et moi, comme celle de nos amis d’EELV ou du NPA sont tout aussi valables. On verra dans quelle configuration l’Union Populaire choisira de défendre ses chances ici. Nous, on est prêt à aller jusqu’à la victoire.

 

Pensez-vous sincèrement qu'un seul candidat puisse incarner toute la gauche (P.S, PCF, Insoumis, Verts etc.) quand on connaît toutes les différences qui vous séparent ?

Les conditions proposées par Jean-Luc Mélenchon sont claires : l’engagement pour les législatives devra se faire sur la base du programme de l’Avenir en Commun. Nous, on est à l’aise pour le défendre. Dans son intégralité.

 

Vous repartez en campagne pour les inscriptions sur les listes électorales. Est-ce un vrai problème à Vierzon ?

On a repris ce mardi soir oui. On était 4, et souvent, on a le sentiment de vider l’océan à la petite cuillère tant la tâche est immense.
Donc oui, c’est un problème. Majeur.
Ne nous trompons pas : celles et ceux qui ne sont pas inscrits, ce sont des gens qui théoriquement, pourraient voter pour nos idées. De cette situation, tout le monde est perdant. Mais ce n’est pas le seul souci : beaucoup de gens ne connaissent pas l’emplacement de leur bureau de vote ! On a mis des affichettes à l’entrée de certains immeubles pour que les gens s’y retrouvent avant le 1 er tour des présidentielles, mais ça ne suffit pas. On a contacté la mairie pour qu’ils mettent un outil en ligne comme celui qui existe à Bourges. Comme ça n’a pas l’air de trop avancer, on va le faire nous-mêmes, avec un copain. Vous voyez, l’impatience…

 

Et que vous disent les gens qui ne sont pas inscrits ?

Souvent, l’échange est bref.
Ils ne veulent pas, ne veulent plus. Je perçois une colère froide : parfois la porte qui claque en dit plus que tous les longs discours. A nous de faire en sorte qu’après 3 ou 4 visites, la porte reste entrouverte, que la résignation légitime devienne une écoute attentive.

 

Vous qui sillonnez Vierzon de porte en porte, quelles sont les problèmes des Vierzonnais ?

Sont-ils différents de ceux d’ailleurs ? J’en sais rien… Je me rappelle d’une fille d’une vingtaine d’années que l’on n’a pas réussi à convaincre de s’inscrire avant le 4 mars dernier. Elle est auxiliaire de vie sociale auprès des personnes âgées et pendant l’échange, elle affirmait que pour elle, il n’y avait aucun espoir. Petit salaire, boulot précaire, logement dans un immeuble qui fait la tronche. Elle incarnait à elle seul tous les problèmes que l’on constate dans ces visites. Son visage ne m’a pas quitté : on retournera la voir ce vendredi.
 

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P
2640 ???? Pour "aimez moi les uns les autres"????<br /> Comme quoi tout le monde peut se tromper.
Répondre

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