Ce n'est pas l'aiguille creuse d'Etretat, la mer, ici, est partie depuis longtemps. Ce n'est pas l'aiguille de la pendule qui passe en demandant "quel art est-il ?" Ce n'est pas non plus le chas de la mère Michel. Ce n'est peut-être rien, qu'un bouquet d'aiguilles dans la nuit qui, posé là, cherche lui-même sa définition. Sans doute, reconnaitra-t-on l'aiguille des couturières vierzonnaises, des employées des confections, des fées du textile. Ma mère était ajoureuse, elle me disait toujours qu'elle faisait des jours, quel beau métier de faire des jours, ces broderies à fil tiré qui ornait le bord des draps.
Ou ce sont juste des aiguilles géantes qui font face à ce lieu qui transpire l'histoire, ce lieu abandonné, sans fonction depuis sa fermeture, ce lieu qui sent encore le bruit de ses habitants. Quelle tristesse, finalement, ce lieu clos, aveugle, sourd, muet, ce lieu qui, désormais, et de fil en aiguille, court vers sa propre perte. Il y avait tant ici et que reste-t-il, si ce n'est le carrefour de tous les vides imaginables. Et ces aiguilles, qui ont le mérite, au moins, on peut le leur accorder, de briser la ligne de fuite d'un espace qui va tout droit vers sa propre destruction. L'art est inutile. C'est en cela qu'il peut exister. Ce lieu ne l'est pas. C'est en cela qu'il va mourir.