Juillet 1980. Les festivaliers sont furax. Pulsar 80 vient d'exploser dans un nuage de fumée, de gaz lacrymo, de vitrines brisées. Vierzon ne s'en remettra jamais.
Quarante-quatre ans plus tard, il traumatisme habite toujours le cortex reptilien des Vierzonnais. Pulsar 80, c'est une folie douce, un festival grandiose qui devait détrôner le Printemps de Bourges naissant. Pulsar est né dans la tête de folkeux, un groupe de potes sous la bannière La Ravenelle.
Avec l'aide de la ville, ils concoctent un programme de fou, avec les vedettes du moment. La place de la République où se tient l'actuel Forum est hérissé d'un immense chapiteau. La pelouse le long de l'Yèvre se pointillent de toiles de tentes. Les festivaliers ont flairé la bonne affaire, jamais Vierzon n'avait connu une telle programmation.
La presse locale, Le Berry et la NR, avaient largement participé à la promotion de Pulsar, sans oublier d'émettre quelques réserves et quelques interrogations. Le gentil monstre devait dépoussiérer Vierzon la laborieuse et après ça, elle n'aurait jamais été pareille.
Sauf que Pulsar ne va pas jusqu'au bout. Dès le premier soir, toute la naïveté des organisateurs et l'instinct des requins du show-biz de l'époque se mélangent dans un cocktail détonnant.
Le premier jour, déjà, Pulsar est mort. Un premier concert est annulé et, en cascade, les problèmes de fric, comme le disait Libération, vont savonner la planche musicale jusqu'au chaos. La météo s'emmêle, il pleut le premier jour.
Pourtant, les festivaliers sont là, les Vierzonnais sceptiques finissent par se laisser embarquer. L'enthousiasme est de courte durée. On ne va pas ici, repasser les responsabilités des uns et des autres, il y a bien sûr prescription.
Toutefois, les festivaliers ont flairé l'arnaque, ils renversent la billetterie, y mettent le feu, le chapiteau aussi s'embrase. Les règlements de compte entre organisateurs et élus sont diffusés dans les hauts parleurs de la ville.
L'amertume flotte sur l'Yèvre : les mannequins d'un magasin de robes de mariés y flottent. La police charge, interpelle, tente de ramener l'ordre dans la ville. Pulsar 80 devait propulser Vierzon dans les étoiles, elle sombre dans les catacombes d'une illusion : les organisateurs ont eu les yeux plus grands que le ventre.
Pendant des décennies, Vierzon n'aura plus la folie des grandeurs. Le festival avorté a laissé des traces indélébiles : un festivalier mutilé, des millions de dégâts, une réputation dans le caniveau, des démêlés juridiques jusqu'au milieu des années 1990, des procès, des amnisties.
Tandis que le Printemps de Bourges bâtissait la réputation de la Préfecture, Pulsar 80 descendait celle de Vierzon.
Un festivalier, plus amer que les autres, avait alors laissé cette pancarte : Vierzon, piège à cons. Pulsar 80 fait partie de l'histoire de Vierzon qu'on n'aime pas trop raconter, aime-t-on les fiascos ? Non. Un jour peut-être, un festivals aussi ambitieux que Pulsar viendra peut-être effacer l'affront. Qui sait.
R.B.
Témoignage : Pulsar 80, un grand moment dans ma vie - Vierzonitude
Nous avons reçu le témoignage d'une festivalière à propos de Pulsar 80. "J'ai été touché qu'il y ait encore une trace de ce qui fut le seul grand festival de France, jamais égalé au niveau...
http://www.vierzonitude.fr/temoignage-pulsar-80-un-grand-moment-dans-ma-vie.html