Si Nicolas Sansu, ex-maire de Vierzon, député sortant, candidat communiste, représentant du Nouveau front Populaire, est élu dimanche soir face au candidat Rassemblement national, pourra-t-il prétendre n'être seulement qu'un membre communiste du NFP ?
Fera-t-il comme en 2012 où élu seul au deuxième tour, après le désistement de la candidate socialiste car moins bien placée que lui, c'est-à-dire piétiner la cause qui l'a fait élire pour rejoindre l'opposition au président François Hollande alors que des socialistes de l'époque avaient sans aucun doute voté pour lui.
Sa rivale, Nadia Essayan du Modem et de la majorité présidentielle qui l'a battue en 2017 avant d'être battue à son tour par le même en 2022, était la suppléante du candidat Ensemble. Sorti troisième des urnes, il s'est désisté en faveur du candidat Nicolas Sansu. Si ce dernier est élu, comment pourra-t-il ne défendre uniquement que les positions uniques de son parti politique en ayant bénéficié des voix de partis adverses ?
Si le Front républicain a les vertus d'empêcher le R.N de posséder une majorité à l'Assemblée nationale, dimanche 7 juillet, il rétrécit le choix des électeurs qui, naturellement, ne se retrouvent pas dans le candidat qui reste. Et que peut-il donner comme gage aux électeurs qui ne sont pas d'accord avec lui mais qui voteront quand même pour lui ?
Cette logique vaut pour les candidats de la première et de la troisième circonscription du Cher à qui, un maire-adjoint socialiste a apporté son soutient en demandant aux socialistes justement de voter pour eux. Mais hormis faire barrage au R.N, est-ce que cette seule occurrence est un programme politique ? Est-ce que les candidats élus grâce à ces désistements peuvent conserver leur étiquette originelle ?
Car une fois à l'Assemblée nationale, il n'existe chez eux plus aucune trace du non-choix des électeurs et ils agissent comme s'ils avaient été élus par leur seul camp. C'est cela qui risque de brouiller la bonne volonté des électeurs d'un camp ou d'un autre obligé de voter pour un candidat qu'ils n'ont pas choisi.
Le 7 au soir, chacun reprendra ses places et l'électeur aura peut-être en lui le sens du devoir accompli mais son vote aura servi à élire quelqu'un qui ne défendra pas ses idées. C'est tout le paradoxe de cette situation inextricable : l'électeur doit faire des concessions et mettre ses idéaux de ôté, ce que l'on ne demande pas aux députés élus dans de telles circonstances. Et apparemment, c'est loin d'être terminé.