Que l'on soit très clair, ici : Vierzonitude se réjouit de la non-élection d'un député Rassemblement national dans la deuxième circonscription du Cher, d'ailleurs, il n'a jamais été question d'une autre volonté, malgré l'interprétation erronée de certaines et de certains. Ceux-là pensaient, à tort, que les critiques adressées à la gauche signifiait une adhésion à l'extrême droite. Mais peu importe.
L'essentiel est là : aucun R.N dans le Cher. Sauf qu'il est important de ne pas s'arrêter à cette simple victoire, l'arbre de la victoire cache une forêt de problèmes.
D'abord l'écart de voix : 519 entre le candidat NFP et le candidat RN. C'est peu. Ensuite, c'est dans la deuxième circonscription que le R.N a le plus progressé au second tour avec une participation en hausse par rapport au premier tour, presque trois mille voix supplémentaires.
Moins de dix communes sur 47 que compte la circonscription ont mis en tête le candidat du Nouveau Front Populaire. Les villes ont voté Nicolas Sansu, la campagne l'a massivement rejeté. Une mobilisation des Vierzonnais a permis de creuser l'écart de voix entre le R.N et le NFP à 1.282 suffrages de différence pour la gauche. Seulement 124 voix séparaient le R.N de la gauche, en faveur de cette dernière, au premier tour.
Surtout, le Rassemblement national s'est enraciné dans 37 communes sur 47, du Vierzonnais et de la circonscription, avec des scores faramineux, plus de 60 voire 70% pour l'extrême droite. Y compris les communes gérées par des maires de gauche comme Thénioux, Foëcy ou encore Dampierre en Graçay.
L'élection de l'ex maire de Vierzon, répétons le, est une très bonne nouvelle. Mais elle n'exclut pas non plus toute critique. Pas question, comme on le voit déjà, de s'agenouiller devant un totem ou, sous prétexte que la gauche a gagné devant le R.N, signé un chèque en blanc. Et s'exclamer d'admiration à chaque fois que le député fera un geste.
Ce que la gauche a reproché à Macron et avant lui à Chirac, quand les deux hommes ont été élus grâce à des voix qui ne leur étaient destinées à l'origine, mais essentielles pour faire barrage à l'extrême droite, ne doit pas faire comme si l'élection a été un vote d'adhésion sur toute la ligne.
Or, que lit-on dans le Berry, de la part de l'ex maire de Vierzon : "des sujets réels questionnent les électeurs mais ils se font avoir par des sujets comme l'insécurité qui n'existent que sur C News et BFM".
Déjà, le député à peine réélu se moque de ses électeurs et estime qu'un sujet qui n'est pas pris au sérieux par sa propre personne, n'est pas un vrai sujet. Voilà le souci auquel nous allons devoir faire face : le mépris qui n'est malheureusement n'est pas une exception.
Sauf que la campagne, comme nous le disions, a massivement rejeté sa candidature. Et qu'il est bien temps aujourd'hui, comme il l'ajoute dans sa réaction, de ne pas vouloir faire "de la politique de la même manière". Pourquoi avoir attendu alors ?
Ajoutons enfin que cette victoire, dans la deuxième circonscription, est la plus serrée des trois, c'est-à-dire que l'écart entre le R.N et le NFP est le plus mince. Cela aussi veut dire quelque chose et il y a à craindre que la manière d'avoir été élu soit vite balayée au profit d'une seule vérité au-dessus de tout : la défaite du R.N.
Sauf qu'à la lecture fouillée des résultats, il y a une succession de défaites qui a nourri cette victoire. Et pas question de les passer sous silence, au prétexte d'avoir écarté un danger politique qu'est le R.N. Cela ne suffit pas à bâtir une politique. Nous y regarderons de très près.