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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Rendez-vous à la boite à lettres

Publié par vierzonitude sur 29 Juillet 2024, 11:43am

Rendez-vous à la boite à lettres

Rendez-vous à la boite à lettres. Le totem jaune a disparu quand la place Foch s'est pavée, un besoin irrépressible de changer de rêvetement. Les masses foncières de la place n'ont pas tellement bougé depuis les années 1980 mais le point fixe de rendez-vous a disparu. 

Il n'y a plus de rendez-vous possibles, plus de ralliement des uns et des autres autour du symbole de la Poste. C'est là que, collégien, j'attendais d'autres collégiens pour grimper la rue Joffre, en direction du collège Notre-Dame. Ne me demandez pas pourquoi ma mère avait décidé de me mettre dans un établissement privé, je n'ai toujours pas la réponse.

Mais la boite à lettres, place Foch, rassemblait les points cardinaux d'où venaient les copains et les copines. Certains, en avance, s'y appuyaient, d'autres ne la touchaient jamais, une sorte de rituel s'exerçait autour. Elle était le repère immuable des petits matins de cours, des après-midi de cours, des fin d'après-midi après les cours. 

La place exerçait une magie particulière, le samedi surtout, le marché hebdomadaire s'y dépliait jusque tard dans la journée. Je me souviens d'un marchand de portefeuilles et d'objets en cuir qui avait toute sa richesse dans une valise. Il la laissait toute la semaine, au café de l'Union et prenait son train ensuite pour Paris.

La place Foch ouvrait encore ses bras aux commerces mythiques qui balisaient nos balades. Impossible de rater, à gauche, Sivry, ex-La Belle Jardinière, un magasin sur deux étages tenu par la famille Jeanclos. Il faisait écho à un autre grand magasin, au fond, visible de la place Foch, Jeanne d'Arc, rue de la République. 

La place n'avait pas encore de pavés, mais le bitume nous suffisait. En fait, pour être franc, nous n'y faisions pas attention, le sol aurait pu être de la terre battue, l'essentiel n'était pas là. La place était la pièce d'un vaste puzzle que nous défaisions autant que nous le recomposions. Elle était notre environnement, notre quotidien, nous-mêmes.

L'attraction véritable, c'était l'heure de nos rendez-vous, du groupe qui grossissait, le matin, avec l'arrivée d'autres, la montée de la rue Joffre, pas encore piétonne, occupée par des commerces dont je ne me rappelle même plus les noms.

En haut, le samedi, le marché s'étirait place du Marché au Blé, un courant ascendant faisait grimper les Vierzonnais du bas de la place Foch jusqu'en haut de la rue Joffre, ce courant maintenait une météo favorable au-dessus du quartier avant que tout s'arrête et que la sècheresse commerciale ne ratatine la rue, ne la rétrécisse et menace de la faire disparaître.

Retour place Foch. Regardez à gauche : les chaussures Manceau​ (et les chaussures Monassier rue Joffre). LE magasin de chaussures sortait ses rayons sur les trottoirs, c'est là que ma mère, parfois me chaussaient, me déchaussaient, me rechaussaient. Le commerce n'a jamais été remplacé comme d'autres, il alimentait ce foisonnement d'enseignes qui, petit à petit, a rétréci. Il faudrait presque planter un panneau, en souvenir des rendez-vous qu'on se donnait ici. Presque parce que le temps s'en fout un peu. De nous comme de tous les autres.

R.B.

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