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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Du haut de la tour de la cité Gustave Flourens

Publié par vierzonitude sur 2 Août 2024, 13:50pm

Du haut de la tour de la cité Gustave Flourens

Elle domine encore le quartier. Mais dans quelques mois, la tour de la cité Gustave Flourens, un dirigeant méconnu du mouvement communard, va tomber. Elle sera en dessous du niveau de la voûte de Saint-Martin, c'est dire si son règne, un règne de plus de soixante ans, va s'achever dans l'humiliation.

Au tout début des années 1960, (comme je l'ai précédemment écrit), Vierzon est boulimique de logements neufs. Alors, la ville se hérisse de tours, de barres, de cités, d'utopie foncière, de confort devenu, par l'ironie du temps, inconfortable. 

L'image est douce, non ? Elle tente, par la force des choses, de récréer à la verticale, la nonchalance horizontale d'un petit village, on y vit en groupe, en ligie, en procession, comme le chantait Jean Ferrat, l'égérie contestataire qui a fait les beaux jours des premiers mai vierzonnais, dans une voiture sono en tête de cortège. 

La cité Gustave Flourens étend son influence, au pied de la voûte.
Pour parer l'afflux de population, à cet endroit, sur une faible surface, une école voit le jour, l'école Parmentier. Elle est sur le palier de la tour, sur les pas de porte de la barre, incurvée comme un écran, une invention des décennies plus tard. 

Le tout sonne comme une victoire, à l'époque le béton est synonyme d'expansion, il doit appâter les nouveaux arrivants. Il y a des garages pour les voitures, au pied de la tour, des surfaces commerciales, une épicerie. Il ne manque plus que le bistrot et l'église et voilà un joli petit village, d'une autre dimension, d'une autre matière, mais tout de même.

C'est propre, c'est droit, c'est finalement, vu d'ici, pas désagréable du tout. Les enfants ont leurs chambres, les parents aussi. La vue de la tour ne chatouille ni l'océan, ni la montagne, pas de ça à Vierzon, mais le soleil baigne les balcons, passe à travers les fenêtres, et au regard de certains baraquements, toujours debout, dans certains quartiers de la ville, ici, c'est idyllique. Pour parer les arêtres strictes, l'architecte a mis des courbes. 

La tour a enfanté des habitants pendant plusieurs décennies, les uns venaient, d'autres partaient, dans un croisement incessant de destins, de vies mêlées. On y faisait société, comme partout où des gens sont rassemblés pour vivre, en fait. C'était le cas ici, à Sellier, Colombier, Clos du Roy, au Désert... 

Jusqu'aux turpitudes de l'époque, jusqu'à l'inflation du mal-être. Vivre au-dessus des autres n'était plus le rêve absolu. La verticalité avait prouvé ses limites, l'horizontalité était synonyme d'une autre forme de bonheur : un jardinet, une cour, un espace à soi, personne à gauche, à droite, dessus, dessous.

La tour s'est vidée, jusqu'à son inexorable abandon. La barre, incurvée, moins haute, a le droit de traverser le temps. Ripolinée, arrangée, modernisée, isolée du froid et de la chaleur, elle est finalement ressuscitée. 

Elle ne tombera pas, sa voisine, en revanche, qui abrite le vide constellé de pigeons, est en sursis. Elle va tomber, au début de l'année prochaine, comme une défaite du béton sur l'émancipation humaine. Les rêves ont pris d'autres formes. L'épicerie avait disparu, elle est revenue, un temps, mais sans succès non plus. Nul doute que la tour a laissé de bons souvenirs, de très bons même qui s'envoleront avec la poussière. 

Avant de retomber pour former l'histoire des lieux.

R.B.

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C
Je me demande si ceux qui décident de baptiser telle ou telle rue ou tel ou tel bâtiment se renseignent parfois sur l'heureux élu. En l'espèce, le communard qu'était Gustave FLOURENS est l'auteur d'un livre nommé "Histoire de l'homme", un livre que n'aurait pas renié Adolf HITLER et son ami de la fin des années 30 Joseph STALINE...
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