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Vierzonitude

Le blog que personne ne lit... mais dont tout le monde parle


Vierzon, Vierzon, deux minutes d'arrêt

Publié par vierzonitude sur 9 Août 2024, 20:55pm

Vierzon, Vierzon, deux minutes d'arrêt

Les trains ont enfanté des générations de cheminots, des tonnes de transhumance, on dit qu'à Vierzon, il existait un endroit particulier où chaque homme du rail venu de tous les coins de France plantaient un arbre en arrivant à Vierzon. Il y a tellement de légendes autour du train et des rails qu'on ne sait plus où commence l'histoire vraie et où finit la légende.

Vierzon, Vierzon, deux minutes d'arrêt. Pour un oncle normand, bâti justement comme une armoire de là-bas, Vierzon fut un destin : aiguilleur, c'est ici qu'il est venu travailler en quittant sa Normandie natale. Avant lui, mon père, orphelin très tôt, tout autant normand, est arrivé à Vierzon en 1937, dans les valises de sa soeur aînée, mariée à un verrier. Autre métier, autre destination vierzonnaise. 

Il existe ainsi des communautés de destin qui se retrouvent au même endroit, dans ce que l'on ne peut pas appeler le hasard. Le train est un trait d'union qui a servi de passage à tant d'hommes et de femmes. On dit que Célestin Gérard, le fondateur du machinisme agricole de Vierzon, s'est installé entre la gare naissante et le canal de Berry, il avait flairé la bonne affaire.

On dit aussi que c'est à la faveur d'un arrêt prolongé à Vierzon qu'un homme est descendu en centre-ville et y créa le magasin A la belle jardinière devenu Sivry beaucoup plus tard. On dit aussi que Jean Marais a fait halte à Vierzon pendant la guerre, il y reviendra plus tard pour un mariage à la mairie et encore plus tard avec Madeleine Sologne au cinéma. Des scènes du film Le jour et l'heure ont été tournées en gare de Vierzon.

On dit, on dit, on dit mais il n'y a qu'à regarder Vierzon pour voir de quelle façon le rail l'a façonnée. Je me souviens encore des "plaintes" des trains de la gare de triage de Fay quand les cheminots composaient les convois, le claquement des wagons entre eux. La gare de triage est devenu un immense fantôme avec ses nombreux faisceaux. 

Il y a dans l'âme de cette ville, le partage discret des départs et des retours, des correspondances, des minutes dans la salle des pas perdus. Et le Buffet de la gare, avec son long comptoir, pour attendre l'annonce qui brisait l'attente. Le pont de Toulouse rendu nécessaire à cause de l'élargissement des voies. Et le pont de l'Alouette dont la traversée dure vingt-et-un jours, creusé dans la glaise de Sologne pour éviter les terres d'un riche propriétaire.

Le rail est un fourmillement permament ici. La gare et ses multiples transformations, le pont de Toulouse rendu nécessaire avec l'élargissement des voies, la gare des Forges qu'on oublie souvent, le fantasme du TGV qui n'est jamais venu véritablement à Vierzon, la légende humaine de Raymond Laumonier, chef du dépôt qui, pièces après pièces, a pu, à force de persistance, avoir un musée à lui, pas aussi ambitieux que l'histoire ferroviaire de Vierzon le réclame. 

On y voit entre autres la casquette du cheminot Laumonier traversé par une balle allemande pendant la seconde guerre mondiale. La résistance, les bombardements du dépôt, les locos à vapeur, les Micheline, les Corail, la loco Juliette aux Crêles...

Enfin, les bistrots cheminots, Café de l'avenir, café du dépôt, café des gueules noires, La Renaissance entre autres, sont nés dans le sillage du chemin de fer, le quartier Gustave Flourens en est profondément marqué. Résumer le rail à Vierzon est un exercice forcément ingrat tant il charrie des oublis multiples. Depuis le milieu du XIXè siècle, le rail a nourri cette ville, sur l'axe Paris-Toulouse et Nantes-Lyon. 

On ne sait toujours pas qui en doit le plus à l'autre.

R.B.

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