En septembre 2020, nous avions réalisé cet interview qui est toujours autant d'actualité avec Dominique Thaens, l'un des piliers de l'association de la Mémoire industrielle et agricole du pays de Vierzon qui fête cette année ses trente ans d'existence.
Dans le cadre des Journées du patrimoine qui se tiendront samedi 21 et dimanche 22 septembre, nous publions des extraits de ces moments de vérité toujours d'actualité à Vierzon.
Vingt-cinq ans (trente ans maintenant) après la fermeture de Case, et hormis un tracteur sur l'esplanade, les engins agricoles fabriqués à Vierzon sont toujours aussi invisibles. Déçu ?
Oui, je suis déçu que l'on ne considère pas plus la fabrication industrielle du pays de Vierzon, de ne pas la mettre en valeur, ne pas reconnaître le travail accompli de nos anciens qui ont donné leur sueur, voir leur santé, dans toutes les usines de fer, de verre et de construction de toutes sortes. Pour moi, c'est un devoir de mémoire. Mais il y a quand même sept tracteurs à l'espace muséal, c'est mieux que rien du tout et un sur l'esplanade.
Est-ce que selon vous, un musée du machinisme agricole serait ringard et utopiste ?
Je ne pense pas que ce soit ringard, un musée du machinisme agricole. Vierzon, une des premières villes industrielles et agricoles, se doit d'avoir un musée, pour aller de l'avant. Il faut aussi savoir regarder dans le rétroviseur, se rappeler d'où l'on vient, c'est important. Il y a vraiment une demande, qui peut-être complémentaire avec toutes les activités proposées à Vierzon et alentour en matière touristique, et bientôt le canal à vélo. Tous les visiteurs de patrimoine sont étonnés qu'il n'y ait pas un vrai musée du tracteur Vierzon.
Parfois, ne perdez vous pas courage face à toutes ces promesses non tenues ?
Non, il ne faut pas perdre courage, face aux promesses, un jour, nous aurons bien des personnes en face de nous qui comprendrons l'intérêt d'avoir un musée du tracteur à Vierzon, tout comme un marché couvert qui auront toutes places dans le B3. Ce serait un bel ensemble.
Est-ce que les collectionneurs et le public avec qui vous avez des contacts sont surpris de ce manque d'intérêt vierzonnais pour son propre patrimoine ?
Dans mon environnement de collectionneurs, les gens ne sont pas surpris. Une grande majorité est issue du monde agricole et vu ce que l'on porte comme intérêt au monde rural, actuellement. Le coq fait du bruit, les animaux de la ferme ont des odeurs. Alors les vieux tracteurs, je n'en parle même pas...
Sérieusement, vous n'avez jamais pensé à jeter l'éponge ?
Jeter l'éponge jamais. Je viens du monde agricole et des embûches, dans ce métier, bous en avez toute votre carrière. Donc, il faut toujours être tenace, ne pas baisser les bras. Les collectionneurs ne se laissent pas impressionner par toutes ces belles paroles. Ils ont une piqûre de SFV dans les veines ! Donc musée ou pas, il y a une vraie affection pour ce tracteur. Quand ils viennent à Vierzon, pour eux, c'est venir à la Mecque du SFV. Dommage qu'ils ne sont pas accueillis dans un lieu digne de ce nom.