Le clown n'a pas de nez rouge, ni des chaussures immenses, ni de fleur au veston qui crache de l'eau au visage. Pourtant le clown fait sourire et rire. Sascha est celui-là qui incarne l'instant léger, la rigolade, la joie qui permet de cimenter les spectateurs entre eux dans une construction collective.
Le clown n'est pas que le clown, il incarne comme l'ensemble de l'équipe, plusieurs personnages en un. Il est aux manettes de la préparation, il est aux cuisines, il est en salle, il est dans sa loge, face à son miroir, son faux nez dans la main, son crayon dans une autre pour accentuer le regard.
Il endosse plusieurs vies, comme plusieurs costumes, il n'y a pas d'habitude dans ses gestes, mais une facilité déconcertante de passer d'un rôle à l'autre, de servir les plats chauds et de servir la philosophie du clown un peu plu tard. Tout est tissé entre eux, pas besoin de mots en trop, les rouages sont si huilées, que tout est fluide.
Il y a l'instant où le gâteau au chocolat, en salle, tombe sur son plastron et l'instant d'après où, dans l'obscurité derrière la scène, il mange, son gâteau sur le pouce. L'instant où quelques douleurs se rappellent à lui mais qu'il doit enjamber parce qu'il doit faire le show. Il y a tout cela à la fois, le lot des artistes du National Palace qui combinent petites mains et grand talent.
Le clown n'est jamais triste, détrompez-vous. Il est le miroir de nos propres âmes. C'est l'avantage de l'artiste.